Déroutant. Le calendrier du Championnat national de football ne cesse de connaître des bouleversements qui ont fini par rendre délicat le simple fait de suivre le programme de la compétition. En matière de maladresses, on ne peut pas s'attendre à pire. Avec le brouhaha ayant caractérisé la programmation de la onzième journée qui devait intégrer le RC Kouba comme 17ème équipe de la division une, nos instances viennent de franchir le Rubicon. Ceux qui ont la responsabilité d'assurer un déroulement régulier et serein des compétitions nationales ne peuvent plus reparler d'un championnat à blanc, le thème qu'ils ont imposé avant le coup d'envoi de la saison footballistique. Désormais, le Championnat national porte bien une couleur. Le noir. Jamais le public sportif algérien n'a assisté à un feuilleton de ce genre, fait d'une succession de communiqués dont la portée du second annule celle du premier. Cette fois-ci plusieurs parties se disputent le titre du héros du scénario. La décision du ministre d'annuler le nouveau calendrier élaboré par la Ligue nationale de football est venue consacrer l'état de déliquescence dans lequel évoluent ces instances. S'il faut admettre que le point d'ordre de la tutelle ne manque pas d'à-propos dans la mesure où il est de nature à éviter aux acteurs du football une confusion supplémentaire, il ne faut pas perdre de vue cependant que le ministère a étrangement laissé les choses atteindre le pourrissement. Pour rappel le cas du RC Kouba ne date pas d'aujourd'hui, sa genèse remonte à cinq mois plus tôt. Même si l'on peut attribuer des points positifs au MJS dont la finalité de l'intervention est d'évacuer la tension du week-end -des présidents de club avaient haussé le ton de la désapprobation envers la Ligue-, il n'en demeure pas moins vrai que cette intervention a péché manifestement par son inadaptation au contexte. La réunion à laquelle ont été conviés mercredi dernier les présidents de club par la tutelle devait plutôt avoir lieu au début de la saison afin d'aplanir tous les problèmes et les contentieux qui infectent jusqu'au delirium le monde du football en perte de repères. Il est difficile de ne pas voir dans la réaction musclée de certains présidents l'intention de discréditer davantage une Fédération de football et une Ligue nationale qui s'affaiblissent pourtant par elles-mêmes. Il est aussi difficile de ne pas lire, à travers l'inhabituelle disponibilité du personnel sportif national à répondre à toute offre de réunion, un besoin de visibilité pour pouvoir se positionner du côté du puissant en perspective des prochaines assemblées électives. Dans cet environnement marqué par la faiblesse des instances appuyée par l'opiniâtreté des hommes à défendre des intérêts étroits, le produit ne peut être que médiocre. Le football, dit sport roi, avance en Algérie selon un calendrier établi par des aveugles. A. Y.