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Un constat d'échec et des comptes à rendre
Evolution des nouvelles technologies en Algérie
Publié dans La Tribune le 28 - 09 - 2012


Photo : M. Hacène
Par Younès Djama
Invités dernièrement d'un quotidien national, des experts en Tic (technologies de l'information et de la communication), ont dressé un état des lieux sans appel de l'évolution des nouvelles technologies en Algérie. Ils qualifient volontiers d' «effets d'annonce» les innombrables projets annoncés en grande pompe par les pouvoirs publics, sans aucune concrétisation sur le terrain. «L'Algérie est à la traine dans le secteur des TIC, alors que nous étions un pays précurseur dans le lancement de cette technologie en Afrique», assène Younès Grar, consultant en TIC. Il soutient que l'Algérie demeure encore au stade des annonces «et nous ne faisons rien». Deux cas de figure illustrent cet état de fait : le projet ‘'Ousratic'' (un ordinateur pour chaque foyer) et l'introduction de la 3G dans la téléphonie mobile. Le premier exemple cité traine en longueur depuis 2005, date de son lancement. Ledit projet accuse un retard de deux ans, puisque le gouvernement avait fixé 2010 comme échéance pour sa concrétisation. En 2012, le taux d'achèvement de l'opération n'est que de 10% avec à la clé moins d'un million de citoyens disposant d'un ordinateur (les autorités tablaient sur 6 millions). L'opération Ousratic II n'a pas connu meilleur sort.

Impéritie du gouvernement
Concernant l'introduction de la téléphonie 3e génération (appelée communément 3G), le projet n'a toujours pas vu le jour, alors que l'Algérie demeure l'un des rares pays où cette nouvelle technologie n'est pas utilisée. Le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la Communication (Mptic), Moussa Benhamadi, multiplient les annonces et avancent des dates, mais à ce jour rien n'a été fait pour ce projet. En visite de travail dans la wilaya d'El Tarf en janvier dernier, M. Benhamadi avait déclaré que le report lié à la mise en œuvre de cette technologie était dû à l'impréparation de l'un des trois opérateurs de téléphonie mobile activant sur le marché national, en l'occurrence Orascom télécom Algérie (OTA) de son nom commercial Djezzy, en raison d'une situation administrative et financière instable consécutivement à son rachat par le Russe Vimpelcom. Quelque temps après, l'«écueil» Djezzy ayant été surmonté- le gouvernement arguant que le processus sera entamé y compris sans la filiale du Russe Vimpelcom-, le chemin était définitivement balisé pour la mise en marche de la 3G. Mais c'était sans compter sur l'impéritie des gouvernants. Le 18 septembre dernier, à la surprise générale, le Mptic fait une sortie fracassante après des semaines d'hibernation- Benhamadi ayant entre temps été limogé par le président de la République avant de se voir reconduit dans la nouvelle équipe de Sellal-, pour annoncer la relance du processus mais, cette fois et fait nouveau, avec trois options pour sa réalisation, alors qu'il était question d'une seule seulement. Les experts voient dans cette annonce une manière de retarder l'entame du processus en raison des enjeux qui y sont liés. Le processus de la 3G est pour le moins anecdotique. En effet, en mai 2010, le gouvernement algérien avait décidé de lancer un appel d'offres pour l'octroi de la licence 4G à la fin de l'année 2010(sic) avec la possibilité d'ouverture vers un quatrième opérateur. Une année après, on annonce le lancement du cahier des charges de la… 3 G pour la fin 2011, avec une mise en service prévue pour début 2012. «L'appel d'offres de la 3G a bien été lancé cette fois-ci. Mais, il se trouve qu'il a été retiré sans qu'on sache trop pourquoi. Fait-on du surplace ?» s'interrogeait fin 2011, Ali Kahlane (in N'TIC n°60 / Novembre 2011). Le président de l'Association algérienne des services internet (Aafsi), dresse un tableau des plus sombres sur l'état d'évolution des TIC en Algérie. «Si l'on croit les statistiques de l'UIT (Union international des télécommunications), de la Banque mondiale ainsi que les classements des différents observatoires des TIC à l'échelle mondiale, nous sommes parmi les derniers dans toutes les matières et, pire encore, nous doublons et redoublons en aggravant notre score, d'année en année, pour nous rapprocher encore plus du dernier du classement!»

A défaut d'acte, l'Etat multiplie les échéances
Dans la foulée de ses innombrables «projets», l'Etat prévoit dans son nouveau plan d'action de ramener le nombre d'abonnés à la connexion Adsl (haut et très haut débit), à plus de 3 millions (2 millions en y ajoutant les 1,2 million actuellement raccordés). Le gouvernement affirme poursuivre ses efforts pour connecter toutes les communes et les agglomérations secondaires de plus de 1 000 habitants au réseau national de fibre optique et augmenter les capacités d'accès au téléphone et à Internet. L'Algérie peut se consoler de figurer parmi les sept pays de la région du monde arabe (Algérie, Arabie saoudite, Comores, Egypte, Maroc, Oman et Qatar) qui ont progressé dans le domaine des TIC, si l'on croit le rapport de l'Union internationale des télécommunications (UIT) présenté lors du sommet sur la connectivité du monde arabe à Doha (Qatar) en mars 2012.


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