Beaucoup de travail attend Moussa Benhamadi qui revient à son poste de ministre de la Poste et des Technologies de l'Information et de la Communication (MPTIC). Deux années, depuis son installation en juin 2010, se sont écoulées sans que la tutelle n'apporte de véritables changements au secteur. Deux années venues boucler un statuquo d'une décennie, depuis la vente de la 1ère licence de téléphonie mobile en Algérie. Le retour de Moussa Benhamadi à son poste, après une éclipse de trois mois, suite aux élections législatives de mai 2012, devrait s'accompagner d'un programme aussi chargé que déterminant pour secouer la stagnation apparente du secteur et assurer l'avènement d'une véritable "société de l'information". Les promesses faites par au moins trois des ministres de la PTIC, dont l'actuel, sont restées lettre morte. Le lancement de la téléphonie mobile 4G, annoncée par Hamid Bessalah, ou de la 3G, un dossier sur lequel semble patiner le département de Benhamadi depuis une année, se fait attendre, non sans conséquences. Le retard pris pour le lancement de l'Internet mobile (de 3e ou 4e génération) est pénalisant à plus d'un titre. D'abord il ne permet pas d'ouvrir de nouveaux horizons à la téléphonie mobile, désormais classique car axée essentiellement sur la partie voix, et qui est arrivée à saturation après plus de dix années d'ouverture. Ensuite, ce retard met un frein à la demande de mobilité et de haut débit dans l'accès à Internet, de plus en plus exprimée par les usagers. Ce retard pénalise aussi le marché des smartphones (téléphones intelligents) dont la raison d'être est la connexion à l'Internet haut débit (de plusieurs Mégaoctets), et non pas à une vitesse de 128 Kbps actuellement servie par les trois opérateurs. A l'ère Benhamadi, le dossier de la 3G traine depuis au moins une année. Reporté plusieurs fois depuis septembre 2011, suspendu au règlement de l'affaire Djezzy, puis avec une promesse non tenue, à ce jour, de le libérer d'ici fin 2012. Sans qu'aucun calendrier définitif ne soit fermement établi et assumé, les usagers comme les professionnels qui attendent l'avènement de cette technologie ne savent plus à qui se fier. "Ousratic II" fait du surplace et la nouvelle loi des télécoms se fait attendre La téléphonie 3G ou 4G n'est pas le seul dossier sur lequel le MPTIC n'arrive pas à engager sérieusement. Les projets "Ousratic II" et la nouvelle loi des postes et télécommunications n'ont toujours pas abouti. "Ousratic II", lancé au 4e trimestre 2011, est encore au stade des balbutiements. Censée être une nouvelle formule pour rattraper les ratés de la première, lancée par l'ancien ministre du secteur, Boudjemaa Haichour, elle ne semble pas emballer les acteurs concernés (les fournisseurs d'équipements et les banques pour le financement). Pour rappel, dans une première étape, "Ousratic II" devrait toucher un public restreint de bénéficiaires, à savoir le corps enseignant et les étudiants, en matériel informatique et connexion Internet haut débit. Quant à la nouvelle loi des télécommunications, annoncée en janvier 2012 par le ministre, dans un entretien au Quotidien d'Oran-Maghreb Emergent, le retard de son adoption a d'importantes implications sur le secteur. Et pour cause, les révisions prévues devraient permettre, selon les explications fournies par Benhamadi, d'ouvrir davantage les télécommunications aux acteurs privés. Pour rappel, le projet de révision prévoit, le dégroupage de la boucle locale d'Algérie Télécom, «qui est essentiel si nous voulons booster la concurrence et donner la possibilité à d'autres acteurs de venir investir sur la boucle locale pour offrir des services à haute valeur ajoutée», selon les propos du ministre dans l'entretien cité. Il est également prévu d'établie un «réseau mobile virtuel (MVNO)» qui permettra à Algérie Poste de générer des revenus supplémentaires et à des acteurs privés désireux d'offrir des services de téléphonie mobile. Le nouveau texte prévoit aussi «d'aller vers le commerce électronique et l'ouverture du marché du e-paiement, le payement mobile», comme l'avait souligné Benhamadi. Tous ces retards et ces atermoiements ne permettent pas d'accélérer l'usage des TIC ni au niveau des entreprises, de l'école, de l'administration, ni au sein de la société, et encore moins d'impulser le "développement de l'économie fondée sur le savoir" comme stipulé dans le plan e-Algérie.