Les cours du pétrole ont grimpé de quelque 30% au cours des trois derniers mois, une dynamique des marchés liée en partie à la sécurité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Libye). Mais ce n'est pas tout, les mesures de relance monétaire décidées dans des pays consommateurs comme les Etats-Unis ou la Chine sont également pour quelque chose dans l'évolution des prix des matières premières, actuellement. Alors qu'il valait moins de 90 dollars en juin denier, le baril de Brent de Mer du Nord se situe autour de 114 dollars actuellement, un prix bien supérieur au coût de production dans la plupart des zones d'extraction des hydrocarbures qui risque de nuire à l'activité économique, mondiale, selon des spécialistes. Cette tendance arrange-t-elle les économies des pays pétroliers, à commencer par ceux de l'Opep ? La majorité des pays de l'Opep s'accorde sur des cours autour de cent dollars. Pas tout à fait. Pour certains, l'Arabie saoudite manœuvre en sous-main, dans le but de faire baisser les cours du pétrole et les ramener dans des proportions «raisonnables», selon elle. L'Arabie saoudite pompe autour de dix millions de barils par jour et la production de l'ensemble de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole va augmenter dans les prochains mois. Le niveau des prix est actuellement acceptable pour la majorité des pays de l'Opep. Et, par majorité, il faut comprendre la totalité des pays, à l'exception d'un ou deux (pays). Elément d'analyse important cependant : l'anticipation, pour les deux mois à venir et jusqu'à l'année prochaine, c'est que la production hors-Opep augmentera aussi, que ce soit en Amérique du Nord, en Mer Caspienne, en Irak ou ailleurs, c'est une donnée que l'Opep ne maîtrise pas. Les pays non Opep exportent à volonté, sans tenir compte de l'équilibre des marchés, tirant souvent profit des décisions prises par l'Opep. L'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, donne toujours le ton, en répondant à la demande de ses clients, en réajustant sa production. S'il n'y a plus de demande, elle sera satisfaite. Aujourd'hui, la demande mondiale en pétrole ralentit à cause des difficultés économiques, notamment en Europe, mais, les marchés pétroliers demeurent généralement équilibrés, il n'y a pas de pénurie d'offre. Pour 2013, l'organisation pétrolière table sur une demande de 89,50 millions de barils par jour, soit une hausse de 0,82 millions de barils par jour, par rapport à l'année en cours. Cette évolution de la demande va-t-elle entraîner, dans son sillage, une grande fluctuation des cours, nuisible à l'économie mondiale ? Un baril à 110 dollars ne représenterait «pas une menace pour la croissance économique mondiale», souligne l'Opep. L'organisation viennoise qui pompe environ un tiers de l'offre mondiale d'or noir a décidé en juin dernier de reconduire le plafond de production décidé en décembre, fixant à trente millions de baril par jour (mbj) l'offre totale de ses pays membres, dans l'objectif d'enrayer la dégringolade des cours, car, la situation des marchés était devenue inquiétante. Les spécialistes des marchés se rappellent qu'il y avait des séances de cotation où le baril de West Texas Intermediate, (Light Sweet Crude) se négociait à la Bourse Nymex de New York à des niveaux relativement bas. Ainsi, il est des séances où son prix avait été dévissé par presque 30 dollars, partant d'un niveau avoisinant les 110 dollars pour atteindre un creux de près de 80 dollars. Et cela inquiétait l'Opep. Y. S.