Photo : Riad Par Karima Mokrani Le manque d'enseignants, de surcroît dans des matières très importantes telles que les mathématiques, la physique, le français et l'anglais, constitue une entrave majeure au bon déroulement de l'année scolaire 2012-2013. L'année s'annonce bien difficile pour l'ensemble des élèves des trois paliers (primaire, moyen et secondaire) à travers tout le pays. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) relève ce manque et tire la sonnette d'alarme sur le risque d'un déficit accru dans les années à venir. Ceci, en raison notamment de l'augmentation continue du nombre d'élèves mais aussi des départs à la retraite. Membre actif de l'organisation syndicale autonome, Idir Achour estime qu'au moins 500 enseignants manquent actuellement dans différentes classes à travers le pays. «Des élèves n'ont pas cours jusqu'à présent. Il n'y a pas de profs», a-t-il rapporté. Un chiffre arrêté en fonction de la répartition actuelle des élèves (entre 40 à 50 élèves par classe). Si l'on fait toutefois le calcul sur la base de 30 élèves par classe, comme ça devrait être le cas, selon les engagements des responsables du secteur depuis des années, le CLA estime à quelque 20 000 le nombre de postes à pourvoir. Un désastre pour les élèves et toute la famille éducative, dans une école qui reste sinistrée malgré la réforme et les améliorations. Pour combler le vide, des responsables d'établissements éducatifs ont fait appel à des jeunes recrutés par le biais de l'Anem (Agence nationale de l'emploi). Nouvelles recrues dans le cadre de l'emploi de jeunes, pour un salaire à la limite de la dérision. De l'exploitation, en terme plus clair. «Ils travaillent comme les autres pour un salaire de l'Anem. Ils ont leur emploi du temps. C'est de l'exploitation. De l'inadmissible. En plus, c'est illégal. Nous allons faire une enquête sur ce problème et allons déposer plainte contre les directeurs des établissements qui donnent des emplois du temps à des enseignants recrutés par l'Anem», prévient le représentant du CLA. Et un autre membre de ce syndicat, Bachir Hakem, de donner un autre chiffre : 30 000 départs à la retraite sont prévus dans les quatre années à venir, sur un total de 80 000 enseignants dans le secondaire. Le manque d'enseignants des mathématiques et de physique inquiète le CLA : «Il y a d'abord la non-conformité des diplômes, du fait que les postulants à l'enseignement de ces deux matières sont généralement des ingénieurs d'Etat. Ensuite, il y a le peu d'engouement pour l'enseignement de ces deux matières. Par ailleurs, le manque d'enseignants de langues se pose avec acuité dans les wilayas du Sud. La non- création de postes budgétaires demeure l'obstacle majeur à la résolution de ce problème.» La pénurie d'enseignants s'explique aussi, selon le syndicat, par les mauvais plans de gestion : «Les nouveaux stagiaires ne se retrouvent pas. Ils manquent d'encadrement et souffrent de l'absence de formation adéquate.»