Photo : S. Zoheir Par Badiaâ Amarni Les directeurs de l'exécutif relevant du secteur de l'industrie ont été appelés par le nouveau ministre, Cherif Rahmani, à «changer de mentalité et à se mettre avant tout au service de l'investissement, sans faire de distinction entre les opérateurs privés et publics». C'était, avant-hier, à Constantine, en assistant à la rencontre avec les walis de l'Est algérien, en présence du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, que le ministre de l'Industrie, de la Petite et moyenne entreprise (PME) et de la promotion de l'investissement a annoncé aux directeurs de son secteur qu'ils seront prochainement destinataires d'une «feuille de route afin de les guider pour inaugurer une nouvelle étape dans leurs missions». Le ministre s'est également félicité de «la renaissance de l'industrie mécanique» dans la capitale de l'Est algérien, grâce au partenariat avec plusieurs opérateurs allemands qui «apportent leur concours, pour la relance et le développement de ce secteur, par la diversification du produit, l'innovation et la promotion de la qualité». Pour le premier responsable du secteur, la mission des directeurs de l'industrie «ne doit plus se limiter à gérer et contrôler, ils doivent inlassablement s'occuper de l'investissement, trouver des investisseurs et accompagner les projets». Se rapprocher des citoyens est aussi un autre objectif évoqué par le ministre, «pour combattre le chômage à travers la création de richesses et l'élargissement de la base matérielle, technologique et scientifique de la production». Le ministre s'est entretenu aussi avec les responsables de l'entreprise et les travailleurs de la société des matériels de gerbage et de manutention (German) et s'est félicité «de la cohésion régnant entre les anciens travailleurs et les plus jeunes, ainsi que de la présence d'un personnel féminin hautement qualifié, notamment dans les secteurs sensibles tels que l'innovation et le développement du produit». Cette entreprise qui a déjà créé, en moyenne, depuis sa création, près d'une centaine d'emplois qualifiés par an, grâce à la diversification de la production, projette de développer à l'avenir «d'autres produits actuellement importés tels que les cabines, les ponts, les boîtes à vitesses et les boîtes de transfert, les pompes et distributeurs», déclare son P-dg, M. Mohamed Chelaghemia. Selon lui, des accords de partenariat sont en cours avec les firmes étrangères Liebherr, Massey Fergusson, Mercedes et Sampo.Dans le domaine de la PME, le président du Conseil national consultatif de la PME (Cncpme), Zaïm Bensaci, a déclaré, sur les ondes de la Radio nationale, que l'objectif tracé par l'Algérie de créer 2 millions de PME à l'horizon 2025, contre 650 000 actuellement, «est possible à condition de sortir du cercle de l'import-import caractérisant l'économie nationale et de mettre en place une véritable stratégie industrielle».Bensaci déplore «l'importation annuelle de pas moins de 4 milliards de dollars d'unités industrielles relevant de la sous-traitance, alors que les PME algériennes étaient capables de répondre à ces besoins». Ce responsable explique que «300 PME algériennes activent dans la seule sous-traitance mécanique, alors que les chiffres du ministère de l'Industrie parlent de plus de 600 entreprises de sous-traitance activant actuellement sur le marché». Evoquant les services, M. Bensaci fait le même constat en critiquant «le recours abusif» de l'Algérie à l'importation de services qui lui coûtent quelque 14 milliards de dollars par an. «Les bureaux d'études étrangers se font un argent fou au moment où les bureaux d'études algériens peinent à se placer sur le marché», regrette-t-il. Par ailleurs, il a affiché son optimisme après sa rencontre avec le nouveau ministre et indique que «pour une fois nous pouvons concrétiser les choses».Sur le programme de mise à niveau des PME, M. Bensaci a appelé à le «revoir carrément et le corriger de telle sorte que nos PME deviennent plus attractives sur tous les plans». Enfin, il a insisté sur la nécessité de «réserver un traitement équitable entre les entreprises publiques et privées car elles tirent toutes la même charrette».