Photo : Riad Par Hasna Yacoub Le ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, M. Abdelkader Messahel, s'est rendu hier à Paris pour des entretiens avec des responsables français, notamment le ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Amar Belani, dans une déclaration à l'APS. Ces entretiens seront consacrés «essentiellement à la situation qui prévaut dans le Sahel, et en particulier au Mali», a précisé M. Belani, mettant en exergue «la tradition que l'Algérie entretient avec ses principaux partenaires sur les questions d'intérêt commun». Il a expliqué que ces entretiens s'inscrivent dans le cadre des efforts menés par l'Algérie avec ses principaux partenaires américain et européens et en coordination avec les pays du champ pour, d'une part, «consolider la lutte permanente contre le terrorisme et le crime transnational organisé» et, d'autre part, pour «rechercher les meilleures voies d'une solution durable à la crise malienne destinée à conforter les Maliens dans leurs efforts visant à préserver l'unité nationale et l'intégrité territoriale de leur pays». Tout porte à croire que cette démarche s'interprète comme une tentative d'Alger de rapprocher la vision française de la sienne sur la crise malienne. En fait, l'Algérie a présenté, lors du sommet sur le Sahel et le Mali, organisé la semaine dernière en marge de la 67e Assemblée générale de l'ONU, une approche pour une sortie de crise au Mali qui se veut désormais la plus indiquée ayant réuni l'approbation de la majeure partie des grandes puissances. Seule la France insiste actuellement pour une intervention rapide des forces étrangères sur le sol malien. La France écarte certes l'envoi de troupes de combat au Mali, mais a déclaré qu'elle était dans l'attente de l'ONU avant de préciser sa contribution. Le ministre de la Défense, M. Jean-Yves Le Drian, a déclaré que la France était prête à apporter «un soutien logistique» à une opération au Mali de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Paris insiste pour que l'opération menée au Mali soit conduite par la Cédéao, malgré le fait que cette Communauté n'a ni les moyens ni l'expérience requise pour agir efficacement contre les groupes terroristes sévissant dans le nord du Mali. La France semble favoriser une action de la Cédéao au Mali, et ce, en dépit de l'échec cuisant de la première tentative militaire de cette organisation. Le président français avait réaffirmé le soutien de la France à une éventuelle opération militaire, africaine, en précisant que cette opération militaire doit être menée par la Cédéao. Il a demandé une convocation «au plus vite» du Conseil de sécurité pour examiner la demande d'intervention formulée par Bamako. Alger a, pour sa part, une autre vision des choses, loin de la précipitation pour une intervention militaire même si elle n'est pas à exclure. Pour l'Algérie, il est primordial de s'entourer des meilleures chances de succès et, pour ce faire, il faudrait respecter certaines exigences résumées en trois points essentiels. Dans le premier point, l'Algérie insiste sur le fait que les Maliens doivent être les premiers acteurs dans la recherche de solutions à leurs problèmes. Le deuxième aspect est que les acteurs de la communauté internationale doivent tenir compte des intérêts de sécurité nationale des pays du champ, voisins du Mali. Enfin, le dernier point est qu'une solution politique négociée doit être dégagée dans les meilleurs délais possibles avec les acteurs qui se démarquent sans équivoque du terrorisme et qui renoncent à toute atteinte à l'intégrité territoriale du Mali. Simplement dit, il est impératif de faire la différence entre les Touareg et prendre en charge leurs revendications légitimes qui n'ont rien à voir avec la scission et les groupes terroristes. C'est d'ailleurs ce qu'ont demandé les Touareg dans une lettre adressée à l'ONU. Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla) a estimé «illusoire d'espérer une solution définitive et une paix durable» sans leur implication.