Les prévisions pessimistes du Fonds monétaire international (FMI) pour l'économie mondiale pourraient peser lourdement sur les économies en voie de développement. Pour l'Algérie, le dernier rapport de cette institution a prévu un taux de croissance de 2,6% en 2012 et 3,4% en 2013, loin derrière les 5% prévu dans la loi de Finances 2013. Pour le taux d'inflation qui a explosé durant cette année, il frôlera selon le rapport 8,4% avant de baisser à 5% l'année prochaine, soit un point de plus par rapport aux prévisions du gouvernement (4%). Le taux de chômage connaîtra, lui, des baisses consécutives passant de 10% en 2011 à 9,7% en 2012 et à 9,3% en 2013, selon le rapport. Le Fonds qui prévoit, dans l'ensemble, un tableau plutôt positif pour l'Algérie estime que les réserves de change et autres actifs financiers extérieurs du pays sont nettement supérieurs à sa dette. La balance des comptes courants restera positive en représentant 6,2% du PIB en 2012 et 6,1% en 2013, mais baissera à 3,5% du PIB en 2017 (contre 10% en 2011). Par ailleurs, dans ses projections pour la région du Maghreb, le FMI prévoit une moyenne de taux de croissance de 19% en 2012 grâce, essentiellement, à la reprise de la production pétrolière en Libye, et de 6% en 2013 (contre -1,9% en 2011). Evoquant les perspectives des pays exportateurs de pétrole de la région Mena, dont fait partie l'Algérie, le Fonds prévient ces pays sur les risques d'un retournement du prix du pétrole. Pour les rédacteurs du rapport les risques «tournent principalement autour des prix du pétrole et la croissance mondiale, étant donné que tous les risques majeurs de la croissance mondiale impliqueraient une baisse des prix pétroliers». L'institution de Bretton Woods estime, dans la foulée, que les dépenses publiques dans cette catégorie de pays «ont augmenté à un tel niveau qu'une baisse importante des prix du pétrole pourrait miner leur situation budgétaire et mettre en péril la croissance et les investissements en cours dans leur secteur des infrastructures». Pour parer à toute éventualité, le document a insisté sur la nécessité de diversifier l'économie. «Il sera essentiel de juguler la hausse des dépenses pour les prestations qui sont difficiles à inverser», juge le document. Le rapport du FMI publié à la veille des réunions des assemblées annuelles du groupe de la Banque mondiale et du FMI a fait aussi des prévisions peu rassurantes pour l'économie mondiale. Le rapport table sur une hausse du PIB mondial de 3,3% en 2012 (-0,2 point par rapport aux prévisions de juillet dernier) et de 3,6% en 2013 (-0,3 point). Parmi les points essentiels relevés figurent les conséquences de la chute du commerce mondial sur les pays émergents et en développement ainsi que l'impératif de trouver une solution dans la zone euro et pour le «précipice budgétaire» américain. Globalement, les experts du FMI pensent que la faiblesse de la croissance et l'incertitude dans les pays avancés ont des répercussions négatives sur les pays émergents et les pays en développement, par les voies du commerce et de la finance, et aggravent les faiblesses internes. «Comme en 2009, la voie commerciale est étonnamment puissante, avec, par exemple, une baisse des exportations qui explique la majeure partie du ralentissement de la croissance en Chine. L'alternance de périodes avec ou sans risques, au gré des avancées et des retours en arrière de l'action des pouvoirs publics, en particulier dans la zone euro, provoque des flux de capitaux volatils.» S. B.