Intervenant jeudi dernier sur les ondes de la Radio nationale, M. Amar Takdjout, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et cuir, a estimé que la filière textile peut être sauvée pour peu que les commandes publiques soient destinées dans leur totalité aux entreprises publiques du secteur. «Si tel est le cas cela va permettre de récupérer 20 à 25 % des emplois perdus, soit l'équivalent de 80 000 à 100 000 postes de travail récupérés», a lancé ce responsable syndical. C'est pour quoi ce dernier préconise à ce que «les commandes issues des marchés de l'armée, du secteur hospitalier ou encore de celui de l'Education et de l'Enseignement supérieur, doivent être impérativement accordées aux entreprises nationales pour sauver la filière». A propos des postes d'emploi perdus, ce dernier a rappelé que «près de 300 000 emplois ont été perdus dans la filière, pour la plupart dans le secteur privé». Pour le détail de ces pertes d'emplois c'est, selon l'invité de la Radio nationale, le secteur privé qui a été le plus ciblé, puisqu'il a enregistré la disparition de 250 000 emplois et seulement 30 000 emplois dans le public, particulièrement «à Sig, Khenchela, Tébessa, Tiaret, Mascara, Sidi Bel Abbès et Oran», a indiqué Takdjout non sans préciser au passage que «la filière comptait plus de 4 000 entreprises privées dans les années 1980». Le secrétaire général a, par ailleurs, jugé que les conditions pour une véritable relance de l'industrie du textile existent, et pour preuve, «c'est d'autant plus vérifiable par la disponibilité de l'infrastructure nécessaire et de la main-d'oeuvre qualifiée en rappelant les seniors», a soutenu Takdjout. Et d'arguer dans ce sens que «la reconquête de 20% des parts de marché permettra à la filière de doubler son effectif actuel». Il a aussi avancé : «Si nous arrivons à récupérer 20 % des parts de marché, nous pourrons nous en sortir aisément.» Cependant le syndicaliste a regretté que la démarche de réouverture de certaines unités de production, initiée par les pouvoirs publics, soit «frileuse» et «très timide». Devant ce constat il a suggéré qu'«il faut aller plus loin, il faut être volontariste et croire à la relance de ce secteur». Pour ce faire Takdjout préconise des réouvertures ou de nouvelles ouvertures «en partenariat soit avec des nationaux ou avec des étrangers». Il a rappelé, à ce titre, que des Turcs vont réaliser, en partenariat avec des Algériens, deux usines de confection et d'habillement dans les wilayas de Béjaïa et Relizane. «Ces deux usines pourront permettre la création de 4 000 postes d'emploi supplémentaires en 2013», a signalé le SG. Au sujet du projet de rénovation, pour leur réouverture prochaine, des seuls magasins portant enseignes «Districh» et «Enaditex», Takdjout s'est dit étonné d'une telle décision dans la mesure où d'autres espaces remplissent les conditions d'une reprise de leur activité. «C'est pourquoi je préconise la réouverture de tous les magasins», a soutenu le syndicaliste. Un avis qui reste dans le sillage des objectifs des trois groupes publics du textile, du cuir et de la confection et habillement, relevant de la SGP-industries manufacturières, qui ont décidé de créer une filiale chargée de commercialiser leurs produits sur le marché national. Dans cette perspective, Takjout ne s'est pas empêché de rappeler que le ministère de l'Industrie a ordonné la réalisation d'une étude d'évaluation sur le plan de relance de la filière engagée, exprimant son souhait de voir le travail accompli porté à la connaissance du partenaire social. Ce dernier a soulevé la question des exportations frauduleuses du cuir et d'avertir qu'«il est temps de tirer la sonnette d'alarme car étant à l'origine de marchés perdus pour l'Algérie» et pour preuve : «Les trois quart de cette matière première sont exportés frauduleusement», a témoigné le SG. C'est pourquoi le syndicaliste a jugé en fin d'émission «une seule chose pourra sauver cette filière : c'est d'interdire l'exportation des peaux semi-finies pour permettre à la filière formelle de les traiter et de les exporter». Z. A.