Les exportations hors hydrocarbures peinent à prendre leur envol, et les statistiques démontrent qu'elles sont quasiment insignifiantes, ne représentant que 2%. Pourtant, l'Algérie recèle d'importantes potentialités, notamment agricoles, dont les produits sont très demandés à l'étranger, à l'exemple des oranges, de l'huile d'olive et de la datte, connue et reconnue à travers le monde entier. Malheureusement, cette filière n'arrive pas à se faire une place plus ou moins stable au niveau des marchés mondiaux. A maintes reprises, les producteurs de dattes ont lancé des appels aux autorités pour leur venir en aide, l'objectif étant d'avancer dans ce créneau. Tout récemment, lors d'une réunion en marge du salon Filaha à la Safex, les professionnels de cette filière ont exhorté le ministre de l'Agriculture et du Développement rural à prendre les mesures nécessaires et les facilitations qui s'imposent afin de développer la filière phénicicole. M. Rachid Benaïssa avait, rappelons-le, accepté la proposition d'un opérateur ayant demandé l'organisation d'un atelier à même de traiter les nombreuses difficultés, notamment la concurrence féroce des pays voisins (le Maroc et la Tunisie). La question du déficit de soutien pour l'exportation de la datte algérienne a aussi été soulevée lors de cette rencontre. Près de 13 000 t de dattes exportées en 2007 En attendant que des mesures concrètes soient prises sur le terrain, les statistiques qui nous ont été communiquées par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural font état de l'exportation en 2007 de 12 956 571 kg de dattes pour une valeur de 1 568 406 921 DA (22 613 570 dollars). Les exportations ont été faites à destination de la Pologne, de l'Espagne, de la Suisse, de la Belgique, de l'UE, du Canada, de la Malaisie, du Mali et de la Mauritanie. A titre comparatif, ces chiffres sont en légère progression par rapport à ceux des années 2005 et 2006, où les exportations étaient estimées à 10 863 041 kg pour une valeur financière de 1 356 578 858 Da soit 18 492 747 dollars. La seule différence avec l'année 2007 reste les pays clients qui représentaient la Grande-Bretagne, la France et les Pays-Bas en 2005, la Suède, la Turquie, les Etat-Unis, l'Italie et la Fédération de Russie en 2006. Pour ce qui est des superficies plantées, elles ont augmenté d'année en année et ce, depuis l'an 2000. A cette date là, la superficie plantée en palmiers dattiers était de l'ordre de 101 820 ha, pour atteindre les 154 372 ha en 2006. En général, le patrimoine phénicicole algérien produit annuellement 500 000 t de dattes, toutes variétés confondues, dont 250 000 t de deglet nour, catégorie très appréciée de par le monde pour sa saveur incomparable, et sa valeur nutritive et énergétique. Pourtant, l'Algérie n'en exporte que 4 à 5%. Si l'on se réfère aux statistiques du département du Dr Rachid Benaïssa, on remarque que la production connaît des augmentations mais avec de légères fluctuations. En 2000, pas moins de 3 656 160 q ont été produits contre 4 373 320 q en 2001. Des chiffres légèrement revus à la baisse en 2002 pour atteindre les 4 184 270 q. En 2003, la production a encore augmenté pour se fixer à 4 922 170 q, à 5 162 934 q en 2005 pour se décliner encore et atteindre 4 921 880 q en 2006. Le rendement à l'hectare varie, quant à lui, entre 32 et 42 q selon les régions. Une filière prisonnière de lenteurs administratives Malgré toutes ces quantités produites qui sont considérables pour certains, et pas très importantes pour d'autres, les exportations restent encore insignifiantes, car prisonnières de beaucoup de difficultés, entre autres les lenteurs administratives, et parfois même le manque de professionnalisme de certains opérateurs qui voient en la filière un commerce juteux. Pourtant, un couloir vert pour l'exportation de la datte algérienne vers les traditionnels marchés européens a été mis en place en 2006, et consiste en la simplification des transactions bancaires, des formalités douanières, des contrôles de protection des végétaux, un meilleur entreposage dans les ports ainsi qu'un meilleur acheminement des conteneurs. Il a été décidé, suite à la mise en place de cette mesure, que les exportations de dattes ne se feront plus que de quatre ports (Alger, Oran, Skikda et Béjaïa), quatre aéroports (Alger, Oran, Biskra et Constantine) et trois postes frontières terrestres (Tamanrasset, Adrar et Illizi). C'était là une réponse aux préoccupations des exportateurs qui se sont plaints, à chaque occasion qui leur a été donnée, des retards bureaucratiques qui ne leur permettaient pas de répondre rapidement à la demande de leurs clients. Des associations ont été créées pour défendre cette filière, à l'exemple de l'association des exportateurs de dattes de Biskra, et bien d'autres encore. Malgré toutes ces mesures, même si la situation s'est améliorée un tant soit peu, il n'en demeure pas moins que les nombreux opérateurs économiques opérant dans ce domaine continuent à soulever les problèmes rencontrés à l'exportation et qui resrent entiers. D'ailleurs, ils appellent toujours à la mobilisation des structures de l'Etat et des industriels pour sortir cette filière du marasme qu'elle connaît et qui entrave son développement. Vu le potentiel phœnicicole dont dispose l'Algérie, cette dernière gagnerait à développer les exportations de ce produit aux valeurs multiples. B. A.