Le foot est une véritable passion nationale en Algérie. Sans exception d'âge ou de sexe, nos compatriotes sont de fins amateurs du sport en général, et du ballon rond en particulier. Les annonceurs ont parfaitement compris l'importance des arènes sportives pour faire passer leurs messages. Les entrepreneurs œuvrent, tous, à marquer leur présence dans les stades et les salles omnisports. Quasiment toutes les entités économiques ont conclu des contrats de sponsoring avec les différents clubs pour accroitre leur part de marché ou entretenir leur image de marque. L'Etat a accordé aussi des avantages supplémentaires aux sponsors, à travers la défiscalisation des enveloppes investies dans ce type de communication. Allant encore plus loin, la première entreprise nationale, Sonatrach, a toujours disposé de ses propres formations athlétiques. Après le MPA, le fameux club pluridisciplinaire, elle a lancé le Groupement sportif pétrolier (GSP) qui comprend plusieurs disciplines comme l'athlétisme, le volley-ball, le handball, le basket-ball et le cyclisme. Sonatrach vient d'«acquérir» quatre clubs de Ligue I professionnelle de football (le MCA dans la région centre, le MCO à l'ouest du pays, le CSC à l'Est et JSS au Sud) dans une démarche qui, à long terme, ambitionne de rentabiliser cette filière sportive. Principal sponsor du football algérien, l'opérateur de téléphonie mobile, Wataniya Télécom Algérie (WTA), a placé ces dernières années plus de 400 milliards de centimes dans ce créneau. La marque Nedjma sponsorise la FAF et l'équipe nationale de football, comme elle prodigue son «aide» à 11 autres clubs des deux ligues professionnelles I et II. Ses concurrents dans la téléphonie mobile jouent serré dans ce registre du marketing sportif. Cependant, Nedjma ne cache pas son intention de s'investir directement dans le domaine à travers le «rachat» de Sspa si une belle opportunité vient à se présenter. Orascom Télécom Algérie (OTA), fut dans un passé récent le principal partenaire du football algérien. Aujourd'hui, la marque Djezzy soutient encore trois clubs titrés de football algérien (MC Alger, USM Alger et ES Sétif) et sponsorise la Fédération algérienne de handball (Fahb). Algérie Télécom, l'opérateur historique, parraine le champion olympique du 1 500 mètres, Taoufik Makhloufi, et ne rate jamais les grandes manifestations sportives organisées dans le pays. Mobilis, la marque du groupe, vient, par exemple, d'acquérir les droits de retransmission de la «Premier league anglaise» au profit de la chaîne de télévision publique. Des entreprises dans l'industrie agroalimentaire (Cevital, Ifri, Soummam, Hodna, Vitajus, Flash, Safilait…), des opérateurs dans l'hydraulique, l'infrastructure et les matériaux de construction (Etrhb, Edimco…), des médias (Echourouk, Temps d'Algérie), des concessionnaires automobiles et d'engins de travaux publics, choisissent aussi le sport pour leurs campagnes publicitaires. En somme, le sport draine beaucoup d'argent. Le sponsoring sportif, bien que relativement récent en Algérie, a connu un développement fulgurant. En accordant d'importants avantages fiscaux aux entités économiques qui y souscrivent, l'Etat a manifestement donné un bon coup d'accélérateur à cette nouvelle culture du mécénat. Mais l'usage de cette manne financière ne sert pas tellement le développement du sport. Quatre-vingt-dix pour cent (90%) des ressources sont curieusement dépensées dans les salaires et les contrats mirobolants des techniciens et des athlètes. Les présidents de club, accoutumés aux subventions de l'Etat et à l'argent facile, tardent à investir dans la formation des jeunes talents, l'amélioration des équipements et des installations, la création de centres d'entrainement ou le développement de filières de produits dérivés. Leur manque de prévoyance et, parfois, leur ignorance limitent leur vision stratégique. Il est en effet paradoxal de remarquer que cet apport financier considérable a été accompagné d'un recul sans précédent du sport algérien sur les plans continental et international. Les autorités, les sponsors et la FAF ont une énorme responsabilité à assumer à ce sujet. Les sponsors, par exemple, peuvent spécifier dans le contrat la finalité souhaitée à leur contribution comme l'équipement d'un centre de récupération, l'acquisition d'un bus ou la prise en charge des petites catégories. Il faut, coûte que coûte, amener les bénéficiaires à s'en servir correctement ! K. A.