L'explosion d'une voiture piégée au nord de Baghdad a fait au moins 25 morts, hier lors d'un attentat contre une base militaire où se déroulait une journée destinée à attirer de nouvelles recrues dans les rangs de l'armée irakienne, cible de prédilection des extrémistes. L'explosion s'est produite à l'entrée de la base de Taji, une ville à majorité sunnite située à environ 25 km au nord de Baghdad et théâtre de nombreuses attaques meurtrières ces derniers mois. Les insurgés sunnites s'en prennent régulièrement aux fonctionnaires, aux forces de police ainsi qu'à l'armée irakienne, coupables, à leurs yeux, de travailler pour le gouvernement irakien dominé par des chiites honnis et qualifiés d'«apostats». Et, si l'attaque n'a pas été revendiquée, l'Etat islamique en Irak (ISI), la branche d'Al-Qaïda dans le pays, a, par le passé, ouvertement assumé la responsabilité d'attentats commis contre des centres de recrutement des forces de sécurité. A l'image de l'attentat-suicide perpétré le 18 janvier 2011 contre de nouvelles recrues de la police à Tikrit, également au nord de la capitale irakienne. Cinquante personnes avaient péri, 150 autres avaient été blessées. Et, le 17 août 2010, un kamikaze s'était fait exploser au milieu de soldats fraîchement engagés, tuant 59 d'entre eux et en blessant 125 autres. Mais, bien qu'elle reste quasi quotidienne, notamment à Baghdad et dans les régions alentours, la violence a fortement baissé ces dernières années et n'a plus grand- chose à voir avec les années de guerre confessionnelle 2006-2008, où plus d'un millier de personnes périssaient chaque mois. Le mois d'octobre s'est distingué par la nette baisse des violences meurtrières, et ce malgré une vague d'attentats perpétrés par Al-Qaïda pendant l'Aïd al-Adha. Selon des chiffres officiels, 144 personnes ont péri le mois dernier dans des attaques, contre 365 en septembre, mois le plus meurtrier dans le pays en deux ans. D'un autre côté, le vice-président irakien, Tarek al-Hachémi, réfugié en Turquie, a été condamné à mort par contumace une nouvelle fois, dimanche, dans une affaire de tentative d'attentat à la voiture piégée visant des pèlerins chiites. Le tribunal a prononcé la peine de mort contre Hachémi et son gendre, Ahmed Qahtan, secrétaire particulier de Hachémi, lui aussi réfugié en Turquie. Cette nouvelle condamnation intervient en lien avec une tentative d'attentat à la voiture piégée contre des pèlerins chiites. L'attaque, qui a été déjouée, devait avoir lieu en décembre 2011 durant la fête de l'Achoura. Vice-président sunnite et critique virulent du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, Hachémi fait, depuis décembre l'objet, d'un mandat d'arrêt de la justice irakienne qui l'accuse d'avoir dirigé un escadron de la mort. Il a été condamné deux fois à mort par contumace, le 9 septembre, pour le meurtre d'une avocate et d'un général. Il a été condamné une nouvelle fois à la peine capitale, jeudi dernier, pour un complot visant à tuer un haut responsable du ministère de l'Intérieur. Hachémi, qui s'est réfugié au Kurdistan irakien puis au Qatar, en Arabie saoudite et finalement en Turquie, a rejeté toutes les accusations retenues contre lui, assurant qu'elles étaient montées de toutes pièces pour des raisons politiques. R. I.