Pour nombre de médias israéliens, la question est quand ? Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu et son ministre de la Défense, le travailliste Ehoud Barak, estiment qu'“Israël doit par tous les moyens stopper le programme nucléaire de l'Iran, afin d'empêcher une nouvelle Shoah”! Et qu'il faut faire vite ! Le Mossad est formel : Téhéran enterre de plus en plus profondément ses ateliers nucléaires du complexe Fordo au centre du pays dans une région montagneuse où se confectionnerait l'enrichissement de l'uranium, pour les mettre à l'abri des bombes anti-bunkers. Cela ne rappelle-t-il pas l'histoire des armes de destruction massive de Saddam Hussein que le va-t-en guerre Bush junior jurait avoir décelées et qui s'était révélée à la fin de son second mandat un grossier mensonge, un parjure passible de justice aux Etats-Unis. Netanyahu a déjà examiné la faisabilité de l'agression contre l'Iran par les 14 membres de son cabinet de sécurité, auxquels il a imposé le silence. Netanyahu leur a déclaré avoir obtenu le feu vert et le soutien des Etats-Unis. L'Iran nie fabriquer une bombe atomique. Ses travaux nucléaires, révélés en 2002 par des opposants au régime, viseraient à la production d'électricité. Pour les Occidentaux, c'est un paravent derrière lequel les Gardiens de la révolution mettent au point une bombe nucléaire. L'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) n'a plus guère de doutes : dans son dernier rapport, elle affirme que Téhéran s'est procuré des plans de bombe, a mis au point des détonateurs et testé des charges de forme hémisphérique, caractéristiques de l'arme nucléaire ! Mais quel crédit accorder à une institution multilatérale complètement au service de Washington ? Les Occidentaux ont décrété que l'Iran restait obstiné dans la poursuite de son programme nucléaire et ils ne s'en tiennent qu'à leur thèse. Le président Ahmadinejad a annoncé avoir chargé des plaques d'uranium “made in Iran” dans un réacteur de recherches. Les Occidentaux, le Groupe des six emmené par les Américains, ont immédiatement interprété cela comme un geste de défi ! Une menace de prolifération de l'arme nucléaire. “Une menace pour la paix mondiale” clame Israël. À voir. Car, lorsqu'elle maîtrisera complètement le processus nucléaire, la République islamique pourrait s'arrêter sur le “seuil”, comme le Japon, capable à tout moment de se doter de la bombe. À vrai dire, l'ascension dans la provocation par Ahmadinejad est en grande partie dictée par le fait que l'Iran se sent menacé de toutes parts: des brigades de soldats américains à ses portes depuis une décennie, en Irak et en Afghanistan; des monarchies sunnites surarmées de l'autre côté du Golfe...et la menace de bombardement par Israël qui, au mépris des traités internationaux et de l'AIEA, possède au moins 80 ogives. Vu sous cet angle, il peut parâtre normal que Téhéran veuille une arme de dissuasion, comme ses voisins pakistanais et indiens. Les pro-bombes “H” iraniennes expliquent que la destruction mutuelle assurée avec Israël assurerait un “équilibre de la terreur”, comme entre Moscou et Washington au temps de la Guerre froide. Des opérations de sabotage attribuées au Mossad israélien ont retardé l'échéance de plusieurs années, tandis que les Occidentaux continuent de miser sur les sanctions pour raisonner l'Iran, car à neuf mois de la présidentielle, Obama qui se porte garant de la sécurité d'Israël, n'a aucune envie de tenter une nouvelle aventure militaire après l'Irak et l'Afghanistan et les Européens accaparés par la crise de l'euro, mettent en garde Israël contre un incendie régional. Alors, aux quatre trains de sanctions décidés par l'ONU, Américains et Européens ont ajouté un embargo contre les banques et les exportations de pétrole, première ressource de l'Iran. Un empilement de sanctions qui commence à affecter la population : le rial s'est effondré, l'inflation a atteint 21 % en janvier. La grande question est : Israël a-t-il les moyens de rééditer ses raids contre le réacteur irakien Osirak, en 1979, et contre une usine suspecte à Deir es-Zor, en Syrie, en 2007 ? Tsahal dispose de bombardiers modernes et des moyens de brouillage dernier cri et survoler l'Irak n'est pas difficile, le Pentagone contrôlant toujours l'espace aérien, mais le gros problème pour Israël est la distance, qui nécessite une escale sur l'une des bases américaines du Golfe. Si toutes ces portes se ferment, les faucons israéliens préconisent le sacrifice des bombardiers après les raids ! Resterait à repêcher leurs pilotes. Un film de James Bond. D. B