Alors que les Occidentaux menacent d'envoyer le dossier au Conseil de sécurité, Israël déclarent se réserver le droit d'intervenir militairement pour empêcher Téhéran d'enrichir l'uranium nécessaire à son programme nucléaire. La réunion d'urgence du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) est considérée par Téhéran comme un acte politique diligentée par les Occidentaux pour justement enclencher un processus de mise en accusation avec en bout de parcours son lot d'actions pouvant conduire de l'embargo à des frappes militaires. La réunion extraordinaire de l'Aiea, convoquée pour les 2 et 3 février à la demande de la troïka européenne (France, Allemagne et Grande-Bretagne) doit décider de l'envoi du dossier iranien au Conseil de sécurité de l'ONU, après la reprise le 10 janvier d'activités de recherche en matière d'enrichissement d'uranium par l'Iran. Les pays européens ont, par la suite, refusé de reprendre les négociations prévues le 18 janvier, avec Téhéran. Un plan russe propose à l'Iran de transférer ses activités d'enrichissement en Russie pour prouver le caractère pacifique de son programme nucléaire, mais les Iraniens n'ont pas encore donné de réponses définitives. Russes et Iraniens doivent se retrouver le 16 février à Moscou. Si l'Aiea durcit son ton, les Iraniens pourraient alors sauver leur face en acceptant l'issue de secours soviétique. Poutine se dit confiant ! Israël, par contre, propose la solution radicale, laissant entendre ouvertement qu'en cas d'échec des efforts diplomatiques, il pourrait avoir recours à une frappe militaire pour empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire ! Le ministre de la Défense, Mofaz, originaire de l'Iran, a averti qu'Israël ne tolérerait en aucun cas que l'Iran se dote de l'option nucléaire. Les craintes israéliennes ont été ravivées après les propos tenus en octobre par le président iranien, appelant à “rayer Israël de la carte”. Selon Israël, l'Iran pourra disposer d'une option nucléaire militaire dès la fin 2006. L'ex-parton des renseignements militaires israéliens, le général Zeevi, a estimé qu'une opération visant le programme nucléaire iranien était difficile. En 1981, des F16 israéliens avaient détruit le réacteur irakien Osirak, stoppant le programme nucléaire de l'Irak. Mais les installations nucléaires iraniennes seraient dispersées et bien mieux protégées. Téhéran n'est pas Bagdad de Saddam. Les Israéliens sont convaincus du soutien de Washington. Cependant, cette escalade verbale ne semble pas faire l'unanimité en Israël même en dépit d'un consensus dans le pays sur les “risques” que fait courir le programme nucléaire iranien. Le pays prépare l'après-Sharon et, au sein de ses probables successeurs, beaucoup prônent l'approfondissement de l'action diplomatique et le recours aux sanctions internationales. L'Etat hébreu n'a, pour sa part, jamais reconnu disposer d'un arsenal nucléaire, mais des experts étrangers affirment qu'il s'est doté au fil des ans d'au moins 200 ogives nucléaires. Israël refuse de signer le Traité de non-prolifération nucléaire et de soumettre sa centrale de Dimona à un contrôle international. D. Bouatta