Photo : Riad Par Youcef Salami La part des crédits alloués au secteur privé demeure importante au premier semestre 2008. En proportion, elle s'élève à 52,95%. C'est mentionné dans la note de conjoncture soumise à débat, hier, à la résidence El Mithak. Est-ce du progrès par rapport aux années précédentes ? Le CNES estime que l'impératif de développer la part du secteur privé dans les crédits à l'économie ne peut ignorer la question de la «sécurité financière». Un argument ? Selon l'institution que dirige Seghir Babes, les créances douteuses ont atteint des niveaux «alarmants» en ce qui concerne «le privé national». Et le secteur public ? Le CNES n'en fait pas cas, disant qu'il continue de bénéficier d'un volume de crédits «appréciable», et sa part dans l'encours total des crédits reste «relativement importante». Le CNES note dans le même registre que les crédits à l'économie nationale accordés par les banques ont enregistré une augmentation «moins importante» au premier semestre 2008, soit «5,15%» à 2 322,3 milliards de dinars, contre «5,45%» au premier semestre 2007. L'institution consultative ajoute que le choix de recourir au financement interne des investissements constitue à la fois un «bouclier» contre les aléas de la crise internationale, comprendre le renchérissement des crédits, et un «important levier» pour l'octroi de crédits par le système bancaire national. D'autres aspects ont été également insérés dans la note de conjoncture en question, parmi lesquels le chômage, l'inflation, la santé, la croissance… Il y est ainsi souligné que le taux de chômage chez les jeunes demeure à un niveau «élevé» malgré son «recul de 28,5% en 1999 à 11,8% en 2007», un recul en «décalage» avec le niveau et parfois la tendance du chômage au sein «des générations de 40 ans et plus». Le CNES brosse en fait un tableau sur l'état économique et social du pays dans l'intervalle 2005-2006-2007. Il explique que «l'écart intergénérationnel» augure déjà de «nouveaux phénomènes sociétaux et culturels». S'agissant de la baisse du chômage, de 28,5% à 11,8%, elle est, selon l'institution, due à la «reprise de la croissance économique» et à la mise en œuvre de «nombreux programmes publics» orientés vers la «création d'emplois». Il y est expliqué qu'une évaluation à mi-parcours du programme 2005-2009 montre que, près de «1 220 000 emplois» ont déjà été créés au cours de la période «2005-2007», soit 61% de l'objectif fixé qui est la création de deux millions d'emplois. Les services du CNES estiment que l'agriculture et le BTPH sont les deux secteurs qui ont gardé un «rythme soutenu de création nette d'emplois». Et de souligner qu'au cours de l'année 2007 les pouvoirs publics ont mobilisé près de «trente-neuf milliards» de dinars, soit «0,4% du PIB» pour la réinsertion des jeunes à travers les multiples dispositifs d'emploi. Un montant qui a été multiplié «par trois depuis 1999» et qui a connu une accélération depuis 2005, est-il écrit dans le document du CNES qui ajoute que plus de «500 000 emplois» ont été créés en 2007, dans le cadre des différents dispositifs d'emploi. Il fait cependant observer qu'il s'agit d'emplois d'attente. Aussi faut-il de bonnes perspectives pour une réelle insertion professionnelle, le taux de permanisation ne dépassant pas 12%. Pour ce qui se rapporte aux ménages, le rapport du CNES fait ressortir qu'au cours de la période 2000-2006 le revenu disponible et la consommation finale des ménages ont augmenté à un rythme supérieur à celui de l'inflation et de la croissance démographique. C'est une hausse qui traduit en fait une amélioration en termes réels et globaux du pouvoir d'achat, relève le rapport du CNES qui précise que le taux d'épargne chez les ménages est passé de 13% en 1990 à plus de 27% en 2006, au moment où la consommation des ménages s'est accrue de 4,7% en 2007 par rapport à 2006. Et l'Inflation ? Le CNES la situe dans une fourchette évolutive, affirmant que la perception de l'inflation, du point de vue social, tranche avec le niveau modéré qu'elle traduit globalement, malgré son évolution, en raison de sa structure, dominée par la hausse des prix des produits alimentaires de base, conséquence de la dépendance du marché mondial. En 2007, la hausse de 6,6% des produits alimentaires est supérieure au taux global d'inflation, une tendance particulièrement marquée depuis 2005 et ce, malgré la subvention aux produits de base, a-t-il indiqué. Le système de santé occupe une bonne place également dans le rapport en question. Le CNES note «une amélioration de la santé de la mère et de l'enfant, ainsi qu'en termes d'accessibilité géographique aux services de santé et d'espérance de vie, relevant la progression réalisée dans la dépense nationale de santé [DNS] à partir de 2000 et qui s'est poursuivie jusqu'à atteindre 4,38% du PIB en 2005 et 4,64% en 2006. Le taux préconisé [de DNS] de 5% est cependant atteint, et même dépassé, en 2007, année où il se situait autour de 6,77%», y est-il mentionné. L'institution que dirige Mohamed Seghir Babes souligne, dans la même veine, que la dépense du médicament en matière d'assurance maladie s'est élevée à plus de 64 milliards de dinars, soit plus de 45% des dépenses globales de la Sécurité sociale pour la santé qui ont atteint 141 milliards de dinars en 2007. Sur un tout autre plan, elle met en exergue ce qui été enregistré dans l'éducation nationale, dans la formation professionnelle et dans l'enseignement supérieur. Elle souligne ainsi que la réforme universitaire a largement progressé, notamment en matière d'application du nouveau système LMD (Licence-master-doctorat), appliqué par 49 universités et centres universitaires, et d'instauration de nouvelles pratiques pédagogiques. L'autre chapitre, c'est la croissance. Les services du CNES retiennent une croissance de 3,3% pour 2008. Le taux de croissance, fixé initialement par la loi de finances 2008 à 5,8%, a été revu à la baisse dans la loi de finances complémentaire. Le FMI table, lui, sur une croissance de l'ordre de 4,9%. Hors hydrocarbures, la croissance devrait passer de 6,3% en 2007 à 6% en 2008, selon les estimations de la commission générale à la planification et à la prospective, citées dans le document du CNES.