Quelques mois après son installation au pouvoir, le président Macky Sall est décidé à mettre un terme à tout espoir du retour du clan sortant, en déterrant les dossiers de douze ans de règne des Wade à la tête du Sénégal. Des dossiers liés à des affaires de corruption et de passe-droits qui font l'actualité politique à Dakar, après la convocation du fils de l'ancien président, Karim Wade qui était également ministre durant le règne de son père qui a vainement tenté de modifier la Constitution sénégalaise afin de lui permettre de lui succéder après son départ. Karim Wade est en fait convoqué par la section de recherche de la Gendarmerie, le 15 novembre, «dans le cadre d'une enquête pour enrichissement illicite», a indiqué le procureur de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei), cité par l'agence de presse sénégalaise. Mais son père, actuellement à Paris, estime que c'est lui et son entourage qui sont directement visés par son ancien rival Macky Sall. La convocation de l'ancien ministre des Infrastructures, de la Coopération internationale et de l'Energie est perçue comme une déclaration de guerre au clan des Wade, qui n'avait pas réussi à instaurer une république familiale grâce à la mobilisation de la population sénégalaise, des partis de l'opposition et des intellectuels qui ont obligé Abdoulaye Wade à sortir par la petite porte, via les urnes lors de la présidentielle d'avril 2012. Selon Jeune Afrique, Karim Wade a affirmé qu'il ne fuirait pas la justice même s'ilconsidère lui aussi qu'il s'agit d'une cabale politique contre sa famille et ses proches. «Je répondrai à toutes les questions, même si je crains que tout cela n'obéisse à des fins politiques. Je constate que pour le moment, on nage dans l'amateurisme. Le procureur spécial parle de 1 000 milliards de francs CFA détournés. Or cela correspond au budget annuel du Sénégal, alors que nous sommes sous la surveillance plus qu'attentive de la Banque mondiale et du FMI (…)», a-t-il déclaré au magazine Jeune Afrique, repris par le journal sénégalais l'Observateur. Karim Wade n'est pas le seul à être convoqué par la Crei. Sept autres hauts responsables de l'ancien régime devraient aussi répondre aux questions des enquêteurs engagés dans l'affaire des biens mal acquis entre 2000 et 2012. Cette agitation à Dakar a contraint l'ancien chef de l'Etat à interrompre son séjour en France pour pouvoir s'expliquer devant l'opinion publique sénégalaise dans cette affaire qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Abdoulaye Wade a même décidé de porter plainte contre l'actuel président «pour enrichissement illicite, parce que, si on parle aujourd'hui d'enrichissement illicite ou de délinquance financière, Macky Sall et son gouvernement sont au premier rang», a déclaré lundi, lors d'une conférence de presse, l'ancien ministre de l'Intérieur, Ousmane Ngom, repris par Afrik.com. «C'est à moi que Macky devait s'en prendre, et non à Karim. C'est moi qui ai offert à Karim, avec mes fonds politiques, une partie de sa fortune, comme je l'ai fait pour Macky Sall et tant d'autres» personnes, a-t-il encore ajouté, rapporté la presse sénégalaise. En attendant les résultats de l'enquête et un éventuel procès contre les dignitaires de l'ancien régime, les Wade ont affûté leurs armes en jouant la carte des chefs religieux dans l'espoir, peut-être, d'éteindre cet incendie qui menace leur courant politique et les intérêts de leur clan. L. M./Agences