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Macky Sall nouveau président du Sénégal
Abdoulaye Wade reconnaît sa défaite
Publié dans La Tribune le 26 - 03 - 2012

L'ex-Premier ministre Macky Sall est devenu le nouveau chef de l'Etat sénégalais en surclassant au second tour de la présidentielle son rival, le sortant Abdoulaye Wade. Loyalement, ce dernier a reconnu sa défaite et félicité le vainqueur. En dépit des multiples appréhensions suscitées par la nouvelle candidature du président Wade, élu en 2000 et réélu en 2007, cette victoire de son ancien ministre et Premier ministre, témoigne de la vitalité démocratique du Sénégal. Pourtant, la campagne pour le premier tour laissait craindre que le Sénégal, seul pays d'Afrique de l'Ouest à n'avoir jamais fait l'expérience d'un coup d'Etat, bascule dans un cycle de violences chroniques. Et les événements post- électoraux plaidaient pour un pourrissement de la situation. Des manifestations avaient éclaté lorsque le Conseil constitutionnel (accusé de favoritisme envers le président sortant) avait validé la candidature de Wade à un troisième mandat. Six personnes avaient été tuées dans ces manifestations préélectorales faisant craindre le pire pour un pays exemple sur la scène continentale. Le nouveau président sénégalais, Macky Sall, n'est pourtant pas un nouveau venu dans le maelstrom politique sénégalais. Certains sceptiques diront même que «l'apprenti», comme se plaisait à l'appeler Abdoulaye Wade, est l'élève de son maître. À la fin des années1980, Macky Sall rejoindra le libéral, Abdoulaye Wade et en une dizaine d'années s'imposera comme l'une des têtes pensantes du PDS, le Parti démocratique sénégalais dirigé par Wade. Ce dernier apprécie son tempérament calme, sa discrétion et son énorme capacité de travail. Macky Sall ne fait pas d'ombre et reste dans le sillage des grandes figures du parti. Toutefois, la décennie 2000 sera celle de son ascension. Il sera ministre, Premier ministre, et président du Parlement. Mais l'année 2008 est l'année du «basculement». Les médias sénégalais retiendront lorsqu'il fera convoquer Karim, le puissant fils de Wade, devant l'Assemblée nationale pour qu'il s'explique sur sa gestion controversée des fonds publics. Le président en exercice ne lui pardonnera pas ce geste de défiance. Macky Sall bascule dans l'opposition et part à la conquête du pouvoir. Résultat : l'élève aura dépassé le maître. Pour le nouveau président sénégalais, la tâche ne s'annonce pas aisée. L'après-Wade pourrait être plus compliqué que ne le laisse transparaître l'euphorie populaire qui s'est emparée du pays dès le résultat connu. La demande sociale au Sénégal est des plus aiguë et devrait se faire plus persistante. Macky Sall trouvera devant lui une crise multidimensionnelle que Abdoulaye Wade n'est pas parvenu à résorber ou à réduire en douze années à la tête du pays. Le Sénégal possède la troisième économie de la sous-région ouest-africaine après le Nigeria et la Côte d'Ivoire. Ce pays fait partie, compte tenu de sa situation géographique et de sa relative stabilité politique, des pays africains les plus industrialisés avec la présence de multinationales, majoritairement d'origine française. Le poids de la dette extérieure de ce pays pauvre très endetté et le secteur agricole qui emploie à peu près 70% de la population pourrait compliquer le décollage économique. Macky Sall devrait donc passer des promesses aux propositions. Il s'est engagé à diminuer rapidement les prix de consommation (thème porteur au Sénégal) et à créer 500 000 emplois. La difficile question de l'approvisionnement en électricité (dossier cauchemardesque pour le parti socialiste de Wade) est aussi un défi à relever. Les questions de gouvernance devraient également être au centre du débat politique post-Wade. Le président élu a été acclamé pour s'être surtout frontalement opposé à la «dévolution monarchique» du pouvoir, à savoir les velléités prêtées à Abdoulaye Wade de placer son fils à la tête du pays et de le préparer à sa succession. De par cette alternance, le Sénégal se sort d'une crise politique qui menaçait serieusement l'intégrité du pays. Abdoulaye Wade, 86 ans, s'est accroché jusqu'au bout avant de lâcher prise, croyant pouvoir renverser la tendance. Le «Gorgui» (Vieux) était seul contre tous les autres candidats engagés dans la compétition décidés à lui faire barrage. Macky Sall, 51 ans, et sa coalition (Unis dans l'espoir) ont eu finalement raison du «Patriarche». Cependant pour l'opposition, l'intransigeance de Wade aura livré le pays à des difficultés sociales et des tensions politiques qui ont coûté la vie à une dizaine de personnes et aussi provoqué des divisions confrériques et ethniques difficilement conciliables. Le Sopi, changement en wolof, mot d'ordre de Wade il y a plus d'une décennie, s'est finalement exprimé, contre lui.
M. B.

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