Les actes antimusulmans ont progressé de 42,2% du 1er janvier au 30 octobre dernier et cette statistique concerne seulement les atteintes pour lesquelles il y a eu dépôt de plainte et main courante dans les commissariats et gendarmeries, a-t-on appris jeudi auprès du président de l'Observatoire français contre l'islamophobie, Abdellah Zekri. Déjà en 2011, les actes islamophobes et antimusulmans étaient en forte progression et ont connu une augmentation de 34%. «L'année 2012 s'annonce encore plus inquiétante, car pour les 10 mois, du 1er janvier au 30 octobre 2012, nous enregistrons une augmentation de 42,2%», a-t-il indiqué dans un communiqué remis à l'APS. «Nous pensions que l'augmentation des actes islamophobes en 2011 s'expliquait par des faits conjoncturels, dus principalement aux différents débats dont certains étaient vraiment nauséabonds lors des campagnes électorales (présidentielle et législative) où on a désigné du doigt l'islam et les musulmans», a affirmé M.Zekri. Pour lui, ces débats (Halal, minarets, burqua, laïcité, identité nationale, immigration, prières des rues), ont libéré la parole des extrémistes» auxquels sont venues se greffer des déclarations d'hommes politiques «soucieux de se maintenir au pouvoir» en affirmant qu'un demi des musulmans étaient un problème pour la France. «A force de surfer sur les thèses du Front national, certains de ces politiques ont perdu leur âme», a regretté le président de l'Observatoire, qui scinde les actes anti musulmans en deux catégories : Les menaces, en forte progression, qui sont passées de 31 au 30 octobre 2011, à 49 à octobre dernier, soit une hausse de 58,1%. Les actions, également en hausse, sont passées de 92 au 30 octobre 2011, à 126 à octobre dernier, soit 36,9% de plus. En additionnant les actions et les menaces, l'augmentation est de 42%, selon la même source, qui ajoute à cela les tracts et autres courriers islamophobes qui ont augmenté de 70,9 %, alors que les inscriptions l'ont été de 39,5 %. M. Zekri rappelle que, durant la période considérée, plusieurs mosquées ont été taguées, au moment où d'autres ont fait l'objet de tentatives d'incendies. Il citera les mosquées de Condé sur l'Essonne, de Montauban, Agen, Libourne et Limoges. L'action la plus spectaculaire, selon lui, fut l'occupation en octobre dernier de la mosquée de Poitiers par le groupe «génération identitaire» qui appelle sur son site à la «guerre contre l'invasion islamique». Il reconnaît toutefois qu'il y a eu une «accalmie» après l'élection présidentielle de mai dernier, mais, malheureusement, la conjoncture et l'influence de certaines personnalités politiques ont remis la question de l'islam sur le chemin de la stigmatisation», a-t-il relevé, citant notamment le film anti islam “L'Innocence des musulmans” et les caricatures de Charlie hebdo offensant le sceau des prophètes (QSSSL). L'Observatoire français contre l'islamophobie signale, toutefois, que ces chiffres concernent «uniquement» les actes pour lesquels il y a eu dépôt de plainte et main courante dans les commissariats et gendarmeries. Malheureusement, ces chiffres sont en dessous de la réalité, car nombreux sont les musulmans qui ne souhaitent pas porter plainte, considérant à tort ou à raison qu'il n'y aura pas d'aboutissement», a-t-il fait remarquer. Pour M.Zekri, il serait «intéressant» de connaître, en plus de ces statistiques, le nombre d'affaires dont les coupables sont identifiés, arrêtés et traduits devant la justice et surtout d'avoir le résultat sur leurs condamnations. «Si le CRIF (représentation des juifs en France) appelle à ne pas mélanger islamophobie et antisémitisme, il faut qu'il comprenne qu'il ne saurait y avoir de lecture à géométrie variable de l'indignation face à toutes les formes de racisme et d'intolérance», a-t-il dit, affirmant «maintenir» son appel au président Hollande pour «qu'il fasse une déclaration solennelle incluant la lutte contre l'islamophobie comme cause nationale».