Photo : M. Hacène De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar
Pour l'exercice 2012/2013, l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa compte près de 41 000 étudiants, encadrés par 1600 enseignants. Déployée sur les deux sites de Tharga Ouzammour et Aboudaou, elle offre 208 formations dans diverses spécialités techniques et humaines. Des chiffres impressionnants pour un établissement qui a ouvert ses portes, pour la première fois, en 1983 ! Avec un taux de réussite au baccalauréat qui frôle les 60%, la population estudiantine a quasiment doublé au cours des quatre dernières années. Cette démographie galopante engendre naturellement une pression sur les équipements et l'encadrement existants, d'autant plus qu'au cours des deux dernières années, aucune nouvelle infrastructure n'a été réceptionnée. Rien que pour la présente rentrée, on a recensé 8700 nouveaux inscrits. Cela se traduit, naturellement, par la surcharge des sections et des groupes de travail. L'an dernier (2011/2012), l'Administration a été contrainte de suspendre certaines facultés, temporairement, afin de faire de la place aux autres filières. Pas moins de 4000 nouveaux étudiants ont été conséquemment affectés dans d'autres universités de la région (Sétif, Tizi Ouzou, Jijel et Alger, essentiellement). Afin de rattraper ce manque à gagner, l'ouverture de deux facultés à El Kseur (Economie) et Amizour (Droit) est projetée pour les toutes prochaines années. Mais en attendant la concrétisation de l'opération, enseignants et étudiants doivent encore patienter. L'accès aux ressources bibliographiques et à Internet devient, du coup, difficile. Les concours de post-graduation se font de plus en plus sélectifs, ce qui engendre également des insatisfactions et des frustrations. Le secteur des œuvres universitaires se trouve aussi en surexploitation. Les 10 résidences universitaires que compte la wilaya sont surchargées. Pour réguler le déficit enregistré en la matière, la direction (DOU) a investi dans le transport pour permettre aux étudiants résidant à moins de 40 kilomètres de rentrer chez eux. Ces allées et venues quotidiennes réduisent leur concentration et laissent peu de temps au travail collectif. Les 1500 travailleurs des résidences universitaires se plaignent, épisodiquement, de leurs conditions de travail. Un premier mouvement de grève, organisé début octobre, revendique «la permanisation des contractuels et des vacataires et l'augmentation des salaires». La sécurité dans les cités universitaires se pose avec acuité. De nombreux extra-universitaires investissent les cités estudiantines chaque soir. Ils profitent des défaillances du système pour s'en servir. Au début de l'année en cours, plusieurs chambres de la résidence de Tharga Ouzammour (Ruto) ont été visitées par des cambrioleurs. Revenant d'un congé, des étudiants ont été surpris de trouver leurs portes ouvertes, les armoires défoncées et leurs affaires jetées, pêle-mêle, au sol. Faute d'une enquête sérieuse pour déterminer les auteurs et les responsables du larcin, les victimes ont lancé des appels sur Internet et sur d'autres plateformes pour dénoncer ces actes de sabotages et tirer la sonnette d'alarme sur l'insécurité qui règne au sein des cités universitaires de Béjaïa.