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L'expression corporelle au service de la lutte contre l'oppresseur La compagnie Akito et la troupe de Tizi Ouzou au Festival international de danse contemporaine d'Alger
Dans le cadre du programme off de la 4e édition du Festival culturel international de la danse contemporaine (Fidc) d'Alger, qui se clôturera demain au Palais de la culture Moufdi-Zakaria d'Alger, la salle El Mouggar a accueilli, mardi soir dernier, les performances de la troupe de la Maison de la culture de Tizi Ouzou et de la compagnie Akito, du chorégraphe irakien Tallat Samawi. Les deux spectacles se sont distingués par l'ode à la liberté, ou plutôt à la lutte pour la liberté en s'opposant à l'oppresseur qui tente vainement d'asservir les êtres, les esprits et les corps.Intitulé Le prix de la liberté, le spectacle de la troupe de Tizi Ouzou commence par l'entrée cérémoniale des quatre danseuses, Sarah Bouzar, Yasmine Bacha, Ryma Aouiche et Lamia Amrane, toutes de noir vêtues, portant à boût de bras des lanternes. Placée dans le cadre de la célébration du Cinquantenaire de l'indépendance, l'œuvre qui a déjà été présentée sur les planches du Palais de la culture, dans le cadre de la compétition du festival, est entièrement dédiée au sacrifice du peuple algérien pour la reconquête de son indépendance.Sur une musique émouvante, signée par Salim Kerrouche, renforçant l'ambiance mélodramatique, dans des gestuelles et des figures épurées, les danseuses ont su retranscrire une certaine émotion, sur une scène éclairée par le halo de lumière des images vidéo qui défilent en arrière-plan. Des images poignantes illustrant les crimes coloniaux commis sur le peuple algérien qui, malgré les multiples drames et massacres, a lutté sans cesse contre le colonialisme français, jusqu'à arracher, aux prix du sang des martyrs, son indépendance. L'atmosphère sombre de ce spectacle a été rehaussée par l'attention qui a été portée à la gestuelle des danseuses, qui souligne les efforts qui ont été déployés pour s'adapter à l'esprit contemporain du festival, même si, il faut reconnaître, certaines figures étaient plus imprégnées de celles de la danse classique que de la danse moderne. Ces notions de moderne, d'énergie et de liberté, tant sur le plan des figures que de l'expression corporelle sans les chaînes des standards classiques, ont été talentueusement exprimées par la dizaine de danseurs de la compagnie Akito, qui a présenté le spectacle intitulée 0 + 0 = 0. Fondée et dirigée par le chorégraphe Irakien Taalat Samawi, féru de concept de danse dramatique, la troupe Akito a su offrir un spectacle très expressif, où le corps des danseurs évolue en toute liberté sur la scène, illustrant à travers le langage universelle de l'expression corporelle la résistance de l'être à toute forme de domination. Ainsi face à la tyrannie, le corps se déchaîne pour retrouver son droit à disposer de sa propre destinée. Une approche philosophique, exprimée à travers plusieurs tableaux qui ont mis en relief la maîtrise des danseurs tant de leur gestuelle que de l'espace scénique, alliant savamment poésie et puissance dans l'expression de l'éternelle lutte de l'être humain pour échapper aux ténèbres qui l'entoure, aller vers la lumière et clamer comme dans le poème de William Ernest Henley, cher au cœur de Mandella : «Je suis le maître de mon destin, Je suis le capitaine de mon âme.» S. A.