Photo : Riad Par Samir Azzoug Le plan stratégique de la capitale 2010-2029 est un challenge entrepris par les pouvoirs publics pour faire d'Alger «une ville emblématique, qui se transforme en restant elle-même». Pour avoir une idée globale sur la ville «imaginée» pour les deux décades à venir, la wilaya d'Alger organise une série de tables rondes sur les différents programmes arrêtés dans le nouveau Plan directeur d'aménagement urbain (Pdau). La première rencontre tenue mercredi 21 novembre 2012, a mis l'accent sur le «plan blanc», la réhabilitation et la politique du logement à Alger. On dénombre essentiellement quatre autres plans : bleu pour l'hydraulique, vert pour l'environnement, mobilité pour les travaux publics et transports, ainsi que le plan de cohésion sociale et équipements. Pour commencer l'exposé, le directeur de l'urbanisme de la wilaya d'Alger, Ali Bensaad a mis l'accent sur l'importance de la révision opérée au niveau du Pdau devenu instrument unique de référence. Une révision qui aurait impliqué «les gestionnaires, les élus et les citoyens de la ville», selon lui. S'agissant du «plan blanc», le gestionnaire est catégorique : «Il ne s'agit pas d'une simple opération de cache-misère ou de ravalement de façades. C'est une politique durable et continuelle de maîtrise du cadre urbain de la capitale. Il est question de réhabilitation et de requalification de l'urbanisme», insiste Ali Bensaad. Après la révision du Pdau, le directeur de l'urbanisme rappelle qu'un diagnostic «exhaustif a été mené dans 7 communes (sur les 57 que compte la wilaya) pour déterminer les opérations à mener au niveau des bâtisses». «Plus de 13 690 immeubles et 78 800 logements ont été expertisés dans cette opération pilote. Un carnet de santé est élaboré pour chaque segment d'immeubles», s'en félicite-t-il. Le constat de vétusté et de dégradation ainsi fiché, il a fallu fixer l'ordre prioritaire des interventions. Par où commencer ? Ali Bensaad désigne les axes structurants et importants de la capitale (boulevards, promenades et la Casbah). Il citera entre-autres : la promenade de l'indépendance, celle de la grande poste, l'axe El Aurassi- wilaya d'Alger, celui du square port Said, Palais du Dey- Port de pêche, Bastion 23 - Palais du Dey ainsi que les grands boulevards (Larbi Ben M'Hidi, Hassiba, Malika Gaïd). Qu'est-ce qui sera fait ? Le directeur de l'urbanisme énumère une dizaine d'actions inclues dans une «charte publique de normalisation». En premier lieu, il s'agira de l'intervention sur le cadre bâti. «C'est la reprise totale des immeubles. L'élimination des extensions anarchiques, la reprise des façades, terrasses, cages d'escaliers…On va exclure tout ce qui est agressif à l'œil : les paraboles, les fils électriques et téléphoniques, les climatiseurs etc. pour avoir des façades nettes». Il s'agira également d'uniformiser l'urbanisme commercial, le mobilier urbain, l'éclairage public, les espaces verts, le traitement paysager, le revêtement des sols pour assurer «un cadre cohérent». «Tous les détails ont été pris en charge dans la charte publique», explique Bensaad qui reconnaît que la tâche n'est pas des plus simples, d'autant qu'il faudra mettre en place des galeries d'enfouissement pour tous les câbles et réseaux, revoir les systèmes de collecte des eaux et ceux de dépollution. Après cet exposé sur la vision futuriste d'une ville «très blanche», l'intervention du directeur d'aménagement et de restructuration des quartiers, Abdelkader Ghida, est venu pour donner une image plus réaliste sur la complexité de la tâche qui attend les pouvoirs publics dans la réalisation de ce «rêve». Il a axé son exposé sur l'opération réhabilitation du Boulevard Amirouche dont les appels d'offres ont été infructueux. «Les travaux d'enfouissement des réseaux (téléphones, gaz, électricité) sont entamés par la Sonelgaz et Algérie télécom, mais il y a des problèmes d'études et de matériaux», annonce-t-il. Pour réaliser ce programme de «réhabilitation» pilote des grands axes de la capitale qui touchera près de 12 000 logements et 185 équipements, six opérateurs ont été retenus à savoir les Opgi de Bir Mourad Rais, Hussein Dey et Dar El Beida ainsi que la régie foncière, les domaines et l'Ofares (bureau d'étude). «Les travaux débuteront l'année prochaine», déclare Abdelkader Ghida. Sur le manque d'entreprises qualifiées, de main-d'œuvre et de savoir-faire pour prendre en charge ce projet complexe vient se greffer un problème de taille : la participation du citoyen. Ce dernier est appelé par les différents intervenants à prendre à bras le corps ce projet en s'armant de patience d'abord, et en y adhérent ensuite. «Comment faire participer le citoyen», s'interroge le maire sortant d'Alger-Centre, Tayeb Zitouni. Selon ce dernier, la participation des Algérois est indispensable pour la réussite du plan stratégique. Car après la réhabilitation et les travaux, il faudra assurer l'entretien. «C'est un investissement lourd. Il faudra même penser à un montage financier incluant les locataires. C'est une manière de les responsabiliser», prône-t-il. La réhabilitation de la capitale est l'un des axes majeurs du plan stratégique d'Alger. Une enveloppe de 25,5 mds de dinars (sur les 200 mds estimés pour 2012-2029 pour l'ensemble du plan) y sera consacrée dont 7,4 mds pour le sous-sol, 8,80 mds pour les espaces publics et 9,29 mds pour les bâtiments.