L'exploitation de gaz de schiste en Algérie est «une option pour le très long terme», qui peut aller à l'horizon 2040. Une échéance lointaine à même de calmer ceux qui se sont exprimés contre l'extraction des gaz de schistes en Algérie. L'Algérie ambitionne de lancer l'exploration dans le non conventionnel, c'est à dire explorer des gaz nouveaux dont le pays regorge. Finalité : diversifier ses ressources énergétiques, les hydrocarbures constituant un «levier essentiel» pour le développement économique du pays, estime le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour qui la problématique de l'économie algérienne, qui a enregistré de «bonnes performances» au niveau macroéconomique avec de bons équilibres financiers, réside dans «le cadre microéconomique», c'est à dire au niveau de «l'entreprise».Aujourd'hui, seuls les Etats-Unis sont arrivés à explorer les gaz de schiste et à en faire une réelle industrie. Rentable ? Pas tout à fait, le coût de revient des gaz de schiste étant restés élevés et le déclin des puits forés rapide. Aussi, il faut forer «plus vite que le déclin des gisements», souligne Nazim Zouiouèche, ex-P-dg de Sonatrach, qui intervenait dans des débats consacrés au gaz de schiste, organisé la semaine dernière par Interface Média. Pour lui, l'Algérie «doit rester en veille» sur la question des schistes, tout en travaillant davantage sur les énergies renouvelables, notamment pour couvrir la demande domestique en énergie électrique. A la question à quelle échéance l'Algérie pourrait-elle commercialiser son gaz de schiste, si les opérations d'explorations s'avèrent intéressantes ? «Dans quinze ou vingt ans, mais je peux me tromper», a-t-il tempéré. Finalement, l'échéance qu'il a avancée s'éloigne relativement des perspectives projetées par M. Sellal. L'Algérie veut également développer le renouvelable, à partir de 2020. Des choix stratégiques ? Abdelmadjid Attar, ancien P-dg de Sonatrach et ancien ministre des Ressources en eau, note, dans une de ses déclarations, que l'Algérie doit assurer son indépendance énergétique dans 20 ou 30 ans. Le renouvelable et les schistes devraient constituer ainsi de nouveaux leviers sur lesquels le pays devrait s'appuyer pour développer son économie. Reste à savoir s'il est en mesure d'engager de gros investissements et dans le renouvelable et dans les schistes. Des explorations et des études sont menées dans les schistes, mais peu de choses ont été faites dans le renouvelable, c'est peut-être cela qui fait dire à certains experts que l'Algérie pourrait préférer les gaz de schiste aux énergies renouvelables. Et que l'exploitation des schistes se fera au détriment du renouvelable. Y. S.