Le président du Cnès et de l'Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (Aicessis), Mohamed Seghir Babès, a appelé, hier à Rabat, à placer la sécurité alimentaire au cœur de la réflexion des CES et à suivre de manière circonspecte l'ensemble des politiques publiques sur cette question hautement stratégique. «Nous devons suivre et évaluer pas à pas, de manière extrêmement serrée et circonspecte, l'ensemble des politiques publiques, produites à l'échelle des territoires nationaux mais aussi à l'échelle des ensembles régionaux et du monde», a déclaré M. Babès lors de son intervention devant les participants au séminaire sur la «sécurité alimentaire et solidarité dans l'espace euroméditerranéen». Selon M. Babès, «il est urgent» pour les CES «d'interpeller l'espace» qui est le leur et de multiplier le dialogue social et responsable avec les experts qui sont sur le terrain (ONG et sociétés civiles) à travers leurs feuilles de route, afin de réfléchir sur cette question «aussi vitale qu'est la sécurité alimentaire». La sécurité alimentaire est une «partie intégrante et épicentre du complexe sécuritaire qu'il s'agit de placer en action stratégique», a-t-il estimé, en appelant à mettre en exergue le bien public «au cœur de ce complexe sécuritaire qui a bouleversé les paramètres des relations internationales». Dans sa communication, M. Babes a, par ailleurs, lié la sécurité alimentaire au développement durable, considérant que cette relation va en quelque sorte déterminer, demain, «le sort de l'humanité». Il s'agit, a-t-il dit, de voir comment produire plus de valeur et de richesse et comment répartir cette croissance de façon équitable à l'intérieur des pays et entre le Nord et le Sud, dans un mouvement solidaire, en assurant un développement durable et en préservant les actifs environnementaux. Dans ce cas, la sécurité alimentaire est considérée, selon lui, comme «la matrice essentielle de régulation des mécanismes qui vont interpeller les limites de la finitude des ressources qui permettent une survie de l'humanité».Concernant la relation entre la sécurité alimentaire et l'espace de solidarité, M. Babès a souligné qu'on ne saurait concevoir de démarche solidaire qui n'entre que dans le cadre de la région ou de la sous-région. Il a affirmé qu'une «solidarité intense va au-delà de tout cela […]. On ne peut pas regarder la solidarité dans l'espace méditerranéen sans regarder ce qui se passe en Afrique», a-t-il affirmé. Le séminaire sur la «sécurité alimentaire et solidarité dans l'espace euro-méditerranéen» se tient en présence de représentants des Conseils économiques et sociaux (CES) des deux rives de la Méditerranée. L'objectif de cette rencontre d'une journée est, notamment, de débattre du rôle des Conseils économiques, sociaux et environnementaux dans l'espace méditerranéen sur la complexité et la gravité de la problématique de la sécurité alimentaire dans la région. La réunion vise également l'évaluation des politiques et stratégies actuelles, ainsi que leur impact sur la stabilité des pays de l'espace euroméditerranéen. Les participants ont à débattre des politiques et mesures à prendre pour répondre au défi permanent de la sécurité alimentaire dans la région méditerranéenne, marquée par d'importants changements climatiques. Plusieurs thèmes étaient au programme de ce séminaire dont, notamment, «Changement climatique et impact sur la sécurité alimentaire de la région», «Politiques et stratégies agroalimentaires visant à améliorer la sécurité alimentaire: action solidaire et coopération» et «Qualité nutritionnelle des aliments, alimentation et santé : un défi permanent de la sécurité alimentaire». Le séminaire est organisé par le Conseil économique et le social marocain (CES) en collaboration avec le Conseil économique et social européen (Cese). APS