Photo : M. Hacène Par Amir Lazaref Il est peut-être temps de mettre en place des critères techniques (la nouvelle DTN si elle dispose de l'envergure et du pouvoir nécessaires) qui limiteront les errements. Un joueur étranger ne devrait être recruté que sur la foi d'un dossier technique (sélectionné dans son pays, nombre de sélections en équipe A, régularité et cheminement de carrière, etc.). En l'état actuel des choses, les clubs s'enflamment sur la foi d'un CV concocté sur la terrasse d'un café et amplifié par l'intermédiaire de moyens peu convaincants. Le club est victime de ces procédés et les dépenses en devises fortes coûtent cher au pays qui, faute de formation au sein des clubs, de critères techniques solides et crédibles mis en place, ne dispose d'aucun moyen d'appréciation. Lors de la Journée nationale du sport et de l'esprit olympique, des consignes ont été données pour examiner cette question et pour mettre un terme à ces coûteux errements. La FAF le fera-t-elle dans la foulée de la mise en place de la commission de contrôle de la gestion des clubs? Ce sera le début de la sagesse. Le football algérien a toujours compté sur sa manne juvénile. Cela a donné des talents précoces et des champions hors pair. Un âge d'or même. Ce temps est révolu. Il y a d'autres raisons peut être. Dès l'Indépendance et pendant près de quatre décennies, les catégories jeunes ont été les principales fournisseuses de notre football d'élite. Les anciens se souviennent : ce fut une période cohérente et prolifique. On prospectait des talents précoces dans les matchs de quartier. On faisait signer des licences. Puis, de poussins en minimes, de cadets en juniors, ces talents mûrissaient, se développaient, jusqu'à rejoindre, naturellement, le rang des effectifs seniors. Mieux : ces jeunes étaient l'objet de toutes les attentions. On les confiait aux meilleurs spécialistes, aux meilleurs éducateurs. On leur organisait des concours nationaux pour les faire connaitre, pour les stimuler. Leurs compétitions étaient, en outre, régulièrement suivies. Les supporters venaient chaque vendredi matin, en grand nombre, encourager leurs futurs champions. On accompagnait la relève. C'était la seule, l'unique relève. Ce temps n'est plus. Le football professionnel a pris place. C'est un football plus riche, sans doute, dit-on, mieux structuré, plus scientifique. Quel sort réserve-t-il, toutefois, à ces jeunes ? Beaucoup de voix, et non des moindres, se font entendre. Elles s'interrogent, elles avertissent et dénoncent même. La filière professionnelle a peut-être «condamné définitivement» la précieuse «manne juvénile». Les centres de formation ont remplacé les matchs de quartier; ce sont des structures modernes, visiblement organisées. Qu'en est-il dans les faits? Sont-ils d'abord les centres que l'on dit? Ont-ils les formateurs qui conviennent? Ont-ils de vrais moyens? Quel football y enseigne-t-on? Quelles perspectives offrent-ils à leurs jeunes recrues? Sur cela, il y a doute. Et l'on doute, encore plus, à raison, des catégories et des compétitions jeunes. Au sein même des grands clubs, on déplore le manque de terrains, d'équipements, d'encadrement. Le drame des écoles du NAHD, de l'ASMO de l'USM El Harrach, et de l'OMR a été un révélateur. Un petit club a payé le «prix fort» parce qu'il n'a pas les moyens d'assurer à ses jeunes un moyen de transport sûr. Il semble que des équipes plus nanties n'y «parviennent» pas à leur tour. Cette main-d'œuvre étrangère barre la route à nos joueurs. Inquiétant, car si l'on fait de moins en moins appel à nos jeunes, c'est l'avenir du football qui est menacé. Pourtant, les moyens et les infrastructures auraient dû favoriser une relève de qualité. Les joueurs, malgré des moyens beaucoup moins importants qu'aujourd'hui, pouvaient suivre un cursus progressif de formation. L'intérêt des clubs pour les catégories jeunes, la disponibilité des entraîneurs aussi bien pour les seniors que pour les juniors dans un souci de continuité et les participations fréquentes à des tournois européens apportaient la dynamique nécessaire au renouvellement des générations.