Il apparaît comme indispensable à la FAF de réactiver cette catégorie de joueurs. On ne le répètera jamais assez, s'il est un domaine sportif dans lequel l'Algérie a failli c'est dans le renouvellement de ses élites. Surtout en football où il est fait état d'une absence totale d'une politique de formation au niveau des clubs. Il y a quelques jours de cela, nous avons rencontré Fodil Tikanouine, le Directeur technique national du football, à qui nous avons demandé si une équipe nationale de football allait être engagée dans les Jeux méditerranéens qui auront lieu à Pescara, en Italie, vers la fin du mois de juin prochain. Sa réponse a été affirmative mais il a ajouté: «nous nous heurtons, malheureusement, à un très gros problème, à savoir qu'il n'y a pas tellement de joueurs de moins de 21 ans qui jouent avec leurs clubs de la division1. C'est cette catégorie de jeunes qui nous intéresse pour participer à ces Jeux méditerranéens.» Et le DTN de tenter de nous citer les rares éléments qui répondent à ce critère. «Je ne vous parle pas de ceux qui ont une licence mais de ceux qui jouent. Des jeunes, les clubs en ont mais de là à dire qu'ils les alignent, c'est une autre histoire.» Lorsque nous lui disions que nous allions vérifier les effectifs des clubs, Tikanouine nous a conseillé de prendre les feuilles de matchs. «C'est à cette seule condition que vous connaîtrez le pourcentage exact de jeunes de moins de 21 ans qui jouent régulièrement» nous-t-il affirmé. Selon lui, il est indispensable que la FAF réactive le championnat espoirs. «Depuis la mise en veilleuse de cette compétition, il y a trop de déperdition à ce niveau. Le jeune passe de la catégorie juniors à celle de seniors sans période de transition. Quand il est intégré dans l'effectif senior il est voué au rôle de remplaçant quand il n'est pas complètement oublié. On ne peut pas continuer de la sorte. Il faut trouver une issue pour s'en sortir et d'après moi, la relance de la catégorie espoirs avec un championnat qui lui soit approprié est indiquée dans ce genre de circonstance.» Le DTN estime que ces jeunes sont victimes de la trop grande pression qui pèse sur les clubs et leurs dirigeants qui exigent des résultats immédiats. «Au lieu de lancer les jeunes, ces dirigeants font tout pour conserver dans leurs effectifs des joueurs qui ont dépassé la trentaine ou recruter des joueurs venant de pays sub-sahariens. Pour ce qui est de la première catégorie, je comprends qu'on continue à faire confiance à des joueurs trentenaires mais un ou deux joueurs, pas plus. Quant au recrutement des joueurs étrangers, il constitue un véritable barrage à l'éclosion de talents purement algériens. Vous ne pouvez pas savoir combien il est frustrant pour un jeune de s'entraîner tout en sachant qu'il ne jouera pas. C'est une des situations qui font du mal au football algérien.» Tikanouine trouve même qu'il y a abus dans les recrutements de joueurs étrangers. «Il n'y pas si longtemps, j'ai reçu un responsable d'un club de la division 1 qui était accompagné d'un agent de joueurs. Ils étaient venus pour obtenir une dérogation pour que le club en, question puisse recruter un gamin de 15 ans. J'ai bien sûr refusé, parce que la réglementation internationale interdit une telle transaction pour un gamin de cet âge. L'unique raison valable pour qu'il obtienne gain de cause est que ses parents résident d'une manière permanente en Algérie, ce qui n'était pas le cas de ce joueur. Et puis 15 ans, cela veut dire qu'il est susceptible de barrer la route à un jeune algérien du même âge que lui. Notre football n'a pas encore atteint le niveau d'organisation de ce qui se fait en Europe, par exemple au niveau des clubs. Là-bas chaque club a son centre de formation et contribue à développer la discipline.» La FAF essaie, selon ses moyens, de suppléer le ratage des clubs en ce domaine. En collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, elle a lancé, depuis maintenant trois ans, son académie du football ouverte à des gosses qui vont prendre part en mars prochain à la CAN des moins de 17 ans, qui sera organisée par l'Algérie. Il s'agit d'une sélection regroupée en permanence au niveau du lycée sportif de Draria et qui est sous le contrôle et le suivi du trio d'entraîneurs composé de Athmane Ibrir, Hakim Medane et Nouri Layachi. La FAF attend, également, l'ouverture prochaine de la première école nationale de football de Sidi Moussa. «J'ajoute que, toujours avec le soutien du MJS, nous avons ouvert une dizaine de classes sport-études à travers le territoire national. Ce sont des gosses qui auront un enseignement généralisé le matin et qui l'après-midi s'entraîneront sur le terrain», nous a révélé Tikanouine. Cependant, une telle initiative n'est qu'un simple palliatif au grand mal dont souffre le football algérien qui risque de ne pas être capable de monter une sélection des moins de 23 ans pour qu'elle prenne part au tournoi de football des prochains Jeux méditerranéens. Pendant ce temps, nos clubs continueront à injecter de l'argent dans des opérations de recrutements presque d'aucune efficacité et le MJS persistera à croire que le mal du sport algérien réside dans les Fédérations. La galère n'en a pas fini de voguer.