Photo : M. Hacène Par Amine Echikr Le double scrutin de vendredi passé s'avère riche en enseignements au regard de l'absence d'hégémonies locale et régionale des partis politiques. Le courant nationaliste, à travers les partis du FLN et du RND, continuent de représenter plus de 50% de l'électorat. Sans être dans des situations de majorité absolue, ces deux formations, malgré les crises et les dissidences continuent de drainer un nombre important de suffrages autour de leurs programmes respectifs. A leur avantage également leur présence dans la quasi-totalité des circonscriptions. Cette présence au niveau national leur a permis de concourir de manière plus complète que leurs adversaires du jour. Ces deux formations ont réussi à capitaliser plus de 4 millions de voix. Cela démontre que le nombre de militants pour un parti politique et leur présence à travers toutes les communes est un atout non négligeable pour un scrutin.Le choix des candidats est également un élément non négligeable pour une victoire dans des élections. Si le FLN et le RND ont réussi le pari de garder certains de leurs fiefs, ils ont également perdu certaines APC, qui seront gérées par des militants de nouvelles formations politiques mais qui, en fait, s'avèrent être d'anciens militants ou élus de ces deux partis. Sur la wilaya d'Alger, les scores de A. Bettache (MPA), pour l'APC d'Alger-centre, et de Mme Belaïd (Mostakabel), tous deux anciens élus du RND, démontrent que le vote ne se fait pas seulement pour un sigle mais aussi autour des noms de ceux et celles qui doivent en défendre les couleurs. Au niveau du classement, le MPA, d'Amara Benyounès, aurait créé la surprise, sauf pour ceux qui s'intéressent à la chose politique. Le nombre de listes déposées par ce parti augurait déjà d'un bon score. La composition militante est également un élément d'appréciation pour ceux qui veulent jauger l'implication des uns et des autres au niveau local et national. En effet, le Mouvement populaire algérien est certes composé d'un nombre important d'anciens cadres du RCD, mais il a réussi l'intégration de militants RND et de nouvelles têtes prêtes à en découdre lors de joutes électorales. Le MPA s'est donc illustré particulièrement dans les wilayas du centre et de l'Ouest. Amara Benyounès peut s'enorgueillir d'avoir remporté la gestion de sa commune de naissance. En effet, ses adversaires politiques l'attaquaient sur le faible score obtenu dans cette commune lors des législatives de 2007. Il en va de même pour les militants d'El Moustakbel, de Belaïd, et d'El Fedjr el Djadid de Benbaïbèche. Pour les deux formations, la composante militante est issue des rangs du FLN et du RND.El Moustakbel, que l'on dit proche de Ali Benflis, a fait ses meilleurs scores dans les wilayas du sud-est et des Hauts-Plateaux, alors qu'El Fedjr, parti du meilleur opposant à Ahmed Ouyahia, réalise ses scores dans le Nord-Est.L'opposition ne semble pas être une posture qui paye pour les partis politiques. Les islamistes ne cessent de perdre des voix depuis qu'ils ont décidé de quitter le gouvernement et l'Alliance présidentielle. Leur score, toutes listes confondues (Alliance Algérie verte ou partisane ; NDLR) est relativement faible et n'excède pas les 650 mille voix. Ils n'ont pu arracher que 10 APC à la majorité absolue. Cette descente aux enfers des islamistes montre la perte de crédibilité de ces formations après les dissidences à répétitions et la perte de confiance suite aux affaires dans lesquels ont été mis en cause bon nombre de leurs élus et de leurs ministres. Leur gestion des affaires publiques leur a fait perdre de leur «sacralité» aux yeux des électeurs.A un niveau plus régional, la Kabylie est en passe de perdre sa «particularité» pour une autre. Longtemps considérée comme les fiefs du RCD et du FFS, les communes de Tizi Ouzou et de Béjaïa tendent de plus en plus vers une gestion par des militants dissidents. Ces derniers font une percée notable dans certaines communes à l'instar de Seddouk et Tazmalt. Les partis que l'ont disait à fort ancrage dans la région continuent à être leaders mais se voient de plus en plus bousculés par le FLN et le RND. Ces deux formations perdent également leurs images de partis régionaux en faisant des percées dans des villes comme El Khroub (Constantine), où le choix de la tête de liste a été déterminant. Le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, malgré un nombre de voix quasi équivalent à celui des islamistes, ne remporte que 72 sièges. Il semblerait que le PT est celui qui a le plus perdu en raison de l'écueil des 7% imposé par l'amendement de la loi électorale. Si la «passionaria» bénéficie d'une aura certaine, elle ne semble pas posséder de bastion local ou régional.La participation des autres formations politiques étant assez faible aucune projection où analyse ne peut en être faite. Les militants du TAJ de Amar Ghoul qui se sont présentés sur les listes indépendantes Amal El Djazair, n'ont pas eu de résultats significatifs. Sur le chapitre des genres et malgré la loi, les femmes élues ne seront pas plus de 20% du total, avec 4 120 sur 24 891 élus. Les contacts entre partis sont en cours pour les wilayas et communes sans majorité absolue. Les alliances se feront sur un double aspect : la gestion des assemblées et l'élection, à la fin du mois ou début janvier, de 48 nouveaux Conseillers de la Nation. Cette dernière élection compliquera d'avantage les contacts entre partis et indépendants, tout en réservant des surprises pour des alliances contre nature.