Le costume nuptial de Tlemcen a été inscrit, mercredi dernier, par l'Unesco sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, à la faveur de la 7e Session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui se tient au siège de l'agence onusienne à Paris. Pour motiver sa décision, le Comité a affirmé que les rites et les savoir-faire artisanal associés à la tradition du costume nuptial de Tlemcen ont été transmis de génération en génération par les hommes et les femmes de la communauté, et servent de marqueur d'identité locale. Il a estimé que cette inscription pourrait encourager le dialogue mutuel entre les communautés et les groupes, tout en sensibilisant à d'autres pratiques et rituels vestimentaires de la région méditerranéenne et d'ailleurs.Les rites et le savoir-faire associés à la cérémonie du mariage dans la région frontalière de Tlemcen ont été inclus, en 2010, dans une base de données nationales des biens culturels immatériels, géré par le ministère de la Culture. L'inscription du costume nuptial tlemcenien sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité n'a reçu aucune objection de la part des membres de l'organe subsidiaire du comité ad hoc de l'Unesco. Pour le directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), Slimane Hachi, qui a présenté le dossier algérien à l'Unesco, au nom de la ministre de la Culture, «cette consécration oblige l'Algérie et la communauté directement concernée à maintenir cette tradition du costume nuptial et à la transmettre fidèlement de génération en génération». Pour l'anthropologue Leila Belkaïd, qui a travaillé sur le dossier d'inscription du costume tlemcénien, c'est tout l'artisanat algérien que «nous avons la fierté de pouvoir faire connaître au monde aujourd'hui pour la première fois». Aux yeux de l'auteure du beau livre Costumes d'Algérie (2003), une telle inscription au patrimoine de l'humanité encourage les chercheurs à se spécialiser dans des domaines du patrimoine où «nous avons des lacunes énormes, comme dans le costumé, où nous sommes extrêmement peu nombreux». «On aimerait vraiment qu'il y ait un maximum de chercheurs qui puissent réaliser, à travers des projets comme celui d'aujourd'hui, que notre patrimoine est absolument fondamental et que justement le 50e Anniversaire de l'indépendance c'est de se dire que l'objectif premier de cette indépendance consiste à se rapproprier son identité, et cela passe par le patrimoine», a-t-elle ajouté. Le costume nuptial, tlemcenien est le second bien immatériel algérien à être classé patrimoine culturel de l'humanité. En 2008, le même comité avait inscrit l'Ahallil dans le même chapitre. L'Ahallil, exprimé par des chants folkloriques typiques à la région de Timimoun (Sud), est une fête d'origine Zénète célébrant la naissance du prophète de l'islam. Par ailleurs, l'Algérie devra soumettre sept autres dossiers pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. «Nous avons monté plusieurs dossiers qui seront examinés, au fur à mesure des sessions du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel. Pour le cycle 2013, le Rekb (cavalerie) des Ouled Sidi Cheikh (El-Bayadh, sud-ouest algérien) et l'Imzad, dossier à présenter en partage avec le Niger et le Mali, seront soumis à l'organe subsidiaire du comité ad hoc», a indiqué M. Hachi. A ces deux dossiers, s'ajoutent ceux de la Sbeïba de Djanet, du Sboû de Timimoun, célébrant la naissance du prophète Mohamed, des tissages du burnous, de la musique maghrebo-andalouse et du couscous, en tant que patrimoine culinaire maghrébin ancestral.Selon la Convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel, un Etat-membre ne peut présenter qu'un seul dossier par session du comité ad hoc de l'Unesco, en plus d'un autre dossier à présenter éventuellement au titre du patrimoine partagé avec un ou d'autres pays. W. S./APS