Après l'euphorie des «révolutions», les choses sérieuses commencent pour la Tunisie et la Libye qui doivent faire face au retour du boomerang. Au-delà des problèmes socioéconomiqes auxquels les nouveaux pouvoirs font fasse et qui s'expriment tous les jours à la faveur de l'ouverture démocratique qui a levé toutes les inhibitions mais a libéré aussi toutes les contradictions historiques longtemps étouffées par des régimes dictatoriaux, les questions de sécurité nationale et régionale se posent avec acuité et nécessitent des mesures urgentes, internes pour chaque pays ainsi que des mesures aussi urgentes tant au plan bilatéral que multilatéral. La révolte qui a détruit violemment le régime de Kadhafi, a ouvert la boîte de pandore qui a aggravé l'instabilité chronique du Sahel et menace la sécurité intérieure de tous les pays maghrébins. Les avertissements lancés par l'Algérie quant au risque de voir l'arsenal militaire libyen tomber entre les mains des terroristes n'ont pas été pris au sérieux à temps. Aujourd'hui, ces armes sont en grandes quantité à la merci d'Aqmi et du Mujao et une autre partie chez Ansar Eddine et le Mnla, alors qu'une autre quantité a été interceptée en Algérie et en Tunisie. Dimanche dernier, les services de sécurité tunisiens ont arrêté à Tberka, un groupe d'individus en possession d'armes alors que d'autres individus ont réussi à prendre la fuite. Hier, un gendarme tunisien a été tué dans des affrontements avec des hommes armés dans la région de Kasserine près des frontières algériennes, a affirmé une source sécuritaire tunisienne qui a précisé que l'accrochage se poursuivait. Selon cette source haut placée, un gardien d'une société de prospection pétrolière a repéré «cinq hommes barbus» au comportement suspect à proximité de la localité tunisienne de Bou Chebka, à 2 km de l'Algérie voisine, et a prévenu la garde nationale, l'équivalent tunisien de la gendarmerie. «Le chef du poste s'est rendu le premier sur place et a été abattu», a expliqué ce responsable, qui a indiqué que ces hommes étaient probablement des «trafiquants d'armes». Il n'était pas en mesure de dire, s'il s'agissait de salafistes jihadistes, mouvance islamiste radicale responsable de plusieurs attaques sanglantes en Tunisie depuis la révolution de janvier 2011. La Tunisie qui était un havre de paix, est en train de connaître une évolution inquiétante de la violence armée grâce aux armes venues de Libye et qui ont transité par des frontières passoires pourtant loin d'égaler les 800 km de désert qui séparent l'Algérie et la Libye. Sur cette question de sécurité régionale, la coopération bilatérale est louable mais ne suffit pas. Les cinq pays maghrébins sont condamnés à s'entendre sur ce problème qui menace tous les pays de la région. Cette entente est d'autant plus urgente que la situation dans le Sahel risque de déborder sur le Maghreb au cas où une intervention militaire dans le nord du Mali est décidée. A. G.