Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Si la direction de l'hôpital venait à accélérer le processus d'acquisition des réactifs, la cytogénétique démarrerait incessamment au CHU de Constantine et précisément au service d'histologie, selon son responsable, le professeur A. Sekhri. De fait, le matériel devant permettre d'élaborer le caryotype (représentation photographique des chromosomes, qui permet de déceler d'éventuelles anomalies dans leur structure) et qui a coûté la bagatelle de 5 millions de dinars, attend le coup de starter des responsables sanitaires. «Ce sera une première dans une structure du rang de CHU. Le diagnostic rapide permettra aux malades d'être pris en charge illico presto. La majorité des services vont bénéficier de cette technologie qui a tardé à voir le jour, mais nous restons fiers de l'avoir introduite au CHU», se félicite le professeur. «On ne veut pas entamer une opération pour la freiner dans si peu de temps. Cela dit, je demeure toujours dans l'attente des produits. A cet effet, le directeur de l'hôpital en a été saisi. Une fois le laboratoire opérationnel, il ne serait pas permis d'invoquer aux patients concernés une quelconque défaillance qui incomberait aux gestionnaires», ajoutera-t-il. Mieux, le service d'histologie, lié à l'hôpital de Strasbourg (France) par convention, échangera on line les résultats en cas de suspicion des bilans. Sur un autre registre, le caryotype permettra un diagnostic prénatal au 1er trimestre de la grossesse. «En cas d'anomalie chromosomique dans des cellules amniotiques, on devra recourir à l'interruption de la grossesse», explique notre interlocuteur. Par ailleurs, ce même service entamera, d'ici la nouvelle année, la procréation médicale assistée (PMA), qui entre dans le cadre du programme national de reproduction. Il sera le premier à l'échelle nationale, et au Maghreb, à lancer la procréation de bébés in vitro. C'est à la suite de l'instruction n°300 du 15 mai 2000 qui «fixe les bonnes pratiques cliniques et biologiques», et qui fait que la PMA verra le jour, si tout se passe bien, au début du mois de janvier 2009. «La réussite est probable à 25%», atteste M. Sekhri. Cependant, il semble que le matériel destiné à la PMA et qui a coûté 10 millions de dinars n'a pas encore été livré intégralement. «Il nous manque le microscope inversé», révèle notre source, qui met à l'index des personnes qui bloquent «tout effort au niveau du CHU quant à la mise en place de procédés réfléchis, en dépit de la bonne volonté du président de la République concernant son action relative à la réforme hospitalière». Un frein, selon notre interlocuteur, qui favorise sans aucun doute le secteur privé. Pour en revenir à la vocation du labo d'histologie, le professeur indiquera qu'il est chargé du dépistage et de la prévention du cancer du col de l'utérus, (le deuxième en Algérie), par une technique simple et peu coûteuse : le frottis (FCV). Là aussi, le dépistage est confronté souvent à un manque de réactifs, ce qui oblige les malades à chercher d'autres solutions onéreuses. «Il importe aux responsables de savoir gérer leur stock et prendre en considération nos prévisions, qui se font annuellement selon une approche étudiée.» Le service d'histologie, conventionné avec 6 autres CHU de l'est du pays, regroupe en son sein 12 maîtres assistants et plus de dix résidents. Le professeur Sekhri, qui est membre de la Société française de génétique à Strasbourg au sein de laquelle il a obtenu son diplôme, voudrait perfectionner cette équipe périodiquement. En somme, la génétique pourrait être à l'honneur au secteur sanitaire constantinois, pour peu que les responsables se décident à lever tous les verrous, telle l'indisponibilité de réactifs, qui bloquent son essor. Cela éviterait aux malades des déplacements contraignants en Tunisie ou d'aller vers les cliniques et laboratoires privés locaux. Il suffirait d'ouvrir la voie aux potentialités et compétences algériennes.