De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi «La prévention et le traitement des infertilités font partie intégrante des objectifs nationaux de santé reproductive.» Pourtant, cet aveu de la tutelle consigné dans l'instruction n° 300 du 15 mai 2000, fixant les bonnes pratiques cliniques et biologiques en assistance médicale à la procréation, n'a pas encore apporté son lot de bonheur aux milliers de couples stériles vivant dans le désarroi pour ne pas voir «une risette» de bébé ou entendre son pleur dans la nuit. Présentement, devant l'absence, voire la démission des établissements publics, notamment les CHU, à introduire cette opportunité médicale, les cliniques privées sont les maîtres à bord tirant le maximum de profit de cette technique dite in vitro la (FIV). Le coût de cette opération «à injection» est assommant mais cela ne réussit pas toujours, estime un médecin spécialiste. Le taux de succès est de 25 %. Des familles sont privées d'enfant pour des causes endogènes «immunologiques, génétiques, endocriniennes» et des causes exogènes : les infections liées aux maladies sexuellement transmissibles ainsi que les complications de l'avortement ou de l'accouchement relativement répandues dans les pays en voie de développement. C'est un fragment des explications joint à la directive du ministère mettant en relief le drame généré par l'infertilité qui «constitue un drame au plan psycho-affectif et social, causant un dysfonctionnement au sein de la famille et conduit, dans les cas extrêmes à sa la dissolution». Le CHU Ben Badis devrait étrenner la procréation médicalement assistée dans le service d'histologie, d'embryologie et de génétique d'ici début 2009 au bonheur des centaines de couples qui ne peuvent se permettre le secteur privé. Pour l'heure, rien de concret n'émane de la direction hospitalière qui temporise sur cette option en dépit d'une directive claire. Cette indifférence laisse plus d'un médecin douter de ce «gel» qui se répercute positivement sur les caisses du secteur privé. Soucieux du retard accusé dans l'application de ladite circulaire, le médecin-chef, Sekhri, chargé du service d'histologie et acteur principal du développement de la PMA, avait fait un rappel au nouveau ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, M Barkat, en lui adressant une correspondance le 28 octobre 2008 dans laquelle il réitère sa volonté de «la mise en pratique de la procréation médicalement assistée au sein de mon service , le diagnostic prénatal et le développement des tests ADN». Pour convaincre la tutelle, l'expéditeur insistera sur l'existence d'«une équipe pluridisciplinaire formée entre 2002-2005 et qui maîtrise parfaitement les techniques de la PMA». Malheureusement, il y a un blocage quelque part, analyse notre interlocuteur sans pourtant signifier au ministre les «entraves» qui freinent le démarrage de la machine, le sollicitant plutôt pour l'acquisition de matériel et de réactifs (milieux de culture, etc.). Par ailleurs, on apprend par le biais du médecin-chef que des médecins algériens installés en Suède et en Belgique ont manifesté leur intérêt d'investir le créneau de la PMA au niveau du CHU. «Hélas, cela coince ! La direction ne lance que des promesses pour l'octroi du dispositif. Pour l'heure, rien de concret n'a matérialisé le service.» Que manque-t-il aux pourvoyeurs de fonds pour donner le coup de starter à la PMA ? «Ce ne sont pas les moyens financiers qui font défaut à l'hôpital, soutient le Pr Sekhri. C'est une bagatelle qui ne dépasserait pas les 6 0 000 dinars qu'il faut débloquer. Un microscope et un micromanipulateur sont les outils nécessaires.» Le CHU pratiquera la FIV et l'ICSI En plus de la fécondation in vitro, le CHU ambitionne de pratiquer une seconde technique, celle de l'injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI), mise au point en 1992 par le Belge André Van Steirteghem, pour faciliter «la fécondation dans le cas d'un échec de la FIV», explique Sekhri en ajoutant que «le taux de réussite est estimé à sa valeur supérieure. On l'utilise également pour pallier certaines anomalies des spermatozoïdes qui les empêchent de féconder». Par ailleurs, il fera part d'un nouveau mode de dépistage précédant la «mise» de l'embryon dans l'utérus et que son service est en mesure d'effectuer sans bavure pour y avoir été formé. Il s'agit d'une «technique de sélection embryonnaire» appelée le diagnostic génétique préimplantatoire (DIP). Ce procédé permet «un transfert sélectif d'embryons dépourvus d'une anomalie génétique donnée». «Au stade embryonnaire, on détecte les cellules touchées et on les ‘écartera‘ avant d'effectuer la fécondation.» Toutefois, cette technique appelle une fécondation in vitro pour obtenir un embryon humain qui doit être «ex utero pour être accessible au diagnostic. Le diagnostic biologique est pratiqué à partir de cellules prélevées sur l'embryon in vitro par une biopsie embryonnaire généralement réalisée sur des embryons humains de 3 jours. Enfin, le diagnostic de l'anomalie génétique est réalisé par des techniques de biologie moléculaire. Ne seront transférés in utero que les embryons dépourvus de l'anomalie recherchée», écrit Frédérique Dreifuss-Netter, professeur agrégé à la faculté de droit de l'Université Paris 5. Ce grand projet qu'ambitionne le département d'histologie du CHU dont le coût «est dérisoire» comparativement à ce qui se dépense n'attend, en effet, qu'un coup de pouce en vue de former «le maximum de personnel entre médecins, biologistes, LMD et techniciens, pour parvenir à maîtriser toutes ces techniques. Sur ce dernier point, le ministère de l'Enseignement supérieur aurait donné son aval pour les volets formation et recyclage». «Il est temps que tous les CHU adoptent des réformes avec des équipes pluridisciplinaires comme c'est le cas dans les autres pays», a souligné le médecin-chef .En définitive, malgré la circulaire ministérielle relative à la PMA, les «ovocytes» cherchent désespérément leur compagnon pour donner un embryon, empêché de voir le jour en raison de «blocage», juge-t-on. Ce n'est que le ministre de la Santé qui pourrait mettre à exécution «la note» de la joie permettant l'ultime tentative d'avoir un bébé.