Le protocole d'accord signé par les représentants à Tizi Ouzou du FFS, du FLN et du RND a été mis à rude épreuve dans plusieurs communes de la wilaya où les élus du parti d'Ahmed Ouyahia n'ont pas respecté l'accord en offrant leurs voix aux candidats d'autres partis politiques, notamment ceux du RCD que l'accord mettait en minorité dans la plupart des communes de la wilaya. Les opérations de vote pour la présidence des APC, qui devait se tenir au maximum quinze jours après les élections locales du 29 novembre dernier, ont donné le parti de Mohcine Belabbas à la tête d'au moins 18 communes de la wilaya, dont huit n'avaient pas besoin de vote, le RCD y ayant arraché la majorité absolue.Il faut dire que cette situation ne surprend pas les observateurs et autres militants avertis, dans la wilaya de Tizi Ouzou, où le parti de l'ex-chef du gouvernement a choisi des candidats parmi les transfuges d'autres partis politiques qui ne se reconnaissent nécessairement pas dans les instances politiques de leur parti. Des dizaines de candidats, dont plusieurs têtes de listes qui se sont présentés sous la bannière du RND, sont en effet des militants en rupture avec leurs anciens partis comme le FFS, le RCD et même le FLN. Cela dit, ce n'est pas l'avis de certains militants de partis politiques, notamment du côté du FLN, où l'on soupçonne le RND de jouer double jeu. En effet, une source proche du mouhafadh de l'ex-parti unique, parle carrément de «trahison» dont se serait rendu coupable le RND. Pour lui, le RND s'est rapproché du FFS et du FLN rien que pour participer à la gestion de l'APW dont le vote n'avait pourtant pas besoin des élus du RND pour assurer la présidence au candidat du FFS. Si cette lecture n'est pas à exclure, elle reste difficile à expliquer dans la mesure où les instances politiques du RND ne restent pas les bras croisés devant l'attitude de leurs élus locaux, comme le candidat tête de liste à l'APC de Tizi Ouzou Mohamed Nesnas qui a été radié au lendemain de son vote en faveur du candidat RCD.Ce problème est également vécu avec une ampleur moindre par le FFS dont certains élus ont voté en contradiction du protocole d'accord. Une élue de ce parti, à l'APC du chef-lieu, a en effet violé cet accord en votant pour le candidat du RCD, donnant ainsi la seule voix (avec le vote de trois élus RND) qui manquait à Ouahab Aït Menguellet pour devenir maire. C'est cependant une élection qui reste suspendue à une décision de justice après le recours déposé par le FLN qui conteste le vote d'un élu RND effectué par procuration. La décision de la justice est attendue pour le 17 décembre, a-t-on appris auprès de militants de l'ex-parti unique qui présentait seul un candidat face à celui du RCD lors de cette élection.Cela dit, la campagne d'élections et d'installations ne s'est pas déroulée partout dans le calme, puisque dans certaines communes, des militants ont été mobilisés dans des rassemblements de protestation pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme des «coups d'état» dans les communes où la liste sortie première du double scrutin du 29 novembre dernier a été empêchée de prendre les rênes des communes concernées, par des alliances de partis ou d'élus. Comme c'est le cas dans les communes de Tighzirt, Mechtras, Makouda, Frikat et Sidi Naâmane. Le déroulement du vote pour l'élection du président d'APC a dû être reporté dans certaines communes ou transféré vers les sièges de daïras, à cause de la présence de manifestants mécontents devant les sièges de mairies. Notamment, des militants et sympathisants du RCD qui contestent l'élection d'autres candidats que ceux de leur parti à Tighzirt et Makouda où le RCD était arrivé premier le 29 novembre. Les militants du FLN ont également manifesté à Sidi Naâmane où le candidat de leur parti semble vivre le même problème.Le RCD reprend donc la première place dans la présidence des communes avec au moins 18 APC acquises. Cela reste un recul par rapport à ses résultats du 29 novembre, quand il est sorti premier dans 27 communes de la wilaya, mais un rebond après sa mise en minorité par l'accord FFS-FLN-RND qui allait limiter son emprise dans moins de dix communes. De son côté, le FFS devrait diriger le même nombre de communes où il est sorti premier à l'issue du scrutin local, c'est-à-dire 14 APC, alors que le FLN reste le grand perdant des élections et même de l'accord signé avec le FFS et le RND, vu que la volte-face des élus RND était visible plutôt au niveau des communes que le FLN devait gérer selon les termes de l'accord. Et vu de l'extérieur, c'est le RND qui a augmenté le nombre de communes à gérer comparativement à celles où il est sorti premier, mais il reste à savoir si les élus de ce parti resteront dans ses rangs après tout ce qui s'est passé comme «volte-face» et «trahison». Enfin, Tizi Ouzou aura au moins onze mairies que dirigeront des élus issus de listes de candidats indépendants, deux autres sous les couleurs du MEN, une au nom de l'ANR et une dernière sous la bannière du Front de l'Algérie Nouvelle.