La multiplication des zones d'instabilité sur nos frontières inquiète les chercheurs quant à l'accentuation des migrations de crises. «C'est un sérieux défi pour le pays», ont estimé des chercheurs ayant participé, mardi, à la commémoration de la Journée internationale des migrants, organisée par le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) sis à l'université de Bouzaréah. «Il faut faire attention», avertit M. Mohamed Saib Mussette, directeur de recherche au centre. Dans un contexte marqué par la multiplication de crises dans les pays voisins, l'Algérie se trouve face à un flux migratoire qui risque de s'accentuer à l'avenir. Cette situation est d'autant plus complexe que les accords bilatéraux signés par les pays deviennent inopérationnelles dès que l'un des pays est en situation de crise. «L'Afrique du Nord est une parfaite illustration de cette migration de crise. Et dans pareille crise, aucun accord ne fonctionne», fait-il remarquer. L'inquiétude exprimée par le conférencier est par ailleurs confortée par l'avenir incertain pour certains pays, notamment le Mali. «On ne sait pas quelle sera l'évolution des choses et combien va durer cette situation», souligne le chercheur. Il ajoutera que la situation risque de s'aggraver en cas d'intervention militaire au Mali. Un tel scénario renforcera sans doute le flux migratoire vers l'Algérie, qui sera amenée, dira-t-il, à «ouvrir un couloir humanitaire pour les potentiels migrants». Cette évolution, au demeurant très probable, devrait préoccuper les autorités algériennes. «Il y a une nécessité de réfléchir sur ces mouvements migratoires. Car, à l'avenir, on risque de subir ces phénomènes», nous déclare l'universitaire et chercheur au Cread, M. Hocine Labdelaoui, en marge de la conférence. Pour notre interlocuteur, «il faut des solutions stratégiques à la place des solutions conjoncturelles et imposées». M. Labdelaoui s'est, par ailleurs, dit étonné de la démarche suivie par les autorités dans le traitement de ce phénomène. «Les pouvoirs publics donnent l'impression de ne pas avoir besoin de la connaissance des migrants pour gérer la migration», a-t-il relevé. Et de conclure, dans ce sens, que «les autorités publiques ont plutôt une approche administrative, sécuritaire et réglementaire, alors que le phénomène recommande une approche politique, sociale et humanitaire». L'universitaire explique que «le migrant est considéré comme une catégorie juridique et pas comme une catégorie sociale». A. Y.