Photo : Riad Par Youcef Salami Huit accords et textes ont été signés, mercredi dernier à Alger, en présence des présidents des deux pays, Abdelaziz Bouteflika et François Hollande. L'accord de partenariat, tant attendu, entre le constructeur français Renault, et l'Etat algérien a été signé par Hamoud Tarzouti, P-dg de la Société nationale des véhicules industriels (Snvi), et le directeur général du Fonds national d'investissement (FNI), côté algérien, et par Jean-Christophe Kugler, directeur des opérations du groupe Renault pour l'Europe, la Méditerranée et l'Afrique, côté français. L'accord se rapporte à l'implantation d'une usine de fabrication automobile située dans la région d'Oran. A cet accord s'ajoutent une déclaration sur le partenariat industriel, une convention de partenariat et de coopération dans le secteur agricole, un mémorandum de coopération financière, un arrangement administratif se rapportant à la coopération en matière de protection et de sécurité civiles, un procès-verbal d'échange des instruments de ratification et d'approbation de l'accord de coopération dans le domaine de la défense, un document-cadre de partenariat pour la période 2013-2017, et, enfin, la Déclaration d'Alger sur la coopération et l'amitié. Plusieurs ministres algériens et français ont assisté à la cérémonie de signature. On peut citer, entre autres, les ministres des Affaires étrangères, Laurent Fabius, du Redressement productif, Arnaud Montebourg, de l'Agriculture, Stephane Le Foll, de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de l'Intérieur, Manuel Valls, et du Commerce extérieur, Mme Nicole Brick, pour la délégation française. Pour le gouvernement algérien, il y avait les ministres de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïsssa, des Finances, Karim Djoudi, des Affaires étrangères, Mourad Medelci, de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Chérif Rahmani, et le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia. De tous ces accords, c'est sur celui relatif à la construction de l'usine Renault en Algérie que les débats se sont le plus focalisés ces deux dernières années. Le projet en question sera opérationnel dans dix-huit mois, selon Cherif Rahmani. Le chef d'Etat français a évoqué l'importance de cet accord, de moins d'un milliard d'euros d'investissements. La future usine démarrera avec un taux d'intégration industrielle de 42%, a indiqué M. Rahmani, qui a déclaré qu'une conférence de presse sera organisée dans les prochains jours pour donner plus de détails sur ce projet. Ce sera une unité de production tournée beaucoup plus vers l'exportation, avec des débouchés sur le marché algérien et sur d'autres «en dehors de l'Europe», ajoutera-t-il. L'accord paraphé mercredi dernier accorde à Renault une exclusivité de trois ans sur le marché algérien. La production de véhicules devrait démarrer dans un premier temps avec 25 000 unités par an, pour atteindre 75 000 véhicules sur une courte période. Le constructeur français, numéro un en Algérie, a écoulé 111 000 voitures sur le marché algérien sur les onze premiers mois de l'année en cours, soit une hausse de près de 50% par rapport à la même période de 2011. Le marché algérien devrait atteindre environ 450 000 voitures en 2012, contre 300 000 l'année dernière. Le projet de l'unité de fabrication automobile a été monté selon les dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009, avec la règle du 51/49%. L'Etat algérien a ainsi la majorité dans le projet. Il accapare 51% des actions, dont 15% sont détenus par la Snvi et 36% par le FNI, et 49% par le constructeur français. Le site choisi, au départ, pour l'implantation de l'usine était Bellara, dans la wilaya de Jijel. Une délégation de Renault s'y est même déplacée pour étudier le site. Elle en est repartie un peu déçue, estimant que Bellara ne constitue pas un bon «bassin d'emplois». Au final, Renault opte pour un site situé à Oran. Cette unité de production automobile aura d'évidence de l'impact sur l'économie nationale. Elle permettrait à la sous-traitance, une filière embryonnaire aujourd'hui, de se développer. Actuellement, environ 500 entreprises algériennes opèrent à plein-temps dans le segment de la sous-traitance. C'est peu comparé au nombre d'entreprises impliquées dans la sous-traitance au Maroc (2 000) ou en Tunisie, pour ne citer que les deux pays voisins. Seule la Snvi se distingue aujourd'hui des entreprises nationales en matière de sous-traitance : elle traite avec 120 sous-traitants locaux pour 400 millions de dinars. Elle prend ainsi une longueur d'avance en la matière. Les sous-traitants de la Snvi pourraient intégrer le projet Renault. Une cinquantaine d'entreprises ont été déjà identifiées pour être intégrées dans ce projet dans le cadre de la sous-traitance. Le projet d'implantation d'une usine Renault en Algérie est censé ainsi donner une réelle dynamique à l'industrie mécanique et soutenir une industrie intégrée. L'intégration industrielle que veut l'Etat algérien a aussi de l'importance pour le constructeur français. Le gouvernement algérien en tiendrait compte pour un éventuel retour du crédit à la consommation. L'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) a demandé dernièrement au gouvernement de le rétablir. La proposition a été acceptée par le gouvernement que dirige Abdelmalek Sellal, et des réunions sont prévues pour en discuter. Dans une déclaration récente, le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd, a estimé que lorsque le taux d'intégration est élevé, la production industrielle a forcément le caractère national et du coup elle pourrait être soutenue, entre autres par le crédit à la consommation.
Le différend entre Sonatrach et Total reste entier Si l'accord avec Renault a finalement trouvé concrétisation, il reste cependant que des accords en discussions n'ont pas abouti, pour le moment. Le dossier Total/Sonatrach en fait partie. Les deux compagnies devraient mettre en place, en partenariat, une usine de vapocraquage à Arzew. Le projet, dont le coût d'investissement est estimé 5 milliards de dollars, est en suspens depuis plus de quatre ans en raison d'un différent sur les prix du gaz. Total veut des prix conventionnés alors que Sonatrach entend vendre le gaz au prix des cours du marché. Le montant des investissements français en Algérie se chiffre à 2,5 milliards de dollars, un volume auquel il faudrait ajouter les investissements prévus dans des projets en cours de maturation, à court et moyen termes, dont le complexe Total/Sonatrach et le partenariat entre Lafarge et Gica. Selon les chiffres d'Ubifrance, les flux d'investissements directs français en Algérie ont cependant diminué de 24% entre 2009 et 2010, passant de 431 à 327 millions d'euros. Le stock d'IDE français en Algérie avait été estimé par la Banque de France en 2010 à 1,9 milliard d'euros, en hausse de 26% par rapport à 2009. Onze projets d'investissements français ont été enregistrés en Algérie depuis 2009, dont certains ont été finalisés. Il s'agit entre autres des projets de Saint-Gobain et d'AXA. Depuis 2001 à ce jour, 81 projets français ont été réellement réalisés en Algérie sur les 109 lancés, générant 11 000 emplois durant toute la période considérée. Y. S.
Huit accords et textes signés 1- Accord de partenariat entre le constructeur français Renault et l'Etat algérien. 2- Déclaration sur le partenariat industriel. 3- Convention de partenariat et de coopération dans le secteur agricole. 4- Mémorandum de coopération financière. 5- Un arrangement administratif se rapportant à la coopération en matière de protection et de sécurité civiles. 6- Un procès-verbal d'échange des instruments de ratification et d'approbation de l'accord de coopération dans le domaine de la défense. 7- Un document-cadre de partenariat pour la période 2013-2017. 8- La Déclaration d'Alger sur la coopération et l'amitié.