«Ca va être dur, très dur, mais on va s'en sortir». Après une année 2012 marquée par une croissance atone et une envolée du chômage, François Hollande n'a pas caché, vendredi matin sur Europe 1, que la situation resterait difficile l'an prochain. L'Insee venait alors de prévoir une croissance quasi nulle du PIB pour le premier comme le deuxième trimestre (+ 0,1%). Et, vendredi soir, le Fonds monétaire international (FMI) a enfoncé le clou. «Les perspectives de croissance sont assombries par une reprise chancelante en Europe et un problème de compétitivité vis-à-vis des partenaires commerciaux», souligne l'institution dans son rapport annuel sur la France. Après une faible croissance pour l'année qui s'achève (+ 0,2%), le FMI ne s'attend qu'à une reprise bien modeste en 2013 (+ 0,4%), moitié moindre que celle inscrite à la loi de Finances (+ 0,8%). Dans ce contexte, le France n'arriverait pas à tenir son objectif de ramener son déficit public à 3% du PIB l'an prochain, le FMI estimant plutôt qu'il serait de 3,5 % en 2013. Que devrait faire la France ? Laisser filer un peu le déficit ou prévoir un nouveau plan de rigueur ? «Sur le plan purement conjoncturel, un rythme plus modéré de l'ajustement budgétaire serait approprié, mais les impératifs européens et le marché ont réduit l'espace budgétaire à ce stade», indique le rapport et d'estimer qu'une faiblesse persistante de l'activité dans la zone euro devrait être l'occasion de revoir le rythme d'assainissement budgétaire au niveau européen. Lors des discussions de ce rapport, le conseil d'administration du FMI s'est divisé, certains dirigeants conseillant à la France de «préparer des mesures d'urgence» au cas où la croissance ne repartirait pas, d'autres mettant, au contraire, en garde sur les effets récessifs d'un nouveau plan d'austérité. Pour l'heure, Paris garde le cap. Maintenant les prévisions, Jean-Marc Ayrault a qualifié d' «indispensable» l'objectif d'un déficit à 3%. «La France est engagée dans un combat de redressement, il faut le mener», a-t-il poursuivi. Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a, lui, rappelé «la détermination» du gouvernement «à maintenir le rythme des réformes». Négociation cruciale : Sur ce point, le FMI salue la création du crédit d'impôt compétitivité pour les entreprises et prend acte de la grande négociation en cours sur l'emploi et, alors que les partenaires sociaux doivent se revoir le 10 janvier, le FMI insiste sur cette «occasion unique» d'engager des réformes «significatives». La perte de compétitivité est, certes, antérieure à la crise mais pourrait s'aggraver si la France ne s'adapte pas, juge le FMI, insistant sur les «importantes réformes» que l'Italie et l'Espagne ont, désormais, engagées tant sur leur marché du travail que dans le secteur des services. Enfin, le chantier fraîchement lancé de la modernisation de l'action publique est jugé «bienvenu» mais doit être «soutenu par une plus grande maitrise des dépenses des collectivités locales, le strict respect des limites de dépenses de santé ainsi que les adaptations opportunes de l'âge de la retraite» car si le FMI loue l'engagement du gouvernement à consolider ses finances publiques, il appelle à ce que l'effort repose davantage sur la réduction des dépenses. F. S. (in les Echos.Fr)