Le président égyptien M. Morsi, qui devait s'adresser hier aux Egyptiens, après avoir réussi à faire passer une Constitution controversée à l'origine, n'a pas moins de difficultés qu'avant le référendum constitutionnel. Les résultats officiels proclamés mardi soir donnant 63,8% des voix au «oui», maintiennent entiers les problèmes de l'Egypte de l'après Moubarak. M. Morsi, devait, selon l'agence officielle Mena, évoquer dans son discours «la feuille de route pour la transition démocratique». Son Premier ministre, Hicham Qandil, pour apaiser la tension qui tenaille le pays depuis des mois, a assuré qu'il n'y avait «pas de vaincu» et que cette Constitution serait celle de «tous les Egyptiens. Les Etats-Unis ont appelé le président égyptien à mettre «fin aux divisions» et à «élargir le soutien au processus politique», tandis que la France l'a pressé de «rétablir le consensus dans la société égyptienne». Le camp présidentiel estime que la nouvelle loi fondamentale va permettre de stabiliser un pays à la transition chaotique depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011. L'opposition, qui reproche à cette Constitution d'ouvrir la voie à une islamisation accrue de la législation et d'offrir peu de garanties pour certaines libertés, a répété qu'elle allait continuer de réclamer l'invalidation du vote, entaché, selon elle, de fraudes et d'irrégularités. L'opposition inaudible depuis la victoire des islamistes aux présidentielles de juin 2012, promet de consolider l'amorce d'unité et le regain de pugnacité qui se sont manifestés ces dernières semaines. Un premier test devrait survenir avec des législatives prévues dans deux mois pour renouveler la Chambre des députés, dissoute en juin. Les problèmes de l'Egypte ne se limitent pas au volet politique. Le côté économique est plus complexe. Le gouvernement a décidé de limiter à un équivalent de 10 000 dollars en devises étrangère le montant que tout voyageur peut faire entrer ou sortir du pays, pour limiter les flux de capitaux pesant sur la livre égyptienne, ont rapporté les médias gouvernementaux. Les réserves en devises de l'Egypte ont fondu de 36 à 15 milliards de dollars depuis la chute de H. Moubarak, une grande partie de ces sommes ayant servi à soutenir la livre face au dollar. L'Egypte est depuis près de deux ans confrontée à une forte baisse des recettes du tourisme et à un effondrement des investissements étrangers, tandis que la crise politique a provoqué le report d'une décision très attendue du Fonds monétaire international (FMI) sur un prêt de 4,8 milliards de dollars. Le gouvernement a également gelé des hausses de taxes qui auraient contribué à limiter le déficit budgétaire, mais risquaient d'ajouter une flambée au mécontentement social et à la crise politique. La décision de l'agence Standard & Poor's d'abaisser la note de la dette égyptienne de «B» à «B-», ne rassure en rien les Egyptiens qui craignent de voir ces dettes peser davantage sur leurs menus revenus.