On le présentait aux séances de travail marathoniennes que s'est imposé le président Obama avec ses adversaires républicains. Il avait la ferme volonté d'éviter le choc à ses compatriotes. Quand un président américain s'implique dans une bataille, il ne peut que la remporter. Obama a donc su faire éviter à l'Amérique de se prendre le mur en ce premier janvier 2013. Du moins pas pour l'immédiat. La Maison-Blanche et ses adversaires républicains sont parvenus in extremis à un accord sur les impôts, entériné par le Sénat dans la nuit de lundi à hier, pour éviter la cure d'austérité forcée du «mur budgétaire». «Ni les démocrates, ni les républicains n'ont eu tout ce qu'ils voulaient, mais cet accord est une bonne chose pour notre pays et la Chambre devrait l'adopter sans délai», a indiqué M. Obama dans un communiqué diffusé en pleine nuit. La balle est désormais dans le camp de la Chambre des représentants dominée par les adversaires républicains du président Barack Obama. Lundi soir, au terme de tractations ardues, le vice-président Joe Biden, et le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, ont conclu un compromis qui augmenterait les impôts des Américains les plus aisés et repousserait de deux mois toute coupe claire dans les dépenses. Le Sénat, lors d'un vote qui s'est achevé peu après 8H00 (heure algérienne), a voté en faveur de cette proposition avec une majorité écrasante de 89 voix contre huit. Si la Chambre donne, à son tour, son feu vert au texte, à priori, mardi, les Etats-Unis éviteront les conséquences du «mur budgétaire». Il s'agit d'un cocktail de hausses d'impôts dues à l'expiration des cadeaux fiscaux, hérités de la présidence de George W. Bush et de coupes drastiques dans les dépenses, fruit d'un marchandage datant de 2011 au Congrès. La collision avec le «mur budgétaire» a eu, techniquement, lieu lors du commencement de l'année 2013 sur la côte est des Etats-Unis (6h00), mais ses effets seront limités dans l'immédiat, puisque mardi est un jour férié. L'accord obtenu entre MM. McConnell et Biden prévoit une hausse des taux d'imposition pour les foyers aux revenus supérieurs à 450 000 dollars par an et une extension de l'assurance-chômage. M. Obama avait défendu pendant sa campagne de réélection un seuil à 250 000 dollars mais a dû transiger. Faire accepter de telles hausses d'impôts par les républicains de la Chambre pourrait toutefois s'avérer difficile, car ils ont déjà rejeté, avant Nöel, l'idée d'imposer davantage les revenus supérieurs à un million de dollars. L'accord repousse de deux mois les coupes budgétaires, automatiques, censées entrer en vigueur mercredi, pour donner une fois de plus davantage de temps aux élus d'élaborer un plan de réduction des dépenses. Des économistes ont mis en garde contre une possible replongée de la première économie mondiale dans la récession en cas de blocage durable : si l'accord ne passe au Congrès, les impôts augmenteront de 2 000 dollars en moyenne par foyer et par an. Les marchés pourraient être, en outre, effarouchés par une impasse à Washington. Pour sa dernière séance de l'année, Wall Street a, une nouvelle fois, lundi, fait preuve de nervosité en raison de la situation, avant de clôturer en nette hausse quand M. McConnell a évoqué des progrès dans les négociations. La Bourse de New York ne rouvrira que mercredi matin. Ce choc entre les deux clans en annonce un autre d'ici à quelques semaines. Celui du relèvement du plafond légal de la dette, atteint officiellement lundi. La décision de repousser de deux mois les décisions sur les dépenses risque d'agglomérer ces deux dossiers distincts et, donc, de créer un nouveau «mur budgétaire» encore plus lourd de menaces. Le relèvement du plafond, une prérogative du Congrès, avait déjà donné lieu en 2011 à une crise politique, aiguë entre la Maison-Blanche et les républicains. L'épisode avait valu aux Etats-Unis une dégradation de la note de leur dette par l'agence Standard and Poor's. En attendant que le Congrès vote ce relèvement, l'Administration a annoncé des «mesures exceptionnelles» pour donner quelques mois de sursis au pays et lui éviter un défaut de paiement. G.H/Agences