Photo : Riad Par Fella Bouredji Le ministère de la Culture veut agir. Il propose des initiatives pour booster ce secteur souvent considéré comme secondaire mais qui recèle des possibilités de développement incommensurables. Invitée de l'émission «En toute franchise», de la Chaîne III de la radio nationale, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a annoncé dimanche dernier, des mesures censées être déterminantes pour la promotion de la culture. La plus importante concerne la création, prochainement, d'un Centre national du livre pour chapeauter la politique d'aide à la création littéraire ainsi qu'à sa diffusion. La ministre n'a pas manqué d'expliquer qu'il s'agissait d'un centre qui prendra la forme d'un «observatoire fournissant les instruments fondamentaux nécessaires pour développer la politique du livre ainsi que celle de la lecture». Et pour cause, le développement de la lecture publique a besoin d'un sacré coup de pouce ! A cet effet, elle rappellera le programme «colossal» initié en partenariat avec le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales et consistant en la réalisation d'au moins une bibliothèque par commune à l'horizon 2009. Mais la ministre de la Culture est certainement consciente du fait que l'ouverture de bibliothèques dans toutes les communes du pays ne résout en rien le problème culturel en Algérie ! Mme Toumi a donc mis en avant une initiative plus pertinente pour réconcilier la population avec le livre. Son département coopère avec le ministère de l'Education nationale pour introduire dans les programmes scolaires l'étude d'au moins quatre œuvres littéraires par élève et par année, à compter de la 1re année jusqu'à celle précédant l'examen du baccalauréat. Une initiative qui a le mérite d'attaquer le problème à la racine : l'école. Mais le doute est inévitable sachant que le système éducatif algérien ne cesse d'enchaîner les réformes, les contorsions et déboires qui vont avec. Il est difficile de croire qu'une telle initiative, isolée qui plus est, puisse vraiment agir sur des états d'esprit hermétiques à toute forme de soif de connaissances, de culture et d'ouverture qui règnent dans nos écoles. Il faut aussi souligner que l'initiative concerne exclusivement le livre. Or, le défi et les besoins ne sont pas uniquement dans la lecture, mais dans la culture en général, dans toutes ses expressions… Cela dit, l'espoir est toujours permis… Après le livre, c'est au cinéma d'avoir son lot de changements prometteurs. Estimant que l'ordonnance de 1968 qui régit l'activité cinématographique est devenue «obsolète», la ministre de la Culture a annoncé que son département a initié une nouvelle loi qui devra encadrer et organiser ce secteur, ainsi que le projet de création d'un blockhaus permettant de rapatrier le patrimoine cinématographique national se trouvant à l'étranger. La mise en place d'un système d'aide à la post-production par la réouverture de laboratoires et évitant ainsi de réaliser cette opération coûteuse à l'étranger, est également envisagée. «Nous pensons le faire avec les moyens de l'Etat, en partenariat avec le secteur privé», a précisé la ministre. L'initiative la plus intéressante pour le cinéma n'est autre que la décision de récupérer les salles de projection, pour les réhabiliter et les donner en concession à des jeunes ayant suivi une formation. «Nous formerons des jeunes issus de l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel et des arts du spectacle [ISMAS] et de l'Institut des sciences de l'information et de la communication [ISIC] par l'organisation de stages bloqués», a-elle expliqué en lançant un appel «à toutes les bonnes volontés» pour la relance du cinéma national. Et pour mettre un peu de baume au cœur de tous ceux qui attendent impatiemment que la culture devienne une réalité palpable en Algérie, elle abordera le volet relatif au patrimoine national. Mme Toumi a souligné qu'il est depuis six ans considéré comme une «question prioritaire» et que parallèlement à la batterie de textes d'application venue compléter l'arsenal juridique permettant la mise en application de la loi 78/04 relatif à cette question, son ministère s'est engagé dans une opération d'inventaire de tous les biens culturels du pays. «Nous avons entamé des chantiers énormes», a affirmé la ministre, soulignant que «c'est la première fois depuis l'indépendance que la Casbah d'Alger est classée secteur sauvegardé». En effet, on ne peut contester les avancées réalisées dans la prise en charge du patrimoine, mais il reste encore du chemin à faire, du travail à abattre et d'autres initiatives à prendre. En attendant que ces initiatives soient prises et que celles prises soient concrétisées, il ne faut pas se priver d'espérer…