Sans même examiner les propositions faites, hier, par le président Bachar al Assad, la coalition de l'opposition syrienne, installée à l'étranger, a rejeté dans le fond et la forme le plan de sortie de crise du président Syrien. Les chancelleries occidentales se sont aussi empressées de dénoncer la proposition d'Al Assad et leur franc soutien du rejet de la coalition. Pour sa première apparition publique depuis sept mois, le chef de l'Etat syrien a, pourtant, proposé une solution politique à cette crise sanglante qui secoue le pays depuis 2011. D'emblée Bachar Al Assad a identifié les parties du conflit. Selon lui, le conflit meurtrier en Syrie n'opposerait pas son régime à l'opposition, mais la Syrie à ses ennemis, qui souhaitent la partition du pays. Dans un discours télévisé à partir de la Maison de la culture et des arts de Damas, le chef de l'Etat syrien a affirmé que l'Occident avait «fermé la porte du dialogue». M. Assad, dont le mandat s'achève en 2014, a rejeté l'idée de quitter le pouvoir mais propose que la transition se fasse «par des moyens constitutionnels», en allusion claire à l'organisation de possibles élections. Le président a en outre appelé à un «dialogue national», pour lequel il a affirmé ne pas avoir trouvé jusqu'à présent de «partenaire». L'opposition qui conditionne effectivement tout dialogue par le départ d'Al Assad campe toujours sur cette position. Le président syrien, de son côté, conditionne le dialogue et refuse de s'assoir à une table de négociation où seront assis des groupes armés financés et armés par l'étranger. «Voulez-vous que nous dialoguions avec des marionnettes de l'Occident, qui les a fabriquées et écrit leurs discours ? Il vaut mieux discuter avec l'original, pas avec des gens qui jouent un rôle sur les planches de la scène internationale», a-t-il poursuivi. La coalition de l'opposition syrienne, reconnue par l'Occident, s'est empressée de rejeter la proposition d'Assad. Dans une déclaration à l'agence de presse française, son porte parole, Walid al-Bounni, a soutenu que «lors de la formation de la Coalition nous souhaitions une solution politique, mais l'objectif pour les Syriens est de le sortir (du pays) et ils ont déjà perdu pour cela plus de 60 000 martyrs (...) Ils n'ont pas fait tous ces sacrifices pour permettre le maintien du régime tyrannique». Selon lui, le discours de M. Assad s'adresse principalement «à la communauté internationale. Cette dernière a d'ailleurs réagit rapidement. Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, toujours premier à s'exprimer sur la question, a estimé que le discours du président syrien, Bachar al-Assad, allait «au-delà de l'hypocrisie». «Il est responsable des morts, de la violence et de l'oppression qui engloutissent la Syrie et ses vaines promesses de réformes ne trompent personne». Son homologue allemand, Guido, juge qu'Assad n'exprime «aucune nouvelle prise de conscience» et a demandé son départ pour faire place à «un gouvernement de transition». Le Premier ministre britannique, David Cameron, a, pour sa part, été plus virulent. «Partez: voilà mon message à Assad», avait déclaré le chef du gouvernement sur la chaîne BBC 1. «La quantité de sang qu'il a sur les mains est vraiment impensable», avait-il souligné. La messe est dite. La proposition de Bachar al Assad n'aura pas survécue plus que quelques minutes après son discours. G. H.
Le plan de sortie de crise d'Assad Le plan de sortie de crise proposé, hier, par le président Assad s'articule autour de trois étapes fondamentales inscrites dans une «charte nationale» qui sera rédigée par toutes les parties, avant d'être soumise à référendum Etape 1 : Les pays armant les «terroristes» s'engagent à arrêter de les financer. Arrêt des opérations «terroristes» pour permettre le retour des réfugiés. L'armée syrienne met aussitôt fin à ses opérations, tout en conservant le droit de répliquer en cas de menace contre la sécurité nationale. Mise en place d'un mécanisme permettant de surveiller l'engagement des parties, notamment en ce qui concerne le contrôle des frontières. Etape 2 : Tenue, sous l'égide du gouvernement, d'une conférence de dialogue national auquel participeront toutes les forces. Rédaction d'une charte nationale défendant la souveraineté de la Syrie, son unité et son intégrité territoriale, et rejetant l'ingérence, le terrorisme et la violence. Cette charte doit ensuite être soumise à un référendum. Organisation d'élections législatives, suivies de la formation d'un gouvernement élargi à toutes les composantes de la société, conformément à la Constitution, en charge de faire appliquer la charte nationale. Etape 3 : Formation d'un gouvernement conformément à la Constitution. Tenue d'une conférence nationale de réconciliation et amnistie générale pour toutes les personnes détenues en raison des événements. Reconstruction des infrastructures.