Les travailleurs d'Algérie Poste poursuivent leur mouvement de grève, enclenché dimanche dernier. Hier, ils ont organisé un nouveau rassemblement à la place de la Grande Poste d'Alger, et ont brandi des pancartes dénonçant la gestion de l'entreprise et la non satisfaction de leurs revendications. «Où est l'argent d'Algérie Poste?», lit-on sur une des affiches collées sur le mur du grand édifice. Manière de répondre à l'employeur, qui évoque «une situation financière difficile» ou «une entreprise déficitaire» chaque fois qu'il est interpellé sur la question salariale et la non application de la convention collective, signée en 2003. «Ce n'est pas vrai, l'entreprise n'est pas déficitaire. Rien que pour les taxes sur les retraites, les bureaux de poste font entrer près de 500 millions de centimes chaque mois», déclarent deux anciens employés d'un bureau de poste à Alger. En fait, pour la manifestation d'hier, il n'y a pas que les postiers grévistes de la wilaya d'Alger mais également d'autres, venus de différentes wilayas du pays. Des hommes et des femmes. «Nous sommes décidés à aller jusqu'au bout. Nous ne pouvons plus supporter d'être marginalisés, méprisés», affirment deux autres postiers d'une wilaya de l'intérieur du pays. Les manifestants ont commencé à se rassembler dans cet endroit –qu'ils considèrent être le leur- depuis 8 heures du matin. Aux environs de 14h, un de leur collègue est monté à la tribune (improvisée sur les lieux) et a demandé aux manifestants venus des autres wilayas de rentrer chez eux : «Les gens d'Alger restent mais les autres partent. Nous connaissons les problèmes de transport et d'hébergement. Il vaut mieux donc que vous partiez, à l'instant même.» Et de poursuivre: «Je demande à mes amis d'Alger d'être ici pour un nouveau rassemblement demain à 8 h et, si c'est nécessaire, à la même heure les jours suivants. Je vous informe que d'autres amis d'autres wilayas vont également nous rejoindre. Nous ne serons pas seuls». Les postiers affirment qu'ils sont déterminés à aller jusqu'au bout mais qu'ils sont aussi fatigués de cette situation: «Ce n'est pas chose facile, je vous l'assure. Ça n'arrange ni l'entreprise, qui compte les pertes, ni les employés que nous sommes et qui allons nous trouver avec un cumul de travail qu'il faut rattraper très vite. Nous aspirons tous à un dénouement heureux, mais rien n'est encore visible jusqu'à présent.» Selon les concernés, une rencontre entre le syndicat –qu'ils ne reconnaissent pas- et l'employeur est annoncée pour les prochains jours: «Il est vrai que nous ne nous reconnaissons pas dans ce syndicat mais peut-être que ça va donner quelque chose.» Les postiers misent ainsi sur les résultats de cette rencontre, bon gré mal gré, n'ayant presque pas d'autre choix pour faire aboutir leurs revendications. Aucune date précise concernant la tenue de cette rencontre n'est encore donnée, mais les grévistes pensent qu'elle devrait être imminente: «Ils ont tout intérêt à l'avancer cette rencontre… » Côté citoyens, c'est l'indignation: «Je suis venu d'Annaba. J'ai fait 600 km pour arriver ici. J'ai passé la nuit dans un hôtel. Et là, je trouve que c'est le même problème. Je n'ai pas pu retirer mon argent», indique un sexagénaire. K. M.