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2012 : une année flamboyante pour le 4e art à Béjaïa
Le Théâtre de la ville a connu une activité foisonnante
Publié dans La Tribune le 09 - 01 - 2013


Photo : Sahel
Par Abdelkader Ikhneche de l'APS
En prenant possession des clés du Théâtre régional de Béjaïa Abdelmalek-Bouguermouh (TRB), en 2007, le dramaturge Omar Fetmouche, n'avait en tête qu'une idée fixe et lancinante : refaire au plus vite l'étanchéité de l'établissement et badigeonner ses murs pour lui redonner un semblant d'éclat... fut-il de façade, en attendant «mieux et plus». C'était, son espoir et sa «foi minimale» (adhâaf el iman), pour cette structure au gabarit imposant mais, à l'époque, décrépite, ratatinée et surtout affligée par une succession de drames.

Un théâtre sans troupe
Le TRB peinait, en effet, ouvertement à se remettre de la mort de son ancien directeur, Abdelmalek Bouguermouh, suivie de celle de sa troupe, décimée en partie dans un accident de la route, puis de celle de Azzedine Medjoubi, ravi à la vie au moment où il échafaudait pour lui une kyrielle de projets étoilés. Ce n'était pas tout. Coup sur coup, le théâtre a dû perdre aussi, beaucoup de talents, désespérés par le coup du sort et la détresse qui s'était emparée des lieux et qui s'en sont allés chercher meilleures fortunes ailleurs. Ahmed Khoudi, Mohamed Fellag, Raihana, Naïma Khima, Zahir Benbara, et tant d'autres, en sont les exemples qui ont fui cet espace, «peu accommodant et peu inspirant», mais dont le geste, a rajouté son lot d'infortune. Si bien, que lorsque Fetmouche y pris son magistère, le théâtre, sans troupe, sans moyens logistiques avérés, et structurellement grabataire, était en total naufrage, d'où cette urgence de passer un coup de pinceau, appliqué à la manière d'un bouche-à-bouche salvateur.
Il n'en fallait pas tant. Car, «le souffle a pris au-delà de toute espérance», se réjouit Fetmouche, heureux des résultats obtenus. «Outre l'animation artistique riche et éclectique qui le caractérise, le théâtre a fait entièrement peau neuve. Il a désormais une envergure internationale», note-t-il franchement enchanté.
«Mais c'est mieux que mon théâtre», s'exclamait, à son tour, récemment, Ralph Hamke, directeur du Fulheim Théâtre de Düsseldorf (Allemagne) visiblement surpris, au terme de sa visite, par la qualité des structures et des équipements de l'établissement.
Venu pour s'enquérir de l'état des lieux avant de prendre la décision de participer à la prochaine édition du festival international du théâtre de Béjaïa, Hamke n'a pas tari d'éloges à l'endroit de ses hôtes et du lieu, appréciant le caractère et les vertus de ses deux salles de spectacles (entièrement rénovées), la sophistication de son studio d'enregistrement (le meilleur d'Afrique), fraîchement inauguré, et la fonctionnalité de ses agencements, le tout soutenu par un décor sobre mais savamment recherché.
L'établissement a, en fait, subi plus qu'un toilettage. Il a été rénové et modernisé entièrement, pour le plus grand plaisir du public, qui y trouve le confort attendu mais aussi des comédiens et des professionnels qui évoluent désormais dans un espace adapté et propice à l'effort et à la création.

Une année 2012 flamboyante
L'année 2012 aura été, à ce titre, fort flamboyante, ayant permis la génération d'un cru exceptionnel, marqué par la production de plus d'une dizaine de pièces, dont certaines accueillies avec un succès retentissant. C'est le cas de Lalla oua saltane, prix du jury au Festival national du théâtre professionnel.
C'est aussi le cas, tout récemment, de Tamatuth-n-ni (une femme en papier), qui a obtenu le grand prix du théâtre d'expression Amazigh, à Batna. Plusieurs autres pièces ont également enregistrés un succès indéniable, même si elles n'ont pas concouru dans des festivals. Leurs distinctions leurs ont été accordées par le plébiscite du public, à l'image des deux comédies musicales, produites par «Bazou», que sont Akin i lebhar (au-delà de la mer), un hommage à la chanson et aux chanteurs de l'exil, et 1930, une rétrospective sur la Casbah d'Alger résistante et pleine d'espoir, après un siècle de colonisation. En fait, «il n'y a pas eu une journée de relâche durant toute l'année», note Fetmouche, se félicitant d'une activité débordante, rythmée par la production de nouvelles pièces, l'organisation fréquente d'hommages aux personnalités culturelles et intellectuelles du pays (Makhoukh, Medjoubi, Hamci, Taous et Jean Amrouche, etc.), la tenue de rencontres intellectuelles (le café littéraire hebdomadaire) et l'accueil de plusieurs festivals, dont celui qui constitue
désormais la grande attraction, le Festival international du théâtre (Fitb), domicilié définitivement à Béjaïa.

La formation et l'encadrement ne sont pas en reste
L'activité de formation et d'encadrement n'a pas été en reste. Des dizaines d'associations ont été accueillies pour perfectionner leurs membres dans la pratique théâtrale, grâce à des semaines théâtrales montées expressément.
L'événement le plus marquant aura été la naissance de la troupe du théâtre national du Sahara occidental, sortie des limbes après une formation sur place de plusieurs semaines, auréolée par la présentation d'une pièce fort émouvante au dernier Fitb. Autant d'activités et d'animation qui ont permis de rapprocher le théâtre du public. «Le vivier existant est fidélisé. L'effort entrepris désormais, est d'attirer un public de plus en plus nombreux et curieux», relève Fetmouche, qui promet une nouvelle année encore plus faste et plus retentissante.


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