La conjoncture mondiale veut, aujourd'hui, que les pays africains consentent des efforts en matière de promotion du commerce intra-africain. Aujourd'hui, les échanges commerciaux entre les pays africains demeurent faibles. Le commerce interafricain ne représente que 11% des échanges commerciaux sur le continent, contre 72% pour les échanges intra-européens et 52% pour le commerce intra-asiatique, d'après la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique. Dans un rapport publié en février 2012, la Banque mondiale dénonce la perte de «milliards de dollars» chaque année à cause de la faiblesse des échanges commerciaux entre pays africains. C'est pourquoi, la promotion du commerce intra-africain et le renforcement de ses leviers doivent être inscrits dans les priorités des pays du continent noir s'ils veulent échapper aux aléas de l'économie mondiale. L'Union africaine envisage de porter le volume du commerce intracontinental à 20%, voire 30%, au cours des dix prochaines années. Elle envisage également de mettre en place une zone de libre-échange continentale à l'horizon 2017. Pour ce faire, il est impératif de remédier aux carences enregistrées en matière d'infrastructures, notamment routières. L'intensification du commerce intra-africain repose également sur un projet de feuille de route et une architecture pour l'avancement rapide pour les communautés économiques régionales (CER), en vue de parachever le processus d'intégration dans le cadre d'un continuum de zones de libre-échange. Conscient de l'enjeu qu'encourt l'Afrique à l'ombre des mutations mondiales, les chefs d'Etats et de gouvernements africains ont approuvé, en 2012 à Addis-Abeba, le lancement du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pdia), pour relier l'ensemble des pays d'Afrique à l'horizon 2040. Un projet estimé à 68 milliards de dollars, soit 1% des budgets de chaque Etat annuellement. L'Algérie, membre de l'Union africaine, s'est pleinement engagée, selon le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, à la promotion des échanges commerciaux entre les pays de l'Afrique. La route transsaharienne entre Alger et Lagos, en passant par le Niger, la liaison en fibre optique qui traverse le même tracé et le gazoduc Nigal, sont autant de ressorts fondamentaux de l'intégration régionale. Il est à noter que l'Afrique du Sud et certains pays du centre du continent, notamment le Nigeria et la Côte d'Ivoire, sont dominants en matière d'exportations intra-africaines. Les immenses potentialités et ressources, à la fois humaines et économiques, que recèle le continent africain font de lui, déjà, le continent de l'avenir. En effet, les derniers rapports des différentes instances économiques internationales ont révélé que, hormis les catégories boissons, tabac, minéraux et pierres précieuses, le continent noir dispose d'importantes réserves de combustibles dont les exportations vers le reste du monde dépassent de loin leurs importations. Le rapport de la Banque mondiale (BM), publié en février 2012, intitulé «La défragmentation de l'Afrique : approfondissement de l'intégration du commerce régional des biens et des services», indique qu'il existe des opportunités considérables d'échanges transfrontaliers de produits alimentaires, produits manufacturés de base et services qui demeurent inexploitées en Afrique. Ainsi, «les entraves au libre-échange sont énormes… Il revient désormais aux dirigeants africains de travailler ensemble pour harmoniser les politiques, le cadre institutionnel et mobiliser les investissements nécessaires pour établir un marché régional robuste à la mesure des aspirations du continent africain, de son milliard d'habitants et de son économie de deux mille milliards de dollars», déclare Obiageli Ezekwesili, vice-présidente de la Banque mondiale, région Afrique, et ancienne ministre des Industries extractives du Nigeria. Pour avancer, la BM insiste dans son rapport sur le fait que «pour établir des marchés régionaux intégrés qui attirent des investissements dans les industries agroalimentaires, les industries manufacturières et de nouvelles activités de services, les responsables de l'action publique ne peuvent plus se contenter de signer des accords visant à abaisser les droits de douane. Il leur faut promouvoir un processus plus global d'approfondissement de l'intégration régionale». Il leur faut également conjuguer leurs efforts pour promouvoir des solutions durables aux conflits en Afrique, selon le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. B. A.