A l'heure où les dirigeants africains demandent la création d'un espace de libre échange d'ici 2017 afin d'accélérer le commerce à travers le continent, un nouveau rapport de la Banque mondiale prévient que les pays africains sont en train de perdre des milliards de dollars en revenus commerciaux potentiels chaque année en raison d'importants obstacles nuisant à ces échanges avec leurs pays voisins. Le rapport ajoute même qu'il est plus facile pour l'Afrique de faire des affaires avec le reste du monde qu'avec elle-même. A l'heure où les dirigeants africains demandent la création d'un espace de libre échange d'ici 2017 afin d'accélérer le commerce à travers le continent, un nouveau rapport de la Banque mondiale prévient que les pays africains sont en train de perdre des milliards de dollars en revenus commerciaux potentiels chaque année en raison d'importants obstacles nuisant à ces échanges avec leurs pays voisins. Le rapport ajoute même qu'il est plus facile pour l'Afrique de faire des affaires avec le reste du monde qu'avec elle-même. Intitulé "La défragmentation de l'Afrique : approfondissement de l'intégration du commerce régional des biens et services", le rapport souligne que la fragmentation régionale pourrait même devenir encore plus coûteuse pour le continent, les prévisions de la Banque mondiale envisageant même que le ralentissement économique dans la zone euro pourrait réduire la croissance de l'Afrique de 1,3 point de pourcentage cette année. «Alors que la situation de l'économie mondiale reste incertaine et que les marchés traditionnels d'Europe et d'Amérique du Nord continueront probablement de stagner, il existe des opportunités considérables d'échanges transfrontaliers de produits alimentaires, produits manufacturés de base et services qui demeurent inexploitées en Afrique», lit-on. La situation prive le continent de nouvelles sources de croissance économique, de nouveaux emplois et d'une considérable réduction de la pauvreté ; des facteurs qui ont accompagné l'importante intégration du commerce régional observée en Asie de l'Est et dans d'autres régions. Les réseaux transfrontaliers de production, qui ont été une des sources du dynamisme économique dans d'autres régions, en particulier en Asie de l'Est, ne se sont pas encore matérialisés en Afrique. «Il est évident que l'Afrique n'a pas atteint son potentiel en ce qui concerne le commerce régional malgré ses rétombées importantes– à savoir la création de marchés d'envergure, la diversification des économies, la réduction des coûts et de la pauvrété et l'amélioration de la productivité», déclare Obiageli Ezekwesili, vice-présidente de la Banque mondiale, région Afrique, et ancienne ministre des Industries extractives du Nigeria. «Les entraves au libre échange sont énormes et affectent de manière disproportionnée les petits commerçants, dont la plupart sont des femmes. Il revient désormais aux dirigeants africains de joindre l'acte à la parole et de travailler ensemble pour harmoniser les politiques, le cadre institutionnel et mobiliser les investissements nécessaires pour établir un marché régional robuste à la mesure des aspirations du continent africain, de son milliard d'habitants et de son économie de deux mille millards de dollars US.» Dans une vidéo spéciale de la Banque mondiale produite pour le nouveau rapport, des commerçantes sur la frontière entre la République démocratique du Congo (RDC) et les pays adjacents la région des Grands lacs décrivent comment elles sont régulièrement confrontées à la violence, aux menaces, aux demandes de pots de vin et au harcèlement sexuel de la part des nombreux douaniers et autres fonctionnaires en poste à la frontière. Une commerçante d'œufs et de sucre de Goma déclare dans la vidéo : «J'achète mes œufs au Rwanda. Dès que j'entre dans le Congo, je dois donner un œuf à chaque fonctionnaire qui me le demande. Certains jours, je donne plus de 30 œufs!» Des obstacles freinent le commerce de biens, mais aussi de services Le rapport note que jusqu'au début de la crise financière, la plupart des pays d'Afrique subsaharienne connaissaient une croissance rapide et souvent nettement supérieure à la moyenne mondiale. La croissance économique dans ces pays était robuste et attribuable à la flambée des prix des matières premières, ce qui entraîna une très forte croissance de la valeur des exportations, en particulier de minéraux, à destination de nouveaux marchés en forte expansion tels que l'Inde et la Chine. Bien que les exportations aient connu une forte croissance au cours de la dernière décennie et que le commerce de la région ait bien repris suite à la crise économique mondiale, les retombées sur le chômage et la pauvreté ont été décevantes dans bon nombre de pays. Le taux de chômage demeure autour de 24 % en Afrique du Sud. En Tanzanie, l'extrême pauvreté semble s'être stabilisée à environ 35% de la population active. En règle générale, la croissance des exportations a été alimentée par un petit nombre de produits minéraux et primaires ayant un impact limité sur l'ensemble de l'économie, et que le secteur formel demeure restreint dans bon nombre de pays. Par conséquent, le rapport suggère que l'Afrique diversifie ses exportations pour que son économie ne soit plus tributaire uniquement de métaux précieux et autres matières premières et encourage davantage de personnes à se lancer dans le commerce de biens commerciaux et services professionnels dans les domaines de la comptabilité, du droit, de l'éducation et des soins de santé, entre autres. Le nombre élevé de jeunes que compte la région nécessitera également un nombre important de nouveaux emplois, des échanges commerciaux intensifs et une croissance robuste. «Imaginez les avantages qu'il y aurait à permettre aux médecins, infirmières, enseignants, ingénieurs et avocats africains de pratiquer n'importe où sur le continent… Or, ce sont les pays eux-mêmes qui sont d'abord et avant tout responsables de la concrétisation de ces possibilités », affirme Marcelo Giugale, directeur du service régional de réduction de la pauvreté et de la gestion économique pour la région de l'Afrique à la Banque mondiale. «Le but ultime est clair : aider les Africains à échanger des biens et services entre eux. Peu de contributions offrent autant de potentiel de développement que cette mission.» Trois domaines d'intervention Pour mettre fin à la segmentation du commerce régional, le rapport recommande aux dirigeants africains d'apporter des modifications dans trois domaines clés. D'abord améliorer le commerce transfrontalier, en particulier pour les petits commerçants pauvres, dont bon nombre sont des femmes, en simplifiant les procédures frontalières, en limitant le nombre d'agences à la frontière et en améliorant le professionnalisme des fonctionnaires, en soutenant les associations de commerçants, en améliorant le flux d'informations sur les opportunités sur les marchés et en encourageant l'adoption de nouvelles technologies, telles que des services bancaires mobiles transfrontaliers, qui améliorent l'accès au financement. Ensuite éliminer divers obstacles autres que tarifaires au commerce, tels que les règles d'origine restrictives, les interdictions d'exportation et d'importation, ainsi que les procédures exigeantes et coûteuses relatives aux licences d'exportation et d'importation. Enfin, réformer les réglementations et les règles relatives à l'immigration qui limitent le potentiel considérable d'échanges commerciaux transfrontaliers et d'investissements dans les services. Un exemple notable d'obstacles au commerce fourni par les co-auteurs du rapport, Paul Brenton et Gozde Isik de la Banque mondiale, est que la chaîne de supermarchés sud-africaine Shoprite dépense 20.000 de dollars par semaine en permis d'importation pour distribuer de la viande, du lait et des produits à base de plante dans ses magasins de la Zambie uniquement. Pour l'ensemble des pays dans lesquels l'enseigne est présente, environ 100 demandes de permis d'importation sont déposées chaque semaine ; ce chiffre peut parfois atteindre 300 par semaine en période de pointe. En raison de ces exigences et d'autres facteurs, jusqu'à 1 600 documents peuvent accompagner chaque camion chargé de marchandises Shoprite et traversant une frontière dans la sous-région. «Le manque de coordination entre les différents ministères et instances réglementaires cause également des retards importants, notamment lorsqu'il s'agit d'autoriser le commerce de nouveaux produits. Il a fallu trois ans à une autre société de ventes au détail sud-africaine pour obtenir l'autorisation d'exporter en Zambie des produits transformés à base de bœuf et de porc», souligne le rapport. Intitulé "La défragmentation de l'Afrique : approfondissement de l'intégration du commerce régional des biens et services", le rapport souligne que la fragmentation régionale pourrait même devenir encore plus coûteuse pour le continent, les prévisions de la Banque mondiale envisageant même que le ralentissement économique dans la zone euro pourrait réduire la croissance de l'Afrique de 1,3 point de pourcentage cette année. «Alors que la situation de l'économie mondiale reste incertaine et que les marchés traditionnels d'Europe et d'Amérique du Nord continueront probablement de stagner, il existe des opportunités considérables d'échanges transfrontaliers de produits alimentaires, produits manufacturés de base et services qui demeurent inexploitées en Afrique», lit-on. La situation prive le continent de nouvelles sources de croissance économique, de nouveaux emplois et d'une considérable réduction de la pauvreté ; des facteurs qui ont accompagné l'importante intégration du commerce régional observée en Asie de l'Est et dans d'autres régions. Les réseaux transfrontaliers de production, qui ont été une des sources du dynamisme économique dans d'autres régions, en particulier en Asie de l'Est, ne se sont pas encore matérialisés en Afrique. «Il est évident que l'Afrique n'a pas atteint son potentiel en ce qui concerne le commerce régional malgré ses rétombées importantes– à savoir la création de marchés d'envergure, la diversification des économies, la réduction des coûts et de la pauvrété et l'amélioration de la productivité», déclare Obiageli Ezekwesili, vice-présidente de la Banque mondiale, région Afrique, et ancienne ministre des Industries extractives du Nigeria. «Les entraves au libre échange sont énormes et affectent de manière disproportionnée les petits commerçants, dont la plupart sont des femmes. Il revient désormais aux dirigeants africains de joindre l'acte à la parole et de travailler ensemble pour harmoniser les politiques, le cadre institutionnel et mobiliser les investissements nécessaires pour établir un marché régional robuste à la mesure des aspirations du continent africain, de son milliard d'habitants et de son économie de deux mille millards de dollars US.» Dans une vidéo spéciale de la Banque mondiale produite pour le nouveau rapport, des commerçantes sur la frontière entre la République démocratique du Congo (RDC) et les pays adjacents la région des Grands lacs décrivent comment elles sont régulièrement confrontées à la violence, aux menaces, aux demandes de pots de vin et au harcèlement sexuel de la part des nombreux douaniers et autres fonctionnaires en poste à la frontière. Une commerçante d'œufs et de sucre de Goma déclare dans la vidéo : «J'achète mes œufs au Rwanda. Dès que j'entre dans le Congo, je dois donner un œuf à chaque fonctionnaire qui me le demande. Certains jours, je donne plus de 30 œufs!» Des obstacles freinent le commerce de biens, mais aussi de services Le rapport note que jusqu'au début de la crise financière, la plupart des pays d'Afrique subsaharienne connaissaient une croissance rapide et souvent nettement supérieure à la moyenne mondiale. La croissance économique dans ces pays était robuste et attribuable à la flambée des prix des matières premières, ce qui entraîna une très forte croissance de la valeur des exportations, en particulier de minéraux, à destination de nouveaux marchés en forte expansion tels que l'Inde et la Chine. Bien que les exportations aient connu une forte croissance au cours de la dernière décennie et que le commerce de la région ait bien repris suite à la crise économique mondiale, les retombées sur le chômage et la pauvreté ont été décevantes dans bon nombre de pays. Le taux de chômage demeure autour de 24 % en Afrique du Sud. En Tanzanie, l'extrême pauvreté semble s'être stabilisée à environ 35% de la population active. En règle générale, la croissance des exportations a été alimentée par un petit nombre de produits minéraux et primaires ayant un impact limité sur l'ensemble de l'économie, et que le secteur formel demeure restreint dans bon nombre de pays. Par conséquent, le rapport suggère que l'Afrique diversifie ses exportations pour que son économie ne soit plus tributaire uniquement de métaux précieux et autres matières premières et encourage davantage de personnes à se lancer dans le commerce de biens commerciaux et services professionnels dans les domaines de la comptabilité, du droit, de l'éducation et des soins de santé, entre autres. Le nombre élevé de jeunes que compte la région nécessitera également un nombre important de nouveaux emplois, des échanges commerciaux intensifs et une croissance robuste. «Imaginez les avantages qu'il y aurait à permettre aux médecins, infirmières, enseignants, ingénieurs et avocats africains de pratiquer n'importe où sur le continent… Or, ce sont les pays eux-mêmes qui sont d'abord et avant tout responsables de la concrétisation de ces possibilités », affirme Marcelo Giugale, directeur du service régional de réduction de la pauvreté et de la gestion économique pour la région de l'Afrique à la Banque mondiale. «Le but ultime est clair : aider les Africains à échanger des biens et services entre eux. Peu de contributions offrent autant de potentiel de développement que cette mission.» Trois domaines d'intervention Pour mettre fin à la segmentation du commerce régional, le rapport recommande aux dirigeants africains d'apporter des modifications dans trois domaines clés. D'abord améliorer le commerce transfrontalier, en particulier pour les petits commerçants pauvres, dont bon nombre sont des femmes, en simplifiant les procédures frontalières, en limitant le nombre d'agences à la frontière et en améliorant le professionnalisme des fonctionnaires, en soutenant les associations de commerçants, en améliorant le flux d'informations sur les opportunités sur les marchés et en encourageant l'adoption de nouvelles technologies, telles que des services bancaires mobiles transfrontaliers, qui améliorent l'accès au financement. Ensuite éliminer divers obstacles autres que tarifaires au commerce, tels que les règles d'origine restrictives, les interdictions d'exportation et d'importation, ainsi que les procédures exigeantes et coûteuses relatives aux licences d'exportation et d'importation. Enfin, réformer les réglementations et les règles relatives à l'immigration qui limitent le potentiel considérable d'échanges commerciaux transfrontaliers et d'investissements dans les services. Un exemple notable d'obstacles au commerce fourni par les co-auteurs du rapport, Paul Brenton et Gozde Isik de la Banque mondiale, est que la chaîne de supermarchés sud-africaine Shoprite dépense 20.000 de dollars par semaine en permis d'importation pour distribuer de la viande, du lait et des produits à base de plante dans ses magasins de la Zambie uniquement. Pour l'ensemble des pays dans lesquels l'enseigne est présente, environ 100 demandes de permis d'importation sont déposées chaque semaine ; ce chiffre peut parfois atteindre 300 par semaine en période de pointe. En raison de ces exigences et d'autres facteurs, jusqu'à 1 600 documents peuvent accompagner chaque camion chargé de marchandises Shoprite et traversant une frontière dans la sous-région. «Le manque de coordination entre les différents ministères et instances réglementaires cause également des retards importants, notamment lorsqu'il s'agit d'autoriser le commerce de nouveaux produits. Il a fallu trois ans à une autre société de ventes au détail sud-africaine pour obtenir l'autorisation d'exporter en Zambie des produits transformés à base de bœuf et de porc», souligne le rapport.