Après une manœuvre diplomatique sur le dossier malien qui a duré des mois où Paris assurait qu'elle n'engagerait pas de troupes au sol ni même de pilotes de bombardiers, François Hollande s'est décidé à entrer en action, bouleversant tous les plans de la communauté internationale. La France est depuis vendredi dernier, engagée dans la guerre au Mali. «J'ai répondu au nom de la France à la demande d'aide du président malien, appuyée par les pays africains de l'Ouest. En conséquence, les forces armées françaises ont apporté cet après-midi leur soutien aux unités maliennes pour lutter contre ces éléments terroristes», a déclaré dans la soirée de vendredi dernier le président François Hollande. Tout en précisant que la France agit dans le cadre de «la légalité internationale», le président français a ajouté «l'opération durera le temps nécessaire». Pour la justifier légalement, Paris met en avant l'article 51 de la charte de l'ONU qui mentionne «le droit de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations unies est l'objet d'une agression armée». Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a expliqué, pour sa part, que les groupes islamistes voulaient «contrôler la totalité du Mali et y installer un Etat terroriste», ce qui aurait constitué «une menace pour toute l'Afrique et pour l'Europe elle-même». Londres et Berlin ont apporté leur soutien à cette opération. La Maison-Blanche a affirmé qu'elle partageait les objectifs de la France au Mali. Le président de l'Union africaine, Thomas Boni Yayi, s'est félicité de la décision de la France d'intervenir militairement au Mali en déclarant «je suis aux anges (…)». Le président béninois continue d'appeler l'Otan à intervenir «si l'Otan est allée en Afghanistan pour combattre le terrorisme, en Libye pour protéger les populations, pourquoi l'Otan n'est-elle pas allée au nord du Mali pour protéger les populations maliennes ?»L'Union africaine (UA) a appelé tous ses Etats membres à soutenir le gouvernement malien. L'Algérie a été informée de la décision d'intervention de la France, comme l'a déclaré Laurent Fabius dans une conférence de presse affirmant que l'opération française, baptisée «Serval» du nom d'un petit félin du désert, a fait l'objet de concertations, notamment avec l'Algérie. Dans une réaction aux derniers développements au Mali, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Belani, cité par l'APS, a dit «l'intervention étrangère au Mali, avec l'engagement des troupes nigérianes, sénégalaises et françaises aux côtés de l'armée malienne, est une décision souveraine du Mali qui a lui-même demandé l'aide des puissances amies». M. Belani a ajouté que «l'Algérie suit avec une grande préoccupation les derniers développements intervenus dans ce pays et condamne avec la dernière énergie les incursions et les attaques menées par les groupes terroristes dans la région de Mopti qu'elle considère comme une nouvelle agression contre l'intégrité territoriale du Mali». Il a rappelé que l'Algérie «inscrit son action dans la continuité, la cohérence et la globalité de la résolution 2085 du Conseil de sécurité (…)».La réaction d'Alger était très attendue notamment par les Etats-Unis à en croire le général Carter Ham, commandant en chef de la force américaine en Afrique (Africom). Ce dernier a déclaré, lors d'une conférence diffusée vendredi dernier par les radios locales de Niamey, que «il n'y aura pas de solution satisfaisante à la crise au Mali sans la participation de l'Algérie». Du côté de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), Le chef d'Etat ivoirien Alassane Ouattara, le président en exercice de cette communauté, a autorisé l'envoi immédiat de troupes ouest-africaines au Mali. Les autorités maliennes ont décrété l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire et poursuivent leur contre-offensive avec une assistance de la France et d'autres pays européens et africains. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian a confirmé la mort d'un pilote d'hélicoptère français et la disparition d'un autre. Une centaine d'éléments des groupes armés auraient été tués, selon l'armée malienne qui a annoncé hier contrôler à nouveau Konna. La marche de l'armée malienne soutenue par ses alliés va se poursuivre dans les prochains jours avec le soutien de la Misma qui sera renforcée par 600 hommes envoyés par le Nigeria et le bataillon de 500 hommes du Burkina Faso. Le Président malien par intérim a d'ailleurs assuré que le Mali portera «une riposte cinglante et massive» à ses «ennemis». H. Y.
Les Etats-Unis «prêts» à intervenir au Mali Le général Carter Ham, commandant en chef de la force américaine en Afrique (Africom) a déclaré, vendredi dernier, que son pays n'a encore reçu aucune demande de soutien dans le cadre d'une intervention armée contre les groupes qui occupent le nord malien. Il a assuré que les Etats-Unis sont «prêts à satisfaire» ces requêtes. «Nous savons que l'option militaire n'est pas la bonne, mais nous devons nous y préparer», a-t-il relevé. D'après lui, «il n'y aura pas de solution satisfaisante à la crise au Mali sans la participation de l'Algérie». Le général américain a jugé «encourageant» le fait que l'Algérie, le Niger et la Mauritanie soient «en train de renforcer leur sécurité le long de la frontière (du Mali) pour empêcher les terroristes d'entrer sur leur territoire». Il a indiqué par ailleurs qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Boko Haram, le groupe armé islamiste du Nigeria, cherchent à «coordonner leurs forces».