Tous les employés d'Algérie Poste ayant participé au mouvement de grève déclenché le 30 décembre dernier, à travers plusieurs wilayas du pays, ont mis fin à leur action de protestation. Ils ont tous repris le travail hier, dans des conditions tout à fait normales, sans le moindre heurt ou incident. Cela suite à un double appel, lancé par leurs représentants et le ministre, M. Moussa Benhamadi, les deux parties s'étant réunies au siège même du ministère, juste après la grande réunion qui a eu lieu dans l'enceinte de la Grande Poste d'Alger. «La rencontre à la Grande Poste a été suivie d'une autre au niveau du ministère, mais avec un nombre réduit de travailleurs, soit quatre ou cinq. Nous les avons désignés sur demande du conseiller du ministre, M. Zoheir Meziani. C'est à l'issue de cette deuxième rencontre que les travailleurs en grève ont tranché pour la reprise du travail à partir d'aujourd'hui, dimanche», indique un des employés en grève. Selon ce même postier, le ministre «s'est confié aux travailleurs, en leur disant qu'il ne savait pas que les choses se passaient si mal au niveau d'Algérie Poste». Partant, «il s'est engagé à examiner sérieusement toutes leurs doléances et résoudre tous les problèmes qui restent en suspens». Le ministre s'est saisi du dossier après l'échec du directeur général de l'entreprise Algérie Poste, M. Mohamed Laïd Mehloul, à trouver une solution à la crise, étant lui-même rejeté, ouvertement, par les travailleurs en colère qui n'ont pas cessé de réclamer son départ. La médiation de la centrale syndicale Ugta a été également un échec. Les postiers en grève n'ont pas donné la moindre chance à leurs syndicalistes Ugta de retrouver leur crédibilité aux yeux de la tutelle, encore moins de leurs collègues. Bien au contraire, ils contestent vigoureusement la représentativité de ce syndicat Ugta et le traitent de tous les noms, l'accusant notamment de servir les intérêts de l'Administration et non pas ceux des travailleurs. Raison pour laquelle ils réclament sa dissolution et multiplient les appels pour la création d'un syndicat autonome. A la demande de «limogeage» du DG d'Algérie Poste, le ministre a répondu clairement que ce n'est pas à l'ordre du jour, sans toutefois prendre sa défense ou l'associer aux démarches pour amener les travailleurs à reprendre le travail. Pour les autres revendications, rapportent les travailleurs, M. Moussa Benhamadi s'est engagé à régler tous les problèmes et à ce que tout soit concrétisé au plus tard le 17 février prochain. Pour ce qui est des rappels avec effet rétroactif à partir de 2008, ce n'est pas encore tranché. «Le ministre a donné son accord de principe mais la décision finale ne sera pas connue de sitôt. Selon le ministre, la question sera examinée dans le cadre d'une commission de travail qui sera mise en place avant la fin du premier semestre 2013. La commission se chargera d'élaborer une nouvelle convention collective.» Les travailleurs attendent pour voir, en affirmant qu'ils ont confiance en le ministre et son conseiller M. Zoheir Meziani. En attendant, c'est le retour à la normale dans tous les bureaux de poste à travers le pays, avec, certes, une grande pression sur les bureaux, paralysés jusque-là. «Nous avons du pain sur la planche, nous devons rattraper tout le travail raté. C'est le prix à payer», confie un postier d'Alger. Côté usagers, c'est le grand ouf : «Enfin c'est la reprise! J'avais peur de me retrouver dans l'obligation de demander un prêt à des proches!»