Le ministre de la Poste et des TIC, Moussa Benhamadi, accompagné de son conseiller à l'information, Zoheir Meziani, s'est déplacé hier à la Grande Poste d'Alger où des postiers en grève, près de deux-cents, l'attendaient avec des pancartes. Celles-ci indiquant leur obstination à faire aboutir leurs revendications socioprofessionnelles, de même que le départ du directeur général d'Algérie Poste, Mohamed Laïd Mehloul et la dissolution du syndicat affilié à la centrale syndicale Ugta. La rencontre des postiers avec leur ministre s'est tenue dans une salle archicomble, à l'intérieur du grand édifice. C'était aux environs de 12h passées de quelques minutes et elle a duré près d'une heure. Une forte présence policière était visible à l'intérieur de la salle et tout autour de la Grande Poste. Les représentants de la force publique étaient aussi déployés, en nombre assez important, à l'entrée du service des chèques postaux pour éviter toute confrontation entre les grévistes et les usagers de la poste, de plus en plus nombreux à attendre leur tour dans des files interminables pour retirer leur argent. «La chaîne s'étend de la Grande Poste jusqu'à la rue Asselah Hocine. C'est inadmissible ce qui se passe. Les responsables du secteur doivent agir et agir très vite. Les gens ne vont pas tarder à mendier et manger des poubelles, alors qu'ils ont de l'argent» affirme, à haute voix, un groupe de citoyens au bord de l'explosion. Les femmes d'un côté et les hommes d'un autre pour effectuer des retraits pas sûrs. Les hommes étaient beaucoup plus nombreux que les femmes. En face, les grévistes qui réitèrent les mêmes revendications et affirment la légitimité de celles-ci. Les agents de police, en uniforme et en civil, sur le qui-vive pour faire face à tout débordement. Les camions (de la police) à la rescousse en cas de grandes difficultés. L'arrivée du ministre apporte soulagement et satisfaction aux postiers, quelque peu fiers d'avoir résisté aussi longtemps (un seul jour de grève compte des milliards de centimes et de lourdes sanctions à l'encontre des travailleurs qui adhèrent à un mouvement qualifié d'illégal). La satisfaction aussi d'avoir «réussi à faire sortir le ministre de son bureau». Sur place, le représentant du gouvernement a fait montre de disponibilité à prendre en charge toutes les revendications soulevées par les travailleurs en grève : «Je m'engage à prendre en charge toutes vos revendications et à résoudre tous les problèmes en suspens. Je prendrai toutes les dispositions nécessaires pour améliorer vos conditions de travail. Ce sera fait au cours de cette semaine», a déclaré le ministre comme pour leur demander de reprendre immédiatement le travail et de lui accorder un délai d'une semaine pour répondre concrètement à leurs doléances. Aussi, a indiqué le ministre, «je vais rouvrir le dossier concernant la révision de l'actuelle convention collective pour une application de la grille des salaires avec effet rétroactif à partir de 2008». Prenant acte des déclarations du ministre, les travailleurs en grève se sont montrés à l'écoute du représentant du gouvernement mais, en aucun cas, ils ne comptent reprendre le travail avant la concrétisation des promesses qui leur ont été faites. «Pas question d'arrêter la grève maintenant. Nous demandons du concret.» La grève des postiers se poursuit donc pour une durée indéterminée, pénalisant sérieusement les clients qui pensent d'ores et déjà à aller ailleurs, soit dans des banques publiques ou privées. Autre fait à signaler, en ce qui concerne cette grève, c'est l'absence d'argent dans les bureaux de poste et au niveau des DAB. La raison est claire: ils ne sont pas suffisamment alimentés et dans le temps pour cause de la grève des groupes chargés du transfert de l'argent. «Ce sont les directeurs centraux qui assurent le transport», indiquent des grévistes. C'est dire que ce mouvement ne touche pas que les guichetiers mais aussi ceux qui sont chargés du transfert d'argent et aussi du courrier. Les postulants aux logements Aadl des programmes 2001 et 2002 seraient les prochaines victimes de cette grève. «J'ai peur de ne pas recevoir ma convocation à temps. C'est un véritable problème» se plaint une femme. K. M.