Communiquer et encore communiquer. Si ce n'est pas Hollande, c'est Fabius. Si ce n'est pas ce dernier c'est le ministre de la Défense, Yves Le Drian. Et si cela ne suffit pas, c'est toujours le cas, des sources dites «biens informées» qui refilent en off des informations, jugées importantes, à des journalistes. Depuis la première intervention aérienne au Mali, le pouvoir politique et militaire français gère l'explication médiatique de son engagement et la couverture des opérations que mènent les soldats et l'aviation d'attaque française. Non sans succès. Ainsi, hier matin, c'est le ministre de la Défense qui est intervenu pour convaincre les plus récalcitrants, ils sont si peu en France, de l'utilité et de l'urgence de l'intervention des avions français au risque de voir les groupes terroristes qui fonçaient vers le Sud malien entrer à Bamako en deux ou trois jours. «Il y a eu une accélération spectaculaire de l'action de ces groupes depuis jeudi. Il y avait nécessité d'agir de manière rapide», a-t-il affirmé avec certitude. Comme quoi, la France a, selon le ministre, évité le pire, la catastrophe au Mali et à la région. C'est dans cet esprit qu'il a affirmé qu'il «y a des raids en permanence. Il y en a en ce moment, il y en a eu cette nuit, il y en aura demain». Les raids français au Mali ne sont pas de courte durée. Ils ne se limitent plus à attaquer les groupes terroristes à cette frontière imaginaire qui coupe le pays en deux, mais visent aussi le Nord du pays, occupé par des forces irrégulières. Le ministre a ajouté : «Les interventions sont toujours en cours et nous poursuivrons pour empêcher la progression vers le sud, ça c'est fait, pas totalement, et permettre ensuite aux forces maliennes et aux forces africaines, de ce qu'on appelle la Misma- c'est-à-dire le regroupement de plusieurs bataillons de pays africains qui vont apporter leur concours- de reprendre leur marche en avant pour l'intégrité du territoire d'un pays ami». C'est-à-dire aboutir à l'africanisation des forces militaires, conformément aux résolutions de l'ONU, qui permettra à la France de se cantonner dans son rôle initialement prévu, celui d'un soutien logistique et aérien. Pour Paris cette africanisation, qui semble en marche, est indispensable pour que soit ôtée des esprits toute suspicion d'engagement militaire d'un gendarme de l'Afrique perpétuant ses interventions néocolonialistes. «C'est aux Africains de rétablir l'intégrité du Mali», est le message que fait passer l'Elysée. De source présidentielle française on indique, par ailleurs, la surprise des forces armées françaises en constatant que les groupes terroristes ne sont pas des apprentis guerriers. «A l'origine, on pouvait penser qu'il s'agissait de quelques soudards à bord de Toyota, avec quelques armes. Ils se révèlent en réalité bien équipés, bien armés et bien entraînés», est-il souligné, se rappelant (feignant le découvrir!) que ces groupes «ont récupéré en Libye un matériel sophistiqué, beaucoup plus robuste et efficace que ce qu'on pouvait imaginer».