La révolution du pays des pharaons est-elle en train d'accoucher d'une autre révolution ? Confrontés à l'exercice du pouvoir, les islamistes égyptiens font preuve d'une fragilité. Comme il y a deux ans, le peuple « veut faire tomber le régime ». Il réclame une « nouvelle révolution » et une « vraie démocratie ». Il demande aussi, en reprenant le slogan « pain, liberté, justice », un gouvernement de transition et de nouvelles élections. Pour les Egyptiens, sortis vendredi massivement dans les rues, Morsi a trahi les idéaux de la révolution. Ils l'accusent de dérive autoritaire et surtout de privilégier l'idéologie islamiste sur l'intérêt général. Même le siège du Parti de la liberté et de la justice, la formation politique des Frères musulmans dont est issu le président Morsi, n'a pas échappé à la colère des manifestants, à Ismaïlia. Il a été incendié. Tout comme le siège de leur journal électronique Ikhwanonline. « La religion est à Dieu, le pays est à tous », scandaient les Egyptiens. Morsi, qui n'a pas appelé à commémorer cet anniversaire, a annoncé, à la veille du verdict du procès des responsables présumés de la mort de 74 personnes, à l'issue d'un match de football à Port-Saïd, entre le club cairote d'Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry, le 1er février 2012, la traduction en justice des responsables des actes commis vendredi. Aussitôt la condamnation à mort de 21 personnes pour leur implication dans les violences ayant suivi ce match de football prononcée, pas moins de 26 morts, dont 2 policiers et plus de 200 blessés ont été enregistrés à Port-Saïd. L'armée s'est déployée, hier, à Port-Saïd et dans la ville de Suez. C'est pour « rétablir le calme » et « protéger les installations publiques » du canal, dont les droits de passage constituent l'une des principales sources de revenus de l'Egypte (5 milliards de dollars par an), affirme un porte-parole de l'autorité du canal. L'opposition menace L'opposition menace de boycotter les législatives prévues en mars-avril prochains, si le pouvoir islamiste n'applique pas une « solution globale » à la crise que vit le pays. Notamment la formation d'un gouvernement « de salut national », la création d'une commission de juristes pour amender la Constitution qu'il qualifie d' « illégale » et le limogeage du procureur général. Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, fait porter au président Morsi « l'entière responsabilité de la force excessive utilisée par les services de sécurité contre les manifestants ». Si ces conditions ne sont pas remplies, le FSN invitera « dans les prochains jours » le peuple égyptien à manifester pacifiquement vendredi prochain pour faire tomber la Constitution » adoptée en décembre dernier par référendum et réclamer « l'organisation d'une élection présidentielle anticipée ».