Des heurts ont éclaté à Alexandrie deuxième ville égyptienne, faisant au moins une cinquantaine de blessés. Les islamistes pros-projet de la Constitution et les opposants se sont échangés des projectiles avant et après la prière du vendredi ce qui a contraint les forces de sécurité d'intervenir en force. Selon des témoins, les deux parties se sont livrées à une véritable bataille devant la mosquée incitant la police à intervenir avec des gaz lacrymogènes. Ces affrontements ne font que rehausser un climat politique déjà très tendu en Egypte, à la veille du deuxième tour du référendum constitutionnel. Les islamistes avaient organisé une grande manifestation devant la principale mosquée d'Alexandrie avant que des heurts n'éclatent avec des dizaines de manifestants de l'opposition. Ces heurts surviennent à la veille de la seconde phase d'un référendum sur un projet de Constitution controversé. Selon d'autres témoins plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées à l'appel de mouvements islamistes devant la mosquée après la grande prière du vendredi. Les partisans de l'opposition quant à eux étaient quelques centaines qui suivaient de près leurs adversaires. La police antiémeute est intervenue en faisant barrage entre les deux camps et en tirant des grenades lacrymogènes dans leur direction. Des violences entre les partisans des deux bords avaient déjà fait plus de 30 blessés vendredi dernier au même endroit, à la suite d'un prêche d'un imam que les partisans du «non» ont jugé hostile à leur égard. Alexandrie a voté samedi dernier pour ce référendum qui est organisé dans des régions différentes à une semaine d'intervalle. Ce projet de Constitution soutenu par des islamistes (Frères musulmans entre autres) a provoqué de nombreuses manifestations, des partisans comme des opposants, à travers le pays au cours des dernières semaines. Le 5 décembre, huit personnes avaient trouvé la mort dans des violences entre manifestants près du palais présidentiel dans la capitale. Après la première manche, le second tour aura lieu aujourd'hui dans 17 gouvernorats, notamment les villes du canal de Suez (Port-Saïd, Ismaïliya, Suez), la cité touristique de Louxor (sud) ou encore Guizeh, qui englobe la périphérie ouest du Caire. Quelque 120 000 soldats ont été mobilisés en renfort de la police pour assurer la sécurité des bureaux de vote. L'opposition estime que ce scrutin est d'ores et déjà entaché de nombreuses fraudes et irrégularités au profit du «oui». Ce référendum se tient également dans un contexte de grave crise économique. Les incertitudes politiques ont déjà provoqué l'ajournement d'une demande de prêt de 4,8 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI), et conduit M. Morsi à geler des hausses de taxes qui auraient pesé sur le climat social. Mohamed El-Baradei, le chef du Front national du salut (FSN), principale coalition de l'opposition, a estimé que «le pays est au bord de la faillite», dans un message vidéo posté sur internet dans la nuit. L'ancien chef de l'agence nucléaire de l'ONU a estimé «qu'une solution est encore possible» dans le cas où M. Morsi accepte un «dialogue sincère» permettant de revoir le projet constitutionnel contesté par la plus grande majorité d'Egyptiens.