Subitement, le discours des Algériens a varié au sujet de leur sélection nationale, l'instant d'un premier tour. L'Algérie présentée naguère comme le plus sérieux concurrent des grosses cotes dans cette compétition, est devenue, après trois matchs, un adversaire ordinaire. Et le coach bosnien, Vahid Halilhodzic, adulé plus que les autres coachs qui se sont succédé à la tête des Verts, passe maintenant pour un coach incapable et limité. Présentée avant la compétition comme le favori de la poule D, que la Côte d'Ivoire a finalement dominé (deux victoires et un match nul), la sélection algérienne n'a pu décrocher que la dernière place du groupe. Comme s'ils égrenaient un chapelet d'arguments pour démonter la réputation des Verts assise avant le début de la CAN, les puristes parlent du «manque de combativité et de l'inefficacité» ainsi que de «l'absence de leader et de joueurs d'expérience». Le but fixé par les Algériens était de terminer parmi le groupe de tête. Pour cela, il fallait des moyens et des joueurs. Pour atteindre son objectif, Vahid Halilhodzic s'est efforcé de former une équipe homogène constituée de joueurs locaux, auxquels sont venus s'ajouter les pros évoluant en Europe. Les professionnels doivent s'harmoniser avec les locaux pour réussir une mission s'annonçant très difficile, d'autant plus que les Algériens viennent d'essuyer deux défaites consécutives face à la Tunisie et au Togo. Même si le sélectionneur algérien a voulu minimiser l'impact de ces défaites, les observateurs présents lors de cette 29e CAN ont constaté des insuffisances dans les trois compartiments et surtout une absence d'entente entre les joueurs. L'Algérie, qui a raté complètement sa CAN, a débuté avec un match très dur face à la Tunisie. De ce mauvais départ, le parcours des Verts dans cette CAN a pris une autre tournure. Autre constat : l'équipe algérienne n'a enregistré en tout et pour tout qu'un petit match nul face à la Côte d'Ivoire de Drogba. Il faudra s'en contenter et tirer les leçons nécessaires. Les Algériens n'ont pas réussi à passer le piège du premier tour, mais ils n'ont surtout pas brillé. Et ce n'est pas avec ce niveau de jeu que l'on pourra faire des miracles. Surtout quand la suite des événements (qualification au mondial-2014 au Brésil) s'annonce autrement plus complexe. Avec un seul point gagné en trois matchs, le bilan comptable des Fennecs a été insuffisant pour passer le premier tour et guère reluisant. Ce total ne reflète que la qualité de jeu de l'équipe qui n'a pas encore atteint son meilleur niveau. «Il ne faut pas demander à la sélection nationale plus que ce qu'elle n'est capable de faire», a plusieurs fois répété le coach Vahid Halilhodzic depuis le début de CAN. «Les joueurs ont été déconcentrés par les arbitres, dont je ne mets pas en doute les compétences et la bonne foi, qui ont privé mes éléments de penalties indiscutables lors des trois matchs.» Une phrase pleine de sens et interprétable à souhait. Pourtant, certains pourraient répliquer à l'entraîneur et demander tout simplement à l'équipe algérienne de donner encore un peu plus, et de faire ce qu'elle est capable de faire. Car, depuis l'entame de cette 29e Coupe d'Afrique des nations, et trois matchs après, les Fennecs ont toujours offert du beau jeu, mais ont cruellement manqué de meneur pour orienter leurs desseins. Quand on a un statut de favori à assumer, on pense plus à être réaliste qu'à faire le spectacle. Pas de quoi pavoiser. La rue l'aura bien compris, en rangeant sa joie et son allégresse après le match nul obtenu de haute lutte face à la Côte d'Ivoire (2-2). Match au sommet du groupe D, qualifié de meilleur match de ce premier tour en jeu et en réalisations entre les deux nations. Match des plus serrés surtout, sans véritable enjeu. A. L.