Les rencontres sur le développement local se sont multipliées ces dernières années, confirmant la volonté des pouvoirs publics d'associer toutes les parties prenantes à la gestion des régions et d'ouvrir les canaux du dialogue afin de mieux planifier les politiques publiques. Les représentants de l'exécutif multiplient ainsi les déplacements afin d'«écouter» les acteurs des régions entre investisseurs, opérateurs économiques, agriculteurs et représentants de la société civile. Après la rencontre qui a été consacrée aux wilayas du sud-est, des ministres du gouvernement se sont déplacés, hier, à Adrar afin d'initier un dialogue avec les acteurs des wilayas du sud-ouest du pays. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a, dès son installation à la tête de l'Exécutif, décidé aussi d'effectuer des visites sur le terrain en se déplaçant notamment à Ouargla et Saïda. Mais, ce nouveau cadre de concertation, conjoncturel, risque de connaître le même sort que les innombrables initiatives déjà lancées, à cet effet. Le Conseil national économique et social (Cnes) a organisé des assises régionales dans le but de formuler des recommandations pouvant concrétiser et refléter les attentes et préoccupations de la population. Ce travail, qui a touché l'ensemble du territoire national, a été sanctionné, d'ailleurs, par une série de recommandations contenues dans une plateforme adressée au président de la République afin d'être intégrée dans le programme de réforme. Le document, fruit d'un travail de plusieurs mois, est axé sur l'«ouverture du champ aux initiatives». Il propose aussi la «clarification de la relation entre les élus et l'administration locale et la société civile», «la mise en place des institutions de développement et d'espaces intermédiaires spécialisés consacrés à l'encadrement des collectivités locales». Sur le plan économique, les attentes des populations sont beaucoup plus nombreuses et pressantes. Outre l'emploi, le Cnes a souhaité l'émergence d'institutions locales de financement, l'amélioration des disponibilités foncières pour l'investissement et l'élargissement du principe de la contractualisation territoriale. En fait, cette décentralisation revient tel un leitmotiv lors des rencontres régionales. La gestion centralisée de certains dossiers et secteurs ne fait que ralentir la bonne marche de certains créneaux d'activités, portant ainsi préjudice au développement des régions. D'où, d'ailleurs, des appels en faveur de la décentralisation administrative et même économique. Une mesure qui donnerait une bouffée d'oxygène aux responsables locaux. Et dans ce sens, le premier magistrat du pays avait proposé, dans le sillage du travail du Cnes, de confier la gestion des affaires des territoires aux élus et à la société civile. Pour revenir aux assises, il y a lieu de s'interroger sur le sort de ce travail, parallèlement à l'action gouvernementale qui s'est focalisée ces derniers mois sur le développement des régions du sud du pays pour des raisons évidentes. Le président du Cnes, Mohamed Seghir Babès, interrogé sur le sort de cette plateforme, la semaine dernière, a nuancé sa réponse. «Les recommandations sont appliquées par le gouvernement, mais sans faire de scénarii», a-t-il déclaré. Pour lui, «le Premier ministre Abedlmalek Sellal a effectué ses premières sorties à Ouargla et Saïda et a rencontré les autorités locales, mais également la société civile, ce qui est déjà en soi une première». «Deux ministres se sont également déplacés à Ghardaïa afin d'ouvrir un dialogue avec les populations», assure-t-il. Donc, pour Babès, les assises nationales organisées l'année dernière ont été fructueuses. Toutefois, l'on s'interroge sur l'objectif des dernières sorties de membres de l'exécutif destinées à ouvrir le canal de la concertation, puisque les attentes des populations sont connues d'avance. Outre la plateforme élaborée par le Cnes, il faut le souligner, beaucoup de travaux se sont focalisés sur les questions locales et particulièrement l'emploi et l'agriculture, préoccupations majeures pour les populations à l'exemple du rapport de l'initiative Nabni, présenté récemment. Un document qui pourrait être, selon ses concepteurs, une référence en la matière. Il est utile de rappeler les orientations du président de la République sur cette problématique. Bouteflika avait préconisé de renforcer la bonne gouvernance et de privilégier l'émergence d'initiatives locales d'auto-développement, basée sur les ressources locales. Ce qui nécessiterait une réforme globale des modes d'organisation et de fonctionnement de la commune, première cellule de l'administration et noyau dur du développement. S. B.